Lorsqu'un gauchiste se retrouve un peu coincé dans une discussion publique - cela arrive fréquemment dans des commentaires sur Internet, lorsque le sujet point un peu trop directement le lien entre une politique de gauche et son résultat catastrophique - l'excuse est alors toute trouvée, un postulat lancé comme un écran de fumée avant de prendre la fuite:
"Cela ne peut pas être la faute de la gauche, parce qu'elle est minoritaire en Suisse."
Et voilà. Rien de ce qui arrive en Suisse de mauvais ne saurait être imputé à la gauche, jamais, car elle ne dispose pas des leviers du pouvoir. CQFD. J'ai même eu droit à des variantes de ce type jusque dans des commentaires ici-même:
Vous parlez des socialistes. Nous ne sommes pas en France. Les socialistes, je le répète n'ont aucun pouvoir au niveau fédéral sauf celui de convaincre. De tout temps ils ont toujours été minoritaire au CF et dans les Chambres. De plus leurs actions est limitée par le vote du peuple.
Je sais, c'est difficile pour vous de comprendre ça. C'est tellement plus simple de définir un ennemi qui portera tous les maux de la terre. Sauf qu'en Suisse, c'est la droite qui est au pouvoir, et avec l'UDC.
Ce n'est pas tant que ce soit difficile à comprendre ; c'est surtout faux.
Le Socialisme, ses variantes et ses amis
D'abord, même une position minoritaire au gouvernement n'est pas synonyme d'impuissance, loin de là. Mme Sommaruga en sait quelque chose, elle qui travaille avec acharnement à importer des hordes de migrants en Suisse. M. Berset se contente quant à lui de bureaucratiser toujours davantage le secteur de la santé.
Tout cela s'inscrit dans la logique helvétique du partage du pouvoir, mais l'influence de la gauche s'exerce bien au-delà. Quelle proportion du Conseil Fédéral et à fortiori du Parlement est pour une diminution du poids de l’État dans la société? Pour une monnaie fiable reposant sur l'or? Pour un contrôle des frontières? Contre la supériorité des juges étrangers sur le droit suisse? Pour le fédéralisme? Sur chacun de ces aspects et de nombreux autres, l'influence des positions socialistes sur l'ensemble de l'échiquier politique est évidente. Elle est d'ailleurs parfaitement perceptible par la bonne entente entretenue par des partis politiques théoriquement concurrents, mais concordants sur la plupart de ces thèmes.
Il existe quelques rares aspects sur lesquels la gauche parlementaire est réellement minoritaire au sein du monde politique, comme une caisse d'assurance-maladie sur le modèle de la sécurité sociale française, mais ils constituent l'exception plutôt que la règle.
La socialisation des esprits
En Suisse comme ailleurs, les socialistes n'ont pas attendu d'accéder au pouvoir pour influer sur la destinée d'un pays. S'ils ne pouvaient tenir les leviers du gouvernement, ils l'obtenaient ailleurs comme une première étape. Syndicats, magistrature, éducation supérieure, furent autant de bastions historiquement infiltrés par le socialisme. Ce n'est pas par hasard.
Les syndicats permettent de canaliser politiquement les revendications des adhérents et de propulser les leaders syndicaux dans une carrière élective. La présence dans la magistrature permet d'influencer le législateur, en particulier en Suisse où il est le fait de politiciens de milice, et d'infiltrer progressivement l'administration, friande de juristes ; et, accessoirement, de différencier les peines infligées selon la proximité idéologique du délinquant (il suffit de voir les verdicts rendus dès que l'extrême-gauche est concernée...) Enfin, l'éducation supérieure est le creuset où se forment les futures élites, qu'on imprégnera abondamment des dogmes tout en canalisant crédits de recherches et attributions de chaires selon leur utilité pour appuyer les positions du parti.
Il existe bien d'autres domaines infiltrés par les socialistes, comme la presse, l'administration fédérale, la culture, mais il serait trop long d'en faire l'inventaire.
Par "infiltré par les socialistes" je n'entends rien d'autre que de pointer que l'idéologie de gauche y est présente sans commune mesure avec les 18% que représentent les Socialistes lors des élections fédérales, ou même les 25-30% de la gauche élargie, même s'ils n'atteignent évidemment pas les 100%. Ces bastions se perpétuent comme animés d'une vie propre et sont, de facto, la principale source des voix socialistes aujourd'hui.
