Günter Schabowski avait annoncé que les Allemands de l'Est pouvaient se rendre à Berlin-Ouest librement, alors que rien n'était encore officiel. A l'origine de la « chute » du mur de Berlin, mur érigé par les communistes en 1961, Schabowski est décédé. Le responsable est-allemand -- qui a annoncé prématurément la « chute » du mur du Berlin, le 9 novembre 1989, Günter Schabowski -- est décédé dimanche 1er novembre 2015, à l'âge de 86 ans. L'ancien porte-parole du comité central du SED, le parti communiste dirigeant la RDA à l'époque, s'est éteint dans la capitale réunifiée de l'Allemagne, a annoncé sa veuve, à la Deutsche Presse Agentur. Le 9 novembre 1989, le secrétaire général du SED Egon Krenz (Erich Honecker s’était fait viré) avait informé les principaux dirigeants du régime qu'une nouvelle législation sur les voyages des Allemands de l'Est vient d'être adoptée, après des mois de protestations de masse et un exode croissant vers l'Ouest via la Hongrie.
A 18 heures, Günter Schabowski présente devant la presse internationale les dernières décisions du régime. Schabowski lit à voix haute un document annonçant que des visas pour voyager ou émigrer à l'étranger seront délivrés sans condition préalable. « A partir de quand ? », demande un journaliste. Schabowski hésite puis improvise : « autant que je sache... tout de suite, immédiatement » (en réalité, l’autorisation de passer à l’Ouest entrait en vigueur le lendemain à 08h00). Plusieurs correspondants de presse bondissent hors de la salle et l'information crépite sur les fils des agences : « Les Allemands de l'Est peuvent se rendre à l'étranger dès maintenant ». A Berlin-Est, la foule commence à se rassembler devant le point de passage de la Bornholmer Strasse, qui relie Berlin-Est à Berlin-Ouest. Sans ordre concret ni consigne, mais sous la pression de la foule, le point de passage berlinois de la Waltersdorfer Chaussee est ouvert dès 20h30.
Et le point de passage berlinois de la Bornholmer Strasse, plus célèbre bien qu’il soit, non pas le premier, mais le deuxième point de passage ouvert, peu après 23h00, suivi d’autres points de passage tant à Berlin qu’à la frontière avec la RFA. Pour mémoire, les gardes-frontières, désorientés, ne savaient pas s'ils devaient les laisser passer. A 22h42, la télévision publique d’Allemagne de l'Ouest, captée à Berlin-Est, annonce : « Ce 9 novembre est un jour historique. Les portes du Mur sont grandes ouvertes ». La foule se précipite vers Berlin-Ouest. Allemands de l'Est et de l'Ouest tombent dans les bras des uns des autres. Beaucoup assistent, en direct, à la télévision, à cette nuit du 9 novembre et se mettent en chemin. Rappelons que Berlin-Ouest était emmurée, entourée d’un mur, qui la séparait, d’une part, de Berlin-Est, et d’autre part, de l’ensemble de la RDA.
Berlin-Ouest était donc - beaucoup l’oublient - à l’est du Rideau de Fer, au cœur de l’Allemagne de l’Est et donc en Europe de l’Est. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, Berlin-Ouest a cessé d’être « l’île emmurée » (die vermauerte Insel) qu’elle était depuis 1961. Le 9 novembre 2014, 25 ans après, nous avions célébré la « chute » du Mur de Berlin. En réalité, les Allemands de l’Est, le 9 novembre 1989, n’ont pas « fait le Mur » et n’ont pas non plus « fait tomber » le Mur. Ils sont entrés dans Berlin-Ouest par les points de passage. Plus tard, le Mur a, non pas chuté, mais, il a été démoli. C’est pourquoi, le 9 novembre 2014, nous avions aussi célébré la fin de Berlin-Ouest en tant « qu’l’île emmurée ». Car cette nuit de novembre 1989, les Berlinois de l’Ouest n’étaient plus enclavés du mauvais côté du Rideau de Fer, à la merci d’une éventuelle offensive soviétique. Günter Schabowski est décédé le dimanche 1er novembre 2015. Le souvenir de cette nuit du 9 novembre 1989 à Berlin, ce souvenir, lui, ne mourra jamais.
