La stratégie de F. Hollande a décollé. Il s’agit d’une fusée à trois étages dont l’ingéniosité consiste en ce que chacun des étages a pour but de cacher le suivant, le but n’étant pas de faire, mais de cacher qu’on ne fait pas.
Le « François » s’avance masqué, sous le regard méprisant, puis surpris et peut-être bientôt désabusé des bandes éparses de l’opposition où se mêlent le néant idéologique habituel dans ce qu’il est convenu d’appeler la « droite » et les ambitions personnelles qui y prospèrent en raison inverse des talents et des compétences.
Après l’euphorie d’un début de mandat chaotique et cahotant, l’opposition s’était pris les pieds dans les palinodies de l’UMP, et avait trouvé le moyen de se relever en rejoignant les défilés organisés par la société civile contre le mariage pour n’importe qui. Elle attendait Hollande sur la Famille, et le « François » a attaqué sur la Patrie. Ce fut d’abord l’échec désastreux de la tentative de libération de Denis Allex (photo) lancée, comme par hasard alors qu’un million d’opposants battaient le pavé parisien. Carter n’avait pas survécu à un échec semblable pour délivrer les otages américains en Iran. La riposte, sans doute improvisée, à l’attaque islamiste contre Konna au Mali s’est révélée un coup de génie : elle a fait oublier la Somalie ; elle a contraint l’opposition à l’unanimisme patriotique ; elle a sans doute ému beaucoup de vrais patriotes, ravis de voir l’armée française, efficace et victorieuse acclamée par les foules africaines ; elle a permis au « François » de déployer sa fierté nationale, avec un soupçon à peine perceptible de repentance gauchisante sur la dette coloniale : un « sans-faute » auprès duquel les armes de Kadhafi répandues dans le désert djihadiste, la dérive de « nos » protégés de Benghazi, et « l’Homme africain qui n’est pas assez entré dans l’Histoire » prennent l’allure de maladresses coupables.
Pouvoir
Pendant ce temps, la stratégie du pouvoir se développe. Par le jeu des nominations, l’Etat PS ou plutôt « hollandais » se met en place, « naturellement » par le jeu des compétences. Après tout, Sarkozy n’avait-il pas déjà reconnu avec l’ouverture à gauche qu’il y en avait davantage qu’à droite…? On ne dira jamais assez combien cette habileté, dont l’ancien Président paraissait si fier, était stupide puisqu’elle accentuait le complexe intellectuel de la prétendue « droite », la vraie, la décomplexée étant de toute manière bannie. J’en sais quelque chose.
Le débat sur le « mariage » qui va sans doute intéresser directement moins de 1% des Français a envahi la scène politique comme le brouillard londonien la City. L’anthropologie et le Code Civil bousculés, le bonheur tel que le conçoit le bon sens des Français mis à mal pour satisfaire la gauche idéologique ne sont que l’apparence, la muleta destinée à faire foncer le taureau. Certes, une fois encore, la conscience fausse de l’idéologie, concoctée dans ce que François Furet appelait les « Sociétés de Pensée », va imposer une réforme sociale fondée sur une inversion du réel, qui fera de l’orientation sexuelle la réalité incontournable et du sexe une illusion d’optique.
Certes, l’opposition va s’y opposer… puis s’y rallier, en ordre dispersé : d’abord, ceux qui sont « à droite » par carrière, ensuite ceux qui trouvent un intérêt personnel et privé dans la réforme, enfin la masse des professionnels dont le métier ne s’embarrasse jamais longtemps de ces fastidieuses questions de principe. La gauche idéologique va trépigner pour obtenir la Procréation Médicalement Assistée, puis les mères porteuses par exigence féministe, écologique et « plus égalitariste que moi, tu meurs ». Le « François » ne donnera pas tout, et pas tout de suite, histoire de maintenir le brouillard dans la plaine et de se concilier une partie du marais où attendent les Bayrou et autres Borloo. Et si 1988 se cachait déjà derrière 1981 ? La gauche va sans doute perdre les municipales : de quoi multiplier les ambitions et les rivalités à « droite » et au centre, avant et après, alors même que les restrictions budgétaires vont rendre la gestion des villes de plus en plus difficile.
Réalité
Reste la bataille la plus dure, celle contre la réalité économique. On ne peut résoudre les problèmes en employant les moyens qui les ont créés : dépenses publiques, emplois publics, déficits, dette, fiscalité confiscatoire et décourageante, chômage réel en croissance forte malgré les signaux superficiels qui pourront clignoter. Le « François » le sait et il temporise, contre l’intérêt du Pays, mais dans celui du pouvoir. Comme Pétain en 1918, mais dans une posture moins guerrière, il attend les Américains et la reprise outre-atlantique. Il attend la relance européenne après la purge des pays du sud et le sauvetage de l’Euro, et d’ici-là, il avancera toujours aussi masqué. Pendant que Montebourg pilonnera les industriels au nom d’une politique industrielle inexistante et aux côtés de la tonitruante et calamiteuse CGT , il donnera plus discrètement les gages demandés par le patronat en général, comme on l’a vu avec le Pacte de Compétitivité. Le Président n’est certes pas un grand homme politique, mais c’est un habile politicien, un de ceux qui séduisent autant les salons parisiens par leur intelligence cynique qu’ils détruisent en profondeur le pays par leur absence de courage. Depuis Pompidou, la France semble avoir cassé le moule des Richelieu.
Christian Vanneste
Là qu’on reconnaît la vieille “méthode Hollande”: ni vu,ni connu, je t’embrouille; parader chez des tribus du désert, c’est plus facile que de mettre de l’ordre dans les prisons de son pays et même de l’ordre tout court dans les affaires du pays; Taubira n’a pas de recette magique, elle croit qu’en surfant sur le mariage pour tous, elle réussira comme garde des sceaux: erreur, grave erreur, de la poudre aux yeux pour les benêts satisfaits d’y croire; et les autres que valent-ils? Rien de bon, ma charité chrétienne, quoique limitée, m’empêche d’en dire davantage: pauvres ministres, pauvre président, pauvre France!