La base du fonctionnement du système est la cooptation entre individus idéologiquement conformes, qui s'exprime ainsi: quelles que soient les qualités professionnelles respectives des candidats lors d'un recrutement, priorité doit être donnée aux socialistes ou apparentés. L'appartenance politique est en quelque sorte un super-critère de sélection qui s'exerce en permanence, pour tous les emplois possibles dans un milieu donné.
Les employeurs libéraux ou sans couleur politique mettent évidemment la compétence au centre du processus et se font de ce fait progressivement évincer, en particulier dans des secteurs d'activité protégés de la concurrence, car d'autres aspects entrent en jeu que la simple efficacité économique.
L'obstacle populaire
Le peuple suisse n'est pas de gauche, et constitue donc le principal rempart contre l'hégémonie socialiste - de là la guerre sans merci que la gauche livre contre le peuple pour l'affaiblir, le diviser et démolir son influence politique au sein des institutions. Pour une liste non-exhaustive des différents moyens mis en œuvre, citons:
- la naturalisation de masse, si possible automatique, pour changer physiquement la composition de la population, dans l'espoir de modifier l'équilibre des forces sur les opinions disputées ;
- le multiculturalisme, détruisant le tissu culturel et civilisationnel historique et soumettant les franges les plus vulnérables de la population à la violence ;
- l'immigration et l'inflation, amenant par un effet d'appauvrissement généralisé la population à se détourner de la sphère politique pour se concentrer sur sa simple survie économique ;
- le détournement de la police de ses fonctions régaliennes de maintien de l'ordre public pour faire la chasse à des fautes administratives (les "crimes sans victimes") ;
- la mise en place progressive d'une éducation visant à fournir à la société des individus inemployables, revendicatifs et dépendants, mais avec une conscience politique "adéquate" ;
- l'affaiblissement de la fonction punitive de la justice, notamment en cas de récidive, en faveur de mesures coûteuses et inefficaces de "réinsertion" ;
- la subordination et l'annulation des décisions du souverain par de vaporeuses références au "droit international" visant à décourager toute initiative politique inappropriée ;
- la délégation maximale de toute forme de décision à des "comités d'expert", et en général tout groupe dont la composition puisse être aisément noyautée et dont les conclusions pourront s'imposer à un ensemble plus grand (Parlement, voire Suisse toute entière).
- le marxisme culturel, visant à imprégner dans les esprits que tous les rapports sociaux sont des rapports de force.
Lorsque tout cela échoue, il reste encore la simple propagande que servent avec un empressement servile des journalistes massivement encartés à gauche.
Voilà pourquoi la définition d'une "majorité" ou d'une "minorité" de gauche au sein de la population n'a, en fin de compte, strictement aucune pertinence, en particulier dans un système politique fractionné comme en Suisse. La gauche a compris que l'important n'était pas de convaincre une population pour laquelle elle n'a d'ailleurs que mépris, mais de tenir les leviers du pouvoir. Elle ne les lâchera pas - ils lui permettent de démultiplier son influence bien au-delà de ses scores électoraux. Si le peuple vote parfois encore à droite, quasiment toutes les décisions sur lesquelles il n'intervient pas directement vont dans l'autre sens.
La conclusion, sans appel, et largement partagée par des observateurs de longue date de la vie politique helvétique: depuis plus de vingt ans, la Suisse est gouvernée au centre-gauche. La trajectoire du pays s'en ressent.
Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 17 août 2016
Merci infiniment, Monsieur Montabert, pour cette analyse absolument pertinente du paysage politique suisse. Cette synthèse brillante est à conserver, à relire et même à apprendre par coeur. Ce dernier point paraîtra exagéré à certains observateurs mais combien de fois, lors de discussions sur la politique, n’avez-vous pas été en panne d’arguments pour contrer l’autre bord, alors que pourtant, la situation vous semble si évidente. La démonstration de Monsieur Montabert, sue et bien comprise, évite de tomber dans les embrouillaminis dont sont friands les socialos pour mieux vous disqualifier et finalement vous clouer le bec.
