Panama Papers, pourquoi et comment

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

"Tous les commentaires sur les Panama Papers publiés avant de savoir qui est derrière ces informations n'ont que peu d'importance. Quelqu'un manipule des journalistes. Qui et pourquoi, dans quel intérêt ?" demande un commentateur soupçonneux.

Nous avons désormais les réponses à ces questions.

Les vraies-fausses théories du complot

La fuite des Panama Papers avait à peine reçu son nom que déjà des affrontements avaient lieu sur Internet pour faire porter le chapeau à tel ou tel protagoniste du grand jeu géopolitique.

chapeau_panama.jpg
Panama, le chapeau.

Certains pointèrent donc du doigt la CIA, d'autres Poutine, Israël, George Soros, et probablement une demi-douzaine d'autres commanditaires possibles, bien entendu sans la moindre preuve. Ne restaient que des justifications de "plausibilité" derrière chaque accusation.

Il est clair que de nombreux groupes auraient eu leurs raisons de faire jaillir le scandale des Panama Papers, soit comme une démonstration de force de la supériorité de leur services de renseignement (nous y reviendrons) soit pour semer le trouble dans le camp supposé "adverse", sachant que le scandale ratisse tout de même assez large.

Le site Slate.fr se donna la peine dans un article de relever les théories les plus saillantes du moment, mais aussi d'éclairer un aspect dérangeant du dossier, le petit nombre de clients américains repérés dans la fuite, principal argument invoqué par ceux qui impliquent la responsabilité des services secrets de l'Oncle Sam.

Puisque nous parlons de plausibilité, la relative absence de clients américains de Mossack Fonseca s'explique fort simplement par l'histoire des relations houleuses entre les deux pays:

Ni la dictature militaire qui sévit dans le pays jusqu’à 1989, ni son invasion par l’armée américaine à partir de cette date ne faisaient du Panama un environnement de confidentialité et de bienveillance pour de potentiels évadés fiscaux américains... Plus tard, un accord commercial passé en 2010 entre les deux pays a réduit à néant les possibilités pour les contribuables nord-américains de cacher de l’argent au Panama en toute sécurité. Une clause de l’accord prévoyait un échange bilatéral de toutes les informations détenues par les banques et autres institutions financières sur les citoyens des deux pays.

Le Panama était un paradis fiscal pour le monde entier, sauf les Américains. Rien d'étonnant alors à ce que la fuite de données d'un gros cabinet d'avocat du pays n'en contienne qu'une poignée. Comme pour le reste des noms cités, on ne sait d'ailleurs pas si quoi que ce soit d'illégal a été commis.

Mais évidemment, savoir que les Etats-Unis ne sont pas concernés ne fera que confirmer les soupçons de ceux qui y voient leur main dans cette fuite, puisqu'ils n'auraient "rien à y perdre". Pourquoi ces gens pensent que les services secrets américains chercheraient à épargner leurs propres ressortissants coupables d'évasion fiscale, mystère!

Mais pour y voir plus clair, passons donc aux méthodes employées pour piller les données...

Services secrets ou amateurisme total?

Dans mon précédent billet sur le thème, je pointais du doigt la "vulnérabilité" à long terme d'une stratégie de secret des affaires face à une informatisation toujours plus poussée.

Je pêchais par excès d'optimisme.

Il semble que le cabinet Mossack Fonseca se soit rendu coupable d'une incompétence sans limite en matière de sécurité informatique. Le site reflets.info parle d'une "incroyable bourde" mais les journalistes font œuvre de charité en employant ce terme. A ce qu'il semble, toutes les données de Mossack Fonseca étaient disponibles sur Internet à travers des sites web mal configurés, mal sécurisés, voire pas sécurisés du tout!

Un exemple valant des milliers de mots, voilà un fichier de configuration de Mossack Fonseca permettant d'accéder à une base de données du cabinet d'avocat:

mossack_fonseca_security.png

Même sans travailler dans le domaine de la sécurité informatique, il semblera relativement évident à tout internaute qu'utiliser le même nom pour l'utilisateur, le mot de passe et la base de données à laquelle il est sensé se connecter, le tout visible sur Internet, ne pouvait conduire qu'à la catastrophe. Si vous vous connectez sur le site du Crédit Suisse avec le nom d'utilisateur "CreditSuisse" et le mot de passe "CreditSuisse", ne venez pas jouer les surpris si vous découvrez un matin que votre compte a été vidé.

Il faut également rappeler que ces découvertes faites par des internautes curieux ont été faites après la révélation des Panama Papers. Les serveurs web de Mossack Fonseca, et à vrai dire toute leur infrastructure informatique, semblent toujours aussi mal sécurisés une semaine après les faits.

"N'attribuez pas à la malice ce qui s'explique amplement par la stupidité", dit l'adage, et nous en avons un nouvel exemple. Pas besoin d'imaginer l'implication de services secrets exotiques pour piller des données tellement mal protégées que virtuellement n'importe qui pouvait y avoir accès. Même pas besoin d'un espion dans les murs!

La fuite aurait pu avoir lieu n'importe quand - certains logiciels n'étaient plus mis à jour depuis trois ans. Le plus long pour le "lanceur d'alerte" aura sans doute été de pomper toutes ces données pour les copier sur un autre support. On comprend d'autant mieux qu'il n'ait pas souhaité de rétribution pour son "acte courageux": il n'avait aucun mérite. Il n'a non seulement pris aucun risque, mais le premier informaticien venu aurait probablement été en mesure de faire pareil.

