Au cours du débat qui a opposé les candidats démocrates, la semaine dernière aux Etats-Unis, Clinton a déclaré :
« Quelquefois, le Capitalisme doit être sauvé de lui-même, c'est notre tâche que de limiter les excès du capitalisme, de telle façon que tout ne se détraque pas et qu'il ne cause pas le genre d'inégalités que nous voyons maintenant dans notre système économique ».
“Sometimes Capitalism must be saved from itself” and “It’s our job to rein in the excesses of capitalism so that it doesn’t run amok and doesn’t cause the kind of inequities that were seeing in our economic system.”
Nous sommes au cœur du sujet, au cœur de la problématique de notre époque. Les dirigistes, les étatistes, les constructivistes, les socialistes, n'ont cessé de perturber le fonctionnement du capitalisme. Ils l'ont fait par le mensonge institutionnel qui a consisté à dépenser plus qu'ils n'osaient prélever fiscalement. Un mensonge institutionnel qui consiste à faire croire que l'on peut donner aux uns sans prendre aux autres ; qui consiste à faire comme si l'argent tombait du ciel grâce à l'endettement. Tous ces gens malhonnêtes ont voulu acheter les voix de leurs clients naturels et, en même temps, ne pas se priver de celles des classes moyennes, des voix de ceux qui sont indécis et que l'on appelle le marais. D'où le subterfuge. On distribue bien à ses clients, mais on ne prend pas à ceux qui font l'appoint pour constituer la majorité qui donne le pouvoir. On achète en quelque sorte le droit de gouverner par le crédit.
L'ennui est que le crédit se capitalise, la dette s'auto-accumule par le jeu des intérêts composés et, peu à peu, le système se bloque, il croule sous le fardeau du stock de dettes, de la charge de l'intérêt. Les travailleurs qui devaient être les bénéficiaires de ce système fondé sur la dette et le report des charges sur le futur, les travailleurs commencent à subir les prélèvements destinés à assurer la viabilité/solvabilité du système. Ils subissent non seulement le prélèvement du capital, mais celui de l'Etat. Et celui de l'Etat finit par être tellement lourd qu'il dépasse celui du capital. Le système se déséquilibre, son harmonie est rompue, les revenus des travailleurs deviennent insuffisants pour faire tourner la machine économique, les profits deviennent insuffisants pour investir dans les équipements neufs et mettre les hommes au travail. Le système se bloque, il s'asphyxie, c'est ce que nous voyons, ce que nous constatons, ce dont nous souffrons.
Pour repousser les limites de ce système, les banquiers ont une solution. Il faut faire de l'inflation de crédit, créer toujours plus de dettes et, pour que cette dette soit supportable, il faut supprimer la rémunération qui devrait normalement revenir à l'épargne, d'où les taux zéro, d'où la suppression de la rémunération de la prévoyance. Pas la suppression de la rémunération des banquiers bien sûr. Eux sont prioritaires, c'est le jeu de l'usure. C'est ce que l'on fait depuis 2008 de façon accélérée, mais en fait, on a commencé vers la fin des années 80.
Ce système n'est pas le capitalisme, mais sa perversion socialiste, dirigiste, malhonnête. Le capitalisme a structurellement à voir avec la bonne gestion, comme on la pratique dans les bonnes entreprises. On ne dépense pas plus que l'on a, ou pas plus que l'on ne prévoit d’avoir. Le capitalisme a à voir avec les limites à la gabegie, limites aux promesses et limites aux repas et rasages gratuits. Dans le capitalisme, il y a la notion de rareté qui est omniprésente. Le capitalisme se coltine la rareté du monde réel, de façon saine, par le travail, l'épargne, l'investissement, l'innovation, la productivité et la gestion honnête.
Le socialisme dans sa version moderne, c'est à dire sa version sociale-démocrate cherche à attraper les mouches-électeurs avec du vinaigre, c'est à dire par des promesses, il nie le réel, il nie la rareté, il nie l'effort, il promet l'abondance et le paradis sur terre.