Le socialisme mondialiste, fait ses réunion à l’ONU, NY, GE on rêve! Le PS serait-il un pays ou est-il l’ordre mondiale. http://www.internationalesocialiste.org/index.cfm
Dire que ces braves gens, pardon camarades en uniforme complet veston, Chanel, Rolex travaillent au bienfait de l’humanité: l’industrie, les trusts sociaux, les guerres libératrises.
Intéressante est la liste des pays où le PS règne, que du beau monde. Un exemple le Venezuela!!!
Une liste sur la corruption manque.
C’est vrai que l’UDC, ne fait pas le poids, on comprend mieux l’arrogance des camarades dirigeants. Les JUSOs ne sont pas encore invité au agapes, cela viens j’en suis sûr.
Le siège UDC de feu Jean-Claude Mermoud au Conseil d’Etat vaudois n’a pas encore été retrouvé. Ainsi, je verrais M. Montabert se présenter aux élections cantonales l’année prochaine. Et même si ce sera difficile pour le CE, cela pourrait être l’occasion de balancer ces arguments en béton à la figure de candidats idéologues de gauche, comme très probablement Géraldine Savary. Même si ces éléments seront déformés par les merdias, Radio-Télévision Stalinienne en tête, cela donnera peut-être à réfléchir aux électeurs indécis.
Excellent article. Dommage que ne soit pas mentionnée notre Pravda Nationale, qui joue un rôle énorme pour inoculer quotidiennement les prises de positions socialistes. La nomination de Cina à sa direction ne présage rien de bon, lui qui a « socialisé » le PDC, bien avant Darbelay.
La gauche n’est pas minoritaire puisqu’elle détient toutes les réseaux médiatiques de la propagande, c’est-à-dire qu’elle pose sa crotte sur ce que doivent penser les citoyens, comme les islamistes imposent la prière du vendredi avec une violence totalitaire. La droite n’est là-dedans qu’à la remorque. D’un côté la gauche vide les caisses et fait des cadeaux sans en avoir les moyens et de l’autre la droite suit le mouvement des démogo-populistes de gauche. La droite est totalement émasculées. Non seulement elle est majoritaire dans les financements publicitaires des média, mais ces dernier passent leur temps à lui cracher dessus. Une droite totalement masochiste qui n’est que l’illusion d’un pouvoir en réalité partagé sous la table avec les franc-maçonneries et ses équivalents qui façonnent un totalitarisme style Umps, Lrps. Concrètement la droite PDC-PLR trahit et ne fait que soutenir ses propres activités économiques sans se rendre compte qu’elles ne pourront plus être viables à long terme. Une fuite en avant qui ne vise qu’à vite tirer sur ce qui reste encore viable jusqu’à l’étranglement généralisé.
Effectivement, je veux aussi me joindre à d’autres pour remercier l’auteur de cet article remarquablement succint, précis et intelligent. Dans la foulée, je voudrais encourager tous les lecteurs anglophones de lire le dernier discours de Donald Trump à Charlotte, North Carolina, pas plus tard que hier, le 18 Août 2016. Tout un programme d’intelligence, curieux qu’aucun de nos médias si rapides à démolir D. Trump n’ont encore rien dit:
Donc bonne lecture: http://www.infowars.com/must-watch-donald-trump-delivers-the-best-speech-of-his-life/
@ Stevan Miljevic
” On a une droite qui est incapable de réfléchir autrement qu’en termes économiques. En agissant de la sorte, elle a toujours laissé la gauche prendre les commandes des lieux où se façonnent les esprits.”
Bien vu !
Il y a quelques années en arrière, alors que je reprochais à une animatrice de débats à notre TSR , le fait qu’elle et l’ensemble de nos médias -presse , TV, radio -étaient trop à gauche, cette animatrice me rétorqua que notre pays étant à majorité à droite, les médias se devaient d’organiser un contre-pouvoir.
Je ne suis pas sûre que si l’inverse se produisait , le contre-pouvoir des maîtres à penser virerait à droite !!
