Une majorité de musulmans cherche le juste milieu entre appartenance citoyenne et appartenance à l’islam, même s’il faut pour cela faire des concessions.
A la fois citoyens et musulmans, ils considèrent caduque la dichotomie entre sphère publique et sphère privée : ils sont musulmans dedans et dehors, de la même manière qu’ils sont citoyens à l’intérieur et à l’extérieur. Loin d’opposer l’islam à leur citoyenneté, ils s’en servent pour mieux investir le champ politique. On l’a vu récemment avec la question du « mariage pour tous » : c’est bien en tant que musulmans et citoyens qu’ils se sont opposés à ce projet de loi et qu’ils sont, pour une part, descendus dans la rue.
Ces musulmans ont conscience de leur double héritage, et font en sorte de garder un lien minimal avec le pays d’origine. Dans cette optique, la maison est le lieu privilégié de transmission de la culture et du dialecte. Toutefois, par le biais des enfants, la langue de Molière s’impose et continue de s’imposer.
Ce sont des musulmans pratiquants, qui observent le dogme avec scrupule. Ils entretiennent des liens avec, non le pays, mais la culture d’origine, sans pour autant se voiler la face : ils ne sont ni Algériens ni Marocains ni Tunisiens. Ils n’envisagent guère leur avenir ailleurs qu’en France. Jamais, pour eux, il n’a été question de « retour au pays ». D’ailleurs, il est difficile de retourner dans son pays quand on y est déjà depuis sa naissance. S’ils ne se l’avouent pas encore, ils ont dépassé le statut de citoyens, pour atteindre celui de patriotes.
Il y a aussi les « invisibles », ces musulmans pour qui l’appartenance à la nation supplante toutes les autres, y compris la Oumma. Ils ne se sentent pas de solidarité particulière avec le pays d’origine ; d’ailleurs, toute la famille a émigré en France. Pour eux, l’accession à la propriété est assimilatrice. En s’installant dans des quartiers à mixité sociale, ils sont entrés en contact avec des Français de longue date (par opposition à Français récents) et se sont efforcés de leur ressembler. Dans ces familles musulmanes surintégrées, il n’est pas rare que les enfants boivent de l’alcool, fument et mangent non halal. On a un rapport à la religion qui est plus culturel que cultuel. On s’autorise, par exemple, à fêter la naissance du Christ. Ainsi, plus les générations passent, moins l’attachement à la religion et à la culture d’origine est fort.
Il y a une séparation claire, pour eux, entre sphère privée et publique : ils sont musulmans au foyer, citoyens dehors. Ils n’affichent pas leur islam dans la Cité, et ne font pas de leur croyance un moteur citoyen. Ils cherchent au contraire à se fondre dans la masse.
Ce sont des musulmans qu’on pourrait dire « enracinés ». Ils ne se posent pas la question de savoir s’ils sont Français ; ils le sont, c’est une évidence. Ils ne se voient pas vivre ailleurs. Leur histoire est ici ; leur destin également. Même s’ils ne sont pas français « de souche », s’ils ne plongent pas leurs racines loin dans le sol français.
Les « néo-communautaires » se distinguent des autres par un retrait vis-à-vis de la Cité. Français, musulmans, citoyens, ils ne reconnaissent qu’une seule appartenance, l’appartenance spirituelle à la Oumma. En effet, ils sont étrangers aux affaires du pays : ils ne votent pas, et, lorsqu’ils se déplacent, c’est pour « faire barrage au Front », signe de leur immaturité politique. Ils ne se sentent pas représentés ; ils ne se sentent pas partie intégrante de la nation. Ils seraient en outre victimes de racisme. Exclus du marché du travail, exclus de la société : « Ils s’excluent d’eux-mêmes de ce dont ils se sentent exclus. »
Ni Français, ni Maghrébins, ils comblent le vide identitaire par l’appartenance religieuse, qui, elle, ne connait pas la frontière. Les « néo-communautaires », loin de s’identifier à la France, la rejettent. Ils sont nés ici comme ils auraient pu naître ailleurs. Ils ne partagent pas une communauté de destin avec le reste du peuple. Ils entretiennent toutefois un lien avec le pays d’origine, même si celui-ci est plus fantasmé qu’autre chose. Il s’agit d’un pays de cœur, non d’une patrie. Le seul endroit où ils se sentent chez eux, c’est celui, transnational, de la Oumma, et l’autre, local, de la mosquée.