Dans le capitalisme, le bonheur est toujours pour demain car il faut faire le détour des études, du travail et de l'investissement productif pour pouvoir enfin jouir. On économise d'abord et on profite ensuite.
Dans le socialisme, c'est l'inverse exactement: c'est on jouit d'abord, et on... essaie de ne pas payer ensuite. D'où le lien entre le socialisme et le surendettement, d'une part, et la dévalorisation organisée de la monnaie, d'autre part. On repousse, on retarde, on utilise tous les subterfuges. D'où le lien étroit qui unit les socialistes et les banquiers. Les banquiers de tous temps ont adoré les pouvoirs dispendieux. L'ascension des banquiers, ce sont les avances aux rois. Ils adorent leurs clients/gouvernements et en sont solidaires... pour vous faire payer. Le socialisme, c'est le fonds de commerce du banquier puisque le banquier c'est celui qui prétend (et permet) que l'on peut profiter de tout, tout de suite. Regarder leurs publicités en faveur du crédit à la télévision, c'est toujours tout, tout de suite, sans effort et bien sûr, sans contrepartie dans le futur, la peine du futur est escamotée.
Le socialisme, c'est l'excès de dépenses non couvertes, l'excès de crédit, l'excès de fausse monnaie car le socialiste ne peut jamais prélever par l'impôt autant qu'il promet pour être élu. S'il tentait de le faire, il ne serait jamais au pouvoir ; or, du pouvoir, il en veut! Le socialisme, ou la perversion financière du capitalisme, produit des booms, des euphories de crédit et inéluctablement des busts, des crises déflationnistes. Comme maintenant. Et plus le « boom » a été grand, plus il a été long et plus le « bust » est lourd, pénible, douloureux.
Le bust ouvre un abime de récession sous nos pieds, un abime sombre, effrayant. C'est cet abime qui s'est d'un seul coup creusé en 2008, après 25 ans de débauche de dépenses non couvertes, reportées. En 2008, est venu le jour des comptes, « the day of reckoning ». Affolés, terrorisés à l'idée de perdre leur place, à l'idée du bouleversement social, à l'idée de voir leur tête au bout d'une pique, les politiciens ont confié les pleins pouvoirs aux banquiers et à leurs chefs, les banquiers centraux.
La politique à laquelle il nous est donné d'assister depuis 2008 n'est pas capitaliste, c'est une politique de dirigisme monétaire dont le seul objectif est de sauver la mise des expériences et des dérives socialistes, lesquelles conviennent si bien aux classes non pas capitalistes, mais aux classes klepto-ploutocratiques et aux employés de l'Etat.
Cette politique se donne pour objectif d'éviter ou de repousser la faillite, les faillites, celles des gouvernements et celles des banques aventureuses qui ont délaissé les règles du banking orthodoxe.
Le socialisme est attrayant, il séduit. Qui ne serait séduit par les repas gratuits, par les distributions, par les redistributions? Même les migrants du bout du monde le comprennent, eux qui viennent chez nous suivre la ligne de plus grande pente du moindre effort, de la sécurité et du free lunch.
C'est par une pirouette de la propagande que les vices de la situation présente sont imputés au capitalisme alors qu'ils en sont la négation destructrice. Mais le mensonge réussit bien mieux que la vérité, car il va dans le sens de ce que les gens veulent entendre, il les flatte et leur permet de continuer de se bercer d'illusions.
Ce n'est pas le capitalisme qui nous a précipités dans la crise, mais la sociale-démocratie menteuse et tricheuse avec les grands équilibres de gestion. Ce n'est pas du capitalisme que cette financiarisation à outrance qui nous submerge. C'est du socialisme pervers, c'est de l'inflationnisme du crédit, permis et fabriqué par les banquiers et leurs chefs, les banquiers centraux. L'activisme des banques centrales est la condition de perpétuation de ce système inique, malsain, immoral, qui permet à ceux qui ont accès direct aux robinets financiers de s'enrichir sans produire.
