Toute vérité n’est pas bonne à dire, parait-il.
Et si, pour une fois, la célèbre sagesse populaire s’était plantée ? Et si, à force de mensonges collectifs divers et variés, tout n’était que manipulations ? Et si, pour une fois, un homme se sacrifiait pour dire la vérité ?
Et c’est bien cela que nous propose ce livre : dire la vérité ! Sur un sujet particulièrement sensible et objet de polémiques, à savoir notre rapport à l’Afrique et l’extraordinaire culpabilisation collective qui lui est liée.
Bernard Lugan rappelle qu’il faut cesser de projeter nos modèles intellectuels sur l’Afrique, et cite le discours du roi Mohammed VI du Maroc à la tribune de l’ONU le 25 septembre 2014 : « Les États (du Nord) n’ont pas le droit d’exiger des pays du sud un changement radical et rapide selon un schéma étranger à leur culture… Comme si le développement ne pouvait se réaliser qu’à l’aune d’un modèle unique : le modèle occidental »
Très vite, l’auteur pose des questions : « est-il possible de continuer à mentir à l’Afrique quand ses jeunes générations souhaitent un autre avenir que le mortel binôme misère – émigration ? Un discours de vérité s’impose donc, mais il nécessite une remise à plat des mensonges qui depuis des décennies enferment le continent dans la dépendance. »
Dès lors cinq questions sont posées aux Africains :
1- « Loin d’être maudit ce continent est au contraire béni des dieux avec certaines des terres les plus fertiles de la planète »
2- « Si les Africains ne se décident pas à contrôler rapidement leur suicidaire démographie, la catastrophe est certaine »
3- « Le continent doit enfin prendre son autonomie intellectuelle en cessant de servir de champ d’expérimentation pour les idéologies les plus désincarnées… sorties des cerveaux occidentaux »
4 – « Les Africains ne sont pas condamnés à être dévorés par le requin américain ou vidés de leur substance par le vampire chinois »
5 – « N’est-il pas temps que les Africains se prennent en charge et qu’ils cessent de tout attendre de l’extérieur ? »
Il y a soixante-dix ans juste avant les indépendances l’Afrique était bien mieux partie que l’Asie contrairement aux préjugés. Aujourd’hui l’Afrique est largement en dehors du commerce et donc de l’économie mondiale ; sa part dans les échanges mondiaux s’est effondrée de 6 % en 1980 à 3,2 % en 2013.
Quatre grandes rasions expliquent cet échec : 1) la priorité donnée à l’économie au lieu de résoudre les questions politiques institutionnelles et sociologiques ; 2) le refus d’admettre la différence : non les Africains ne sont pas Européens à la peau noire ; 3) le diktat démocratique imposé à l’Afrique ; 4) la démographie suicidaire.
Comme on voit l’auteur n’a pas froid aux yeux, et ose s’attaquer aux fondamentaux nuisibles de notre société que nous voulons absolument imposer aux autres peuples. On pourrait d’ailleurs se poser la question de savoir s’ils sont si bons que cela pour nous.
En conclusion, « l’immense majorité de la population tente de simplement survivre. Ce grand bond en arrière est illustré par un retour à la traite humaine à travers l’immigration qui se fait vers l’Europe ».
Pour Bernard Lugan, la résolution des problèmes africains passe par quatre principaux impératifs :
1 – Prise en compte des spécificités du continent. Sans faire de l’ethnie une finalité en soi, Bernard Lugan lui reconnaît une importance primordiale. Une priorité sera de rétablir les vrais liens qui relient les Africains à leur longue histoire.
2- Que l’on cesse de penser que l’économie peut tout résoudre
3 – « L’Afrique est habitée par des animistes, les uns teintés de christianisme les autres d’islam » Ahmadou Kourouma
4- Que peuvent apporter les ONG occidentales sur le long terme aux Africains ? Les petits blancs étouffent littéralement l’Afrique sous des milliers de petits projets, aux petites capacités, portés par de petites ambitions, dans une absence totale de perspective et de coordination.
Bref ce livre est un appel, qui a pour ambition de rendre l’Afrique aux Africains.
Ecrit par un homme qui sait ce dont il parle, et qui aime ce continent, très pédagogique avec en annexe des cartes et des définitions.
Une authentique réflexion sur le fait colonial et, thème qui n’est jamais abordé, ses conséquences plus ou moins bénéfiques sur les anciens pays colonisateurs, permet également une mise en perspective que l’on trouve nulle part ailleurs.
Très bien édité, ce livre est celui qu’il faut avoir lu si l’on veut commencer à comprendre ce continent et ses habitants pour qui la Méditerranée est tout, sauf une frontière.
Extrait de: Source et auteur
Je ne connais pas l’Afrique.
Gamine, j’avais pléthore de correspondants africains, de l’Algérie au Congo, en passant par le Tchad, le Congo –sans compter Anjouan, dans l’Océan Indien. Timbres merveilleux et cartes postales enchantaient mes rêves d’écolière rêveuse.
Je n’irai pas en Afrique.
Non par racisme soudain.
Des livres, récemment achetés, satisfont désormais mon désir de connaître ce continent qui a obtenu son indépendance, et ne sait qu’en faire.
Qu’en dit Alvise Ca’ da Mosto, dans son “Voyages en Afrique Noire”( 1455 ET 1456), Ed. Chandeigne Unesco:
Page 79:” Les chevaux sont très prisés dans ce pays (Sénégal) à cause des difficultés que les Arabes et les Azenègues ont à les faire venir par les terres de Barbarie jusque chez eux….Le prix d’un cheval harnaché vaut entre neuf et quatorze têtes d’esclaves, selon la robustesse et la beauté du cheval”.
Page 106: “Les Noirs longent ainsi la côte…se retirant à l’embouchure des nombreuses rivières, où ils naviguent plus sûrement, sans jamais s’éloigner de leur pays, ne se sentant guère en sûreté et craignant d’être pris par d’autres Noirs et vendus comme esclaves.”
J’enverrais bien le livre à Taubira.
Pour faire bonne mesure, je vous ajoute quelques lignes de MUNGO PARK, 1799, dans son récit: “Voyage dans l’intérieur de l’Afrique” (Poche); Page 146/
“Quoique très paresseux, les Maures sont exacteurs, et ils font rigoureusement travailler ceux qui leur sont soumis…. Page 153: ” Les Maures attachent un très grand prix à leurs chevaux, car c’est à la vitesse de ces animaux qu’ils doivent la facilité de faire tant d’excursions dévastatrices dans les pays appartenant aux Nègres.”
Quel changement y a-t-il eu, dans les mentalités, là-bas, depuis tous ces siècles?