Les « néo-communautaires » ne voient pas l’intérêt d’une séparation entre sphères privée et publique. Leur islam est un et indivisible ; nul ne peut s’interposer entre l’individu et son Créateur. Ils sont musulmans dedans et dehors ; avec eux, aucune concession n’est possible. Leur islam peut être qualifié d’intégral : c’est plus qu’une religion, c’est un mode de vie à part entière. Ils sont favorables au modèle anglo-saxon de communautés ethnico-religieuses vivant chacune dans son coin, à l’opposé de l’acculturation à la française.
Encore un mot, un message aux musulmans de France : plus vous continuerez à vous considérer Algériens, Marocains ou Tunisiens, plus vous vous éloignerez de la vérité. J’ai envie de dire de l’évidence : vous êtes Français.
Yacine Zerkoun
Repris de http://www.bvoltaire.fr
Très bien vu Monsieur Decaillet. J’ai lu le Coran -ce qui n’est pas une sinécure !- Absolument d’accord avec votre analyse.C’est exactement ça! Merci de votre courageuse franchise car par les temps qui courent , les bûchers sont vite dressés pour ceux qui osent dire que l’eau mouille !
Portrait robot des musulmans en France:
L’Islam modéré c’est quoi? Un Islam qui n’est pas tout à fait l’Islam mais qui on l’espère le sera encore moins demain. Oui, il y a beaucoup de musulmans en France qui, pour parodier Montaigne, sont nés musulmans comme ils sont nés parisiens. Par hasard et qui le restent par tradition. Un peu comme ces chrétiens dits “non-pratiquants” qui vont manger chez leur belle-mère pour Pâques et pou Noël. Des “chrétiens modérés?”. Ce ne peut être que cela l’Islam modéré. Autrement, l’Islam, le vrai, c’est le dogme sans concessions et sans possibilité de concession. Le vrai musulman c’est le croyant qui applique l’Islam tel que l’enseigne le Coran. Un point c’est tout. Ce n’est pas une foi, c’est “un monde de vie”. C’est la charia. C’est l’impossibilité de séparer la vie de citoyen ou la vie de la cité, donc de la politique, d’avec la vie religieuse. C’est le respect des règles du Coran. Il ne peut y avoir de véritable exégèse scientifique du Coran qui puisse être accepté par l’Islam.
Pour le reste, un “vrai islam modéré”, un islam soft, c’est simplement de la désinformation.
Si vous ne me croyez pas alors lisez le Coran.
Je pense que “les observateurs” oublie en route son “.CH”. Parlons des succès de la Suisse et de ses problèmes plutôt que toute ces “références” française qui auraient leurs places dans par exemple dans « lesobservateurs.fr ».
La RTS a invité le 5 mars dans “L’invité de la rédaction” de nouveau un hôte illustre, Jacques Lévy, géographe français, professeur à l’EPFL. Déjà que le journaliste nous parle des 23 cantons Suisse, si c’est nouveau cela vient de sortir. Le Professeur de géographie ne l’a pas corrigé, lui il nous parle du Grand Genèèèèève ou il imagine mettre un “Gouvernement Métropolitaine”!!! Il n’a encore rien compris de la Suisse ce brave homme! Le succès de la Suisse c’est la démocratie de la commune à la confédération, pas de métropole, pleine de fonctionnaires aussi grassement payé qu’inutile. Bien sûr que nous avons encore du pain sur la planche, nous y travaillons, le peuple y veille!
Notre tissu économique se compose de plus de 98% de petites industries qui souvent chacune dans leur coins développent leur savoir-faire, se mettent ensemble pour gagner des clients dans monde entier! J’ai rencontré dernièrement un petit installateur électricien de Nidwald qui par son know-how dans le câblage de haute sécurité a fait certains travaux sur un B-747 d’un sheikh Saoudien! Un autre exemple positif, le retrait de l’industrie horlogère d’Economie Suisse, Bravo Nick Hayek et encore une fois bravo pour le rapport annuel en Schweizer-Deutsch! Génial.
Par pitié pas de méga-métropoles, pas de ça chez nous.