A propos de souvenir, en février 1980, j’étais à Berlin Ouest. Comme beaucoup d’Européen de l’Ouest séjournant à Berlin Ouest, je suis passé à l’Est pour quelques heures. Comme beaucoup d’Européen de l’Ouest séjournant à Berlin Ouest, j’ai franchi le Check point Charlie. J’avais 23 ans. Je sortais à peine du gauchisme. J’étais anticommuniste de fraîche date. Au check point Charlie, je me suis énervé avec un fonctionnaire est-allemand. J’ai voulu rebrousser chemin. Un Vopo a chargé son AK47 et m’a crié « Halt ! ». J’ai continué à rebrousser chemin et le Vopo m’a crié « Zurück ! ». Je l’ai regardé et j’ai constaté que ce grand crétin pointait son purée d’AK47 vers moi. L’ami qui m’accompagnait m’a crié « Reviens ! ». Et c’est dans cette atmosphère - j’étais déjà invivable à l’époque - que je suis « passé à l’Est ».
A Berlin Est, mon ami et moi avons voulu nous approcher du seul bâtiment qui n’avait pas l’air d’une caserne, à savoir l’ambassade soviétique, un vrai palais restauré. Une ligne blanche, à 50 mètres de l’ambassade, indiquait qu’il fallait s’arrêter. Mon ami s’arrêta. Je décidais de franchir la ligne blanche pour admirer le bâtiment de plus prêt. Mon ami me cria « Ne fais pas ça ! ». Une voiture de police – sortie de je ne sais où – fonça sur moi et je fus amendé. En Deutschmark de l’Ouest. Avec mon ami, je me suis rendu au Palast der Republik, car c’était le seul endroit où, paraît-il, les visiteurs de l’Ouest trouvaient un restaurant pour manger comme il faut.
Une femme sévère et austère en uniforme nous soumis la carte. Puis elle nous avoua qu’il n’y avait rien sauf le menu. Nous avons mangé l’infect menu pour un prix exorbitant. Près de nous, des officiers de l’armée populaire de RDA festoyaient. J’avais envie de leur balancer mon satané ragoût trop cuit à la figure. Nous sommes retournés à l’Ouest. Le soir tard, en voiture, sous la neige, nous avons longé le Mur côté Ouest. De notre côté la ville était illuminée. De l’autre côté du Mur, seuls les miradors étaient illuminés. Il neigeait. Côté est, les ténèbres de l’empire du goulag. Côté ouest, ville-lumière et musique émanent des centaines de « Kneipen » (bars, brasseries, pubs).
Une partie de ma famille maternelle s’est retrouvée à Zwickau, en RDA, lors de la construction du Mur en 1961. Je n’ai jamais vu mes cousins de l’Est. J’ignore où ils vivent. Et eux ignorent où je vis. Peut-être, un jour, je ferai des recherches sur Internet pour tenter de les retrouver. Pour leur dire que je suis né libre à l’Ouest. Et que je ne suis pas certain de mourir libre à l’Ouest, vu qu’ici, le pouvoir dominant, ce sont les eurocrates soviétiques de Bruxelles, qu’ils veulent tout engloutir, même la Suisse, mon pays et qu’en plus, ils ont déplacé le Mur de Berlin à la frontière russe.
Michel Garroté, 2 novembre 2015
Sur l’île de Rügen, il y a le plus long bâtiment du monde. C’est Prora, une suite d’immeubles d’appartements de vacances pour 8000 personnes construits par les nationaux-socialistes, puis fermés par les dirigeants communistes de la RDA, qui y ont stationné leur armée, pour l’entraîner à la guerre contre les pays non socialistes (l’île de Rügen était interdite aux étrangers sous la RDA). Un musée privé très intéressant montre l’histoire de Prora tant sous les nationaux-socialistes que sous les communistes de la RDA. Mais il va être délogé, car l’Union européeene a ouvert un autre musée concurrent, qui ne fait que de la propagande anti-nationale-socialiste. En effet, critiquer le socialisme internationaliste, aussi appelé communisme, est tabou pour l’UERSS de Bruxelles.
beau témoignage
j’aime la conclusion…….
Merci pour ce témoignage qui m’a ému.