La crise grecque inquiète Pékin et menace la stabilité financière de la planète, a déclaré le Premier ministre chinois, Li Keqiang, le 29 juin.
La Chine a promis de ne pas se défaire de sa dette dans la zone euro, afin de calmer le vent de panique qui souffle sur les marchés financiers. La crise de la dette grecque est aussi un problème pour Pékin, a assuré le Premier ministre.
« Même si la Grèce est un problème interne à l'UE, c'est aussi un sujet qui concerne la Chine. Parce que la Chine est un important partenaire commercial de l'UE, mais aussi parce que la crise influence la stabilité du système financier et la relance économique », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet UE-Chine à Bruxelles.
« La Chine est un réel ami de l'Union européenne et a toujours soutenu l'intégration européenne. Nous vouloir voir l'UE prospérer, voir l'Europe unie et forte. Nous voulons que la Grèce reste dans la zone euro », a ajouté Li Keqiang, qui exhorte les créanciers à retourner à la table des négociations et à parvenir à un accord le plus rapidement possible.
« La Chine est prête à jouer un rôle constructif et à aider la Grèce à surmonter la crise », a-t-il déclaré, réitérant l'engagement de Pékin d'assister Athènes. La Chine, qui détient près de 3,5 mille milliards d'euros de réserves de change, n'a pas révélé son exposition à la dette grecque. Li Keqiang a rappelé que Pékin avait soutenu la Grèce sans hésitation dans le passé et continuerait à le faire.
L'UE est le plus important partenaire commercial de la Chine. En 2014, le commerce bilatéral entre les deux blocs a atteint 467 milliards d'euros. Une crise économique dans l'UE, et tout particulièrement une zone euro en difficulté, serait un désastre pour l'économie chinoise, qui montre déjà des signes d'essoufflement.
>> Lire : L'accord d'investissement UE-Chine devrait être conclu rapidement
De l'argent pour le plan Juncker
Li Kepiang a annoncé que la Chine était prête à participer au plan d'investissement de 315 milliards d'euros lancé par la Commission Juncker. Un geste qui entend assurer la cordialité des relations entre la Chine et l'UE, qui ont quelque peu souffert des enquêtes de Bruxelles sur le dumping des panneaux solaires chinois et les possibles aides d'États obtenues par les deux plus grandes entreprises de télécommunication de l'empire du Milieu, Huawei et ZTE.
Pékin n'a pas encore précisé la somme, mais le Premier ministre assure qu'elle sera généreuse. « J'espère que vous avez de l'appétit », a-t-il lancé à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, pendant le sommet commercial UE-Chine.
« La Chine a de vastes réserves en devises », a-t-il ajouté, suggérant également la création d'un fonds d'investissement commun UE-Chine. Ces promesses suivent la décision des gouvernements européens de se joindre à la Banque d'investissement d'infrastructure asiatique (AIIB), dirigée par la Chine, malgré l'opposition tacite de Washington.
« L'Europe envisage sérieusement l'opportunité de renforcer ses liens avec la Chine », a déclaré Jyrki Katainen, vice-président de la Commission et commissaire à l'emploi, à la croissance, à l'investissement et à la compétitivité, qui doit se rendre à Pékin en septembre. « Il existe un potentiel inexploité que nous pourrions utiliser à l'avenir. »
L'intention de la Chine de participer au Plan Juncker est très liée à sa volonté d'impliquer l'UE dans son projet de la ceinture de la route de la soie.
>> Lire : L'économiste Jeremy Rifkin juge le plan Juncker insuffisant
« La Chine multiplie les politiques visionnaires » estime Sam Walsh, PDG de Rio Tinto, en référence à la ceinture économique de la route de la soie et à la route de la soie maritime du 21e siècle, dont l'objectif est d'améliorer les connections terrestres et maritimes entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique.
« La coordination de ces deux projets pourrait stimuler la croissance économique en Europe grâce à une meilleure connectivité et étendre le marché unique européen à un marché eurasiatique plus intégré », explique les analystes du service de recherche du Parlement européen.
Lors du sommet de lundi, l'UE et la Chine ont accepté d'améliorer les connexions de leurs infrastructures et d'établir une nouvelle plateforme de connectivité pour développer des synergies entre leurs projets à long terme respectifs.
« Cela nous permettra de joindre nos forces, d'unir les compétences et l'énergie de nos entreprises pour créer des infrastructures de grande qualité, stimuler l'emploi en Europe, en Chine et en Asie et construire des ponts entre nos deux continents, en suivant l'ancienne route de la soie », s'est félicité Jean-Claude Juncker.
Les négociations de l'accord d'investissement bilatéral
Dans le même temps, les discussions sur l'accord d'investissement bilatéral avancent et les deux parties entendent accélérer le processus, afin de réaliser des progrès concrets d'ici la fin de l'année.
L'idée de libéraliser mutuellement l'investissement en éliminant les restrictions auxquelles sont confrontés les investisseurs étrangers et de fournir un cadre légal adéquat est née il y a trois ans. Jusqu'ici, six cycles de négociations ont tenté d'aplanir les différences de 27 traités d'investissement bilatéraux en vigueur entre la Chine et les différents États membres.
Une rencontre de chefs d'entreprise à Bruxelles a cependant souligné les nombreuses difficultés que rencontrent encore les entreprises européennes en Chine, telles que le transfert de technologie obligatoire, les exigences de partenariat avec des sociétés locales, une notion toute relative de la propriété intellectuelle, la contrefaçon, ou encore les incertitudes entourant la protection légale.
Le traitement préférentiel des entreprises d'États et les subventions restent les soucis les plus importants. La Chine tente de mettre en place des réformes structurelles de taille, censée faire de cette économie dominée par l'exportation une économie fondée sur le potentiel du marché intérieur, mais ce processus est lent.
« Les entreprises européennes peuvent participer à ce processus de transformation, et même l'accélérer en apportant à la Chine un savoir-faire et une technologie de pointe. Pour que cela aboutissent, la Chine devra toutefois mettre en place un cadre réglementaire transparent, fiable et non-discriminatoire », souligne Emma Marcegaglia, présidente de BusinessEurope.
Elle souligne que les contrats publics sont nombreux, et exhorte la Chine à se joindre à l'accord de l'OMC sur les marchés publics le plus rapidement possible. La Chine assurera la présidence du G20 en 2016.
>> Lire : Le débat sur le TTIP met en danger les relations commerciales UE-Chine
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?