A ce stade, on peut même débattre du statut juridique de données volées pour les Panama Papers.

Quand l'intendance ne suit pas

Les Panama Papers jettent une lumière crue sur le niveau de compétence informatique de certaines entreprises qui ont pignon sur rue. Même les règles les plus basiques de la sécurité sont absentes, et il faudrait être bien naïf pour penser que Mossack Fonseca est l'exception qui confirme la règle.

La situation prêterait à sourire si elle ne concernait pas les données privées de milliers de personnes et jusqu'à la réputation de secret des affaires qu'essaye de se donner le Panama. Les lois sur les trusts et la coopération financière ne valent pas un clou sans sécurité informatique.

La force d'une chaîne se mesure à son maillon le plus faible, ici, le site web d'un cabinet d'avocat panaméen. Cela relativise grandement les efforts de sécurisation entrepris par les banques. Sans même parler du fond, tout le concept de sécurité informatique est à revoir.

Il n'y a probablement pas plus de complot que de services secrets derrière les Panama Papers - il n'y en a pas besoin. Juste de l'incompétence. Beaucoup d'incompétence. Pas certain malheureusement que cela suffise à étancher la soif de complot d'une partie du public ; la vérité est parfois tellement médiocre qu'il vaut mieux rêver de romans d'espionnage.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 11 avril 2016

3 commentaires

  1. Posté par Tonton le

    Ce texte est largement dépassé, selon ce que j’ai pu lire.
    1. Aucune garantie n’existe en matière de sécurité sur internet. Donc l’accès aux données peut très bien être dû à des manipulation de pirates. J’ai même pu y accéder partiellement il y a 3 ans. Il s’agit donc d’une évolution dans le démontage des sécurités.
    2. La Cia est mise en cause et c’est Mossack (Moïse-Issack) qui a été décrit initialement comme un agent de la Cia avant la constitution de ce cabinet. On peut bien supposer que cette officine a d’entrée été un gigantesque piège pour faire chanter des centaines des milliers de personnes au gré de intérêts de la Cia et lui assurer un budget occulte conséquent. Et croyez moi, dans les malfaisant qui nous rackettent les avocats et les voyous de l’immobilier sont fort fort bien représentés. Reste à savoir si au C.F. il y a quelques victimes, tant leur comportement est anti-Suisse.
    3. Je suis curieux de voir que le WWF et la Croix-Rouge bénéficient d’une totale absolution des politiques et surtout des médias. C’est pourtant des ilots de fric autrement plus importants que de simple particuliers. Et leurs actions à travers leur personnel tout comme pour les journalistes, peut très bien convenir à l’exercice du métier d’espion. Ceux qui signent avec la Croix-Rouge s’engagent à toute discrétion, ce qui peut couvrir beaucoup de choses, même pas très reluisantes. La case bonne conscience fait tout ses effets! Au point qu’ils n’hésitent pas à nous pomper du fric grâce à la bienveillance politicienne tout en nous donnant des ordres, ces malfaisants ! Il s’agit là d’entités qui sont particulièrement néfastes pour ne pas être triturées par les mondialistes. Il est vrai que si la Croix-Rouge et le WWF trempent dans des affaires louches c’est tout l’édifice bonne conscience qui s’écroule. Donc finit les versements des gogos anesthésiés. C’est comme pour Madoff, depuis une dizaines d’années les plaintes s’accumulaient, parce que l’intouchable servait aussi les intérêts d’associations israélites. Pour preuves, ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour l’éjecter “religieusement”.
    4. Pas de complots……………………………………………………………………………………………??????

  2. Posté par Myrisa Jones le

    L’émission 26mm à l’honneur sur Réseau Internationa

    La fin du système n’est pas pour demain : Rien n’est plus rentable que la misère humaine
    Rien ni personne ne pourra changer les choses.

    Que vous soyez dans la rue, que vous soyez travailleur assidu payant votre loyer, vos assurances et vos impôts, que vous soyez intègre ou non, seule une bombe thermo-nucléaire sera à même de balayer un système cupide figé dans le conscient et l’inconscient collectif.

    Pour les plus riches d’entre nous, le fameux 1% aucun intérêt que cela ne change car il est le système, le haut de la pyramide.

    Pour les autres, le peuple, les moutons, nous sommes interdépendants de ce qui nous pourrit la vie et sommes tous liés aux mêmes rêves de bonne fortune pour que notre quotidien devienne une idylle matérialiste nous mettant à l’abri du besoin que seule la mort ne saurait nous reprendre.

    L’argent nous asservit depuis des millénaires alors qu’il aurait du nous servir pour le bien de l’humanité.

    Je vous propose une petite vidéo de 4 minutes qui avec un zeste d’humour vous laissera pantois tant la chose est criarde en réalisme.

    Cette vidéo a été réalisée par une équipe de la RTS dans le cadre de l’émission 26 minutes relatant le fameux Panama Papers.

    http://reseauinternational.net/la-fin-du-systeme-nest-pas-pour-demain-rien-nest-plus-rentable-que-la-misere-humaine/

Et vous, qu'en pensez vous ?

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