Régulièrement les médias font des reportages sur les personnes qui écrivent aux condamnés à mort qui croupissent dans les prisons américaines. Ces échanges épistolaires s’étendent souvent sur de nombreuses années. Dans certains cas ces contacts finissent même par déboucher sur des mariages, plus ou moins virtuels.
Certaines personnes en désaccord avec de telles démarches reprochent à ceux qui engagent ces dernières, de fantasmer « sur une histoire d’amour aussi malsaine qu’impossible » ( Le Matin, 30.11.2012).
Si cet aspect peut sans doute être présent, ce n’est pas ce qui nous interroge en premier lieu. C’est davantage l’insensibilité totale aux victimes de ces crimes, souvent parmi les plus atroces, et surtout à l’entourage qui survit à de telles situations. Pourquoi ne prend-on jamais contact avec ces proches survivants et ne cherche-t-on pas à leur apporter le même type de réconfort ? Cette question n’est-elle pas tout aussi légitime? Certains de ces «soutiens affectifs » ne semblent avoir que faire des crimes commis, même des plus abominables : « pour moi ça ne change rien que Grégory soit coupable ou non. L’important est d’accueillir l’autre en tant qu’être humain, quoi qu’il ait fait ou ferait s’il sortait de prison » ! (Le Matin, ibidem).
Ne s’agit-il pas là d’une tendance actuelle beaucoup plus générale qui revient à se préoccuper davantage des criminels, même des pires, que des victimes. On ne compte plus les associations de lutte contre la peine de mort. A quand des associations pour la défense et l’aide aux survivants des victimes ? Certes, on objectera qu’il y a eu des erreurs et des innocents exécutés, et c’est évidemment d’une gravité extrême, mais ces cas-là, très rares, n’excusent en rien la réalité de la totalité des autres.
A quand un renversement de tendance ? ou du moins une double démarche empathique.
Car finalement, que l’on soit pour ou contre la peine de mort, il reste cette question essentielle : pourquoi attacher une telle importance à la vie de ceux qui n’en attachent aucune à celle des autres ? et seulement à eux?
Et vous, qu'en pensez vous ?