Le gâchis actuel, car c'est est un, terrible, on le verra d'ici quelques courtes années, vient de la rencontre du socialisme, de l'activisme des banquiers centraux et de l'inflationnisme qui a envahi les esprits. Ce n'est pas le capitalisme que les banques et leurs chefs essaient de sauver, ils en sont les fossoyeurs, non, ce qu'ils essaient de sauver, c'est le système qui fait leur fortune, le système qui les enrichit. Les Greenspan, les Bernanke, les Fischer, les Yellen ne sont pas des capitalistes, ce sont des bureaucrates, des apprentis sorciers qui ont vendu leur conscience au diable de la politique et des ultras riches. Le capitalisme ne peut fonctionner dans un environnement de fausses théories, de fausses monnaies, de débiteurs insolvables, de marchés manipulés et de comptabilités truquées.
Les Maîtres ont tout, absolument tout, détraqué, ils ont détruit tous les mécanismes régulateurs, tous les ajustements spontanés, tous les signaux correcteurs qui déclenchent les rééquilibrages. Ils sont responsables du gaspillage des ressources, du chômage, de l'accroissement scandaleux des inégalités, de la destruction en profondeur des démocraties, des tensions sociales, régionales et géopolitiques et des guerres à venir.
L'Histoire ne sera pas tendre avec eux.
Bruno Bertez, 17 octobre 2015
Si Hillary Clinton a encore un peu d’honnêteté et d’honneur et de mémoire, elle se souvient que c’est son mari Bill qui a détruit les vannes de la régulation financière et que ses amis banquiers l’ont remercié en le faisant réélire…
Goldman, un patronyme qui ne s’invente pas, tente ces semaines, de faire croire que l’or ne vaut plus rien et qu’il est prudent de s’intéresser plutôt aux titres: prend-il les Américains pour des idiots? Et il veut racheter pas cher l’or du monde entier! Encore un banquier honnête et sans scrupules…
Je ferais certainement un très mauvais banquier, mais si une cigale socialiste veut m’emprunter du fric, j’aurais beaucoup de réticences à lui en prêter. En effet, une cigale n’est pas solvable et j’aimerais qu’on me rembourse avant l’an 2150.
A part tirer sur tout le monde, votre article ne propose pas vraiment de solution constructive.
La politique capitaliste s’appuie sur le toujours plus, hors on constate que “le toujours plus” appelle “encore plus” et que cela ne suffit plus. La politique monétaire des taux zéro et parfois négatifs ont à la fois des effets positifs sur les possibilités de financement de projet, mais également rend l’endettement des pays par voie de conséquence tout à fait artificiellement supportable. Ces politiques engendrent des excès du secteur public et privé de telle sorte que les prêteurs sont pris de crise d’angoisse, lorsqu’ils sentent que ces politiques expérimentales peuvent avoir amené à des excès. Nous avons eu la crise de l’endettement des ménages en 2008-2009, nous pourrions avoir la crise du pétrole. La baisse de la ressource a des conséquences très importantes puisqu’elle est déflationniste. Elle permet un transfère de richesse des pays producteurs sur les consommateurs et surtout sur la marge bénéficiaire des entreprises puis qu’une grande partie du bénéfice ne va pas dans la poche du consommateur final. La seconde conséquence est qu’une politique de taux bas est parfaitement justifié puisque la stabilité des prix est garantie et que malgré les injections des banques centrales n’ont pas eu d’autres effets que d’aller vers entreprises càd la bourse via le mécanisme des rachats d’action.
Très joli texte et tellement agréable à lire tant ces constatations de simple bon sens sont absentes de la plupart des médias, même en ligne et dits de réinformation.
Le marxisme a semble-t-il épargné certains esprits et il est bon qu’ils s’expriment.