En France, eva joly a eu 2, 31% des voix aux dernières présidentielle. Le Fn A eu 20% et est représenté par seulement 2 députés à l’assemblée nationale. Aujourd’hui, deux ” vert” sont ministres : un énergumène arriviste et une activiste gauchiste issue du milieu gay-pride… Tous ces gens n’ont rien à voir avec l’écologie et tout à voir avec la destruction de notre modèle social et la création d’impôts sans fin. De plus, cela ne dérange personne que mme joly soit rémunérée par le gouvernement norvégien ( documents disponibles sur le site du gvt, dans les déclarations patrimoines)
Bref, les étiquettes des partis, en France, ne veulent rien dire. Nous avons affaire à une bande de mafieux multi-partis qui sont avides de pouvoir. Attention donc, aux brebis galeuses.
La droite est responsable d’une bonne partie de ce désastre pour la simple et bonne raison qu’elle est suffisamment stupide pour penser que de tenir les leviers de l’économie est primordial. On a une droite qui est incapable de réfléchir autrement qu’en termes économiques. En agissant de la sorte, elle a toujours laissé la gauche prendre les commandes des lieux où se façonnent les esprits. Or, ce sont les esprits qui façonnent l’économie (notamment mais pas uniquement…) et non l’inverse comme a pu le prétendre Marx…
Merci Monsieur Montabert.
Oui John, il est une plus-value qui bénéficie à la Suisse dans sa lutte contre cette infection à germes opportunistes.
Didier Burkhalter est-il un politicien de droite? Certainement pas. On voit ainsi que tout l’échiquier politique a glissé de gauche à droite. La France est un bon exemple, LR applique une politique de gauche, malgré quelques cerbères aux déclarations tonitruantes servant de voitures-balais pour les électeurs. Et Merkel? Elle applique en matière d’immigration une politique gauchiste, brûlée par l’idéologie de gauche. Merkel c’est Amnesty au pouvoir…Amnesty, justement, ONG étrangère qu’on nous présente dans les merdias comme la conscience suprême, on croirait presque à une officine de l’ONU! Alors qu’Amnesty est le contraire de la démocratie, succursale de la CIA, ne représentant que ses membres et ses financiers (je n’ai pas dit donateurs-membres).
Cet article est absolument brillant, et percutant.
J’ai lu très peu d’analyses politiques aussi impressionnantes et aussi parfaitement lucides dans toute ma, déjà relativement longue, vie. Vraiment bravo! Chapeau!
La seule chose que vous avez oubliée de mentionner, M. Montabert, c’est le sale rôle du PDC, qui en principe se dit de droite, qui draine un électorat de droite, mais qui au parlement apporte le plus souvent ses voix à la gauche, et fait basculer, chaque fois qu’il le peut, la majorité du côté de la gauche. On aimerait espérer que cela puisse s’améliorer un peu depuis que le centre a perdu des plumes aux dernières élections fédérales et qu’il devient plus difficile de trouver une majorité de centre gauche. Et on nous dit que le nouveau président du PDC Gerhard Pfister est un “vrai conservateur”. Il est mieux que Darbellay, ça paraît évident. Et je dirais, ce n’est pas difficile. Mais le pli est pris, jamais le PDC ne jouera le jeu de l’union des droites.
Et d’ailleurs là dessus, en particulier sur le parti pris des partis bouregois pour la gauche, M. Montabert, pour aller tout à fait au fond des choses, vous devriez aussi mentionner l’influence omniprésente d’une certaine association philosophique et philanthropique dont la devise en politique est “pas d’ennemi à gauche”. Cela pèse peut-être plus lourd que le marxisme culturel quand on pense que tant Levrat que Sommaruga (Carlo), Neyrinck et beaucoup d’autres dans les partis bourgeois en font partie. Et que les medias, bien entendu, sauf peut-être la Weltwoche et encore, sont contrôlés par cette confrérie.
M. Montabert est, je crois, français d’origine, naturalisé suisse et engagé dans l’UDC. Voilà pour une bonne fois une bonne décision de naturalisation, qui compense un peu les erreurs funestes qu’ont été celles des Jacques Neyrinck, Communauté-des-états-socialistes-latino-américains (Cesla, hé oui, c’est son vrai nom!) Amarelle, Ada Marra, et j’en passe.