La science comme béquille de la conscience. L’époque actuelle paraît incapable de former un raisonnement fini, une réflexion définitive qui puisse se baser sur autre chose que l’évolution des connaissances, et des interprétations, scientifiques. Comme si les grands idéologues du temps présent cherchaient dans les chercheurs des hommes susceptibles de parler pour tous, de prononcer une parole capable de cacher le fond de leur pensée.
Devant l'inanité du débat qui se prépare, les intelligences ramollies par 50 ans de soixante-huitardisme, incapables de mener une réflexion philosophique, semblent vouloir déléguer, une fois encore, la charge de leur décision à la science.
Curieuse époque qui, soucieuse de se libérer de toute tutelle morale, a érigé la connaissance matérielle en dogme, la science en Eglise et l'expert scientifique en divinité tutélaire, et n'a fait en somme que troquer la soutane contre la blouse blanche. L'homme se libérait, déployait ses ailes de géant et s'élevait enfin au-dessus de lui-même. Le voilà qui se ramène de plein gré à la plus simple expression de la matière, et, alors que certaines questions demandent qu'il jette un oeil vers le ciel, se plonge, de force, le nez dans sa propre misère.
Aveuglement
Ainsi en sommes-nous venus à ne plus comprendre ce que nous étions, à nier, à l'époque où l'observation scientifique est plus poussée et avancée que jamais, la différenciation sexuelle, physique, psychologique. Ce qui fait un homme, une femme, un père, une mère, n'est plus admissible, et il apparaît plus simple de démanteler l'entier du droit naturel plutôt que d'accepter de se soumettre à des réalités objectives, que l'évidence soutient, maintient, impose.
Dans le débat, déjà quadragénaire, de la sexualisation de la très jeune adolescence, la question d'un bien-fondé d'une érotisation à marche forcée de la très jeune psyché n'a pu se poser que devant la constatation d'un trauma. La chose ne pouvait être mauvaise que s'il en découlait une souffrance, physique (puisque observable) tout d'abord, et, par extension, de cette physiologie de l'âme qu'est la psychologie. L'homme ne peut souffrir que si la chose peut se voir, se quantifier, se calculer; la matière est partout. Ainsi en a dérivé la notion de consentement préalable, censée prévenir, sinon du moins justifier, la souffrance ultérieure. Rien n'est mal de ce qui a été consenti, la volonté humaine est devenue l'ultime frontière morale.
Absence de consentement
Dans la question de l'homoparentalité, l'exigence d'un consentement préalable de l'enfant disparaît totalement; ce qui ajoute, à notre sens, à cette impression de réification de l'enfant. La volonté de confusion avec la parentalité naturelle est ici totale: En effet, on ne fait pas signer de formulaire de consentement au nourrisson à l'accouchement pour savoir s'il accepte ou non les parents qui sont les siens. L'on en vient donc à nier la conséquence naturelle de la parentalité et, partant, à lui en opposer une autre, l'homoparentalité, comme forcément susceptible de déployer les mêmes effets. Le postulat est une aberration positive, deux causes contraires n'étant pas réputées produire deux effets pleinement similaires.
Divers scientifiques, parmi les plus sérieux, ont beau répéter que la nature hétérosexuelle de la parentalité n'est pas fortuite mais essentiellement complémentaire, et que cette complémentarité peut venir à manquer si tout n'est pas fait pour la combler, la réparer, dans le cas des orphelins, par exemple; rien n'y fait. Quand la science déplaît, elle n'est plus invoquée.
Ainsi, en vient-on ni plus ni moins à refuser le droit à l'enfant de souffrir, à ne pas se trouver content, si sa capacité au bonheur et à l'équilibre n'a pas su s'adapter à l'idéologie du moment. Si l'enfant souffre d'avoir été privé de filiation hétérosexuelle, sa souffrance est réactionnaire et ne saurait être reconnue. Sa souffrance nie la vue de l'esprit selon laquelle une parentalité homosexuelle, non différenciée, non complémentaire, peut faire aussi bien que la parentalité naturelle.
Nous voilà face à un homme nouveau, totalement névrosé, qui tape du pied en voulant changer les réalités qui le gouvernent par le seul effet de sa pensée. Reste qu'appliquée à la notion de consentement préalable citée plus haut, la situation revient à un déni de souffrance. Appliquée à la notion de consentement sexuel, il s'agirait ni plus ni moins que de nier le trauma successif d'un viol.
Amalgame
Balayé le principe de la nécessité d'une différenciation sexuelle dans la filiation, balayé les principes objectifs qui fondent la science, toutes les spéculations deviennent possibles, jusqu'à prétendre que, dans certains cas, c'est la privation d'homoparentalité qui peut susciter la souffrance. Dans un monument de mauvaise foi, intitulé « Avant l'homoparentalité », Marie-Claude Martin, en dernière page du Temps d'aujourd'hui, pleure sur le sort des enfants d'Oscar Wilde, privés d'un père par la méchanceté d'une époque homophobe (suivez son regard), en oubliant que celui-ci était tout sauf inscrit dans un rapport homoparental; et pour cause, la science génésique d'alors ne permettant pas les travers d'aujourd'hui. Mais qu'importe la confusion, seul le résultat compte, la victimisation pour empêcher la raison; emballé c'est pesé.
Dans le même ordre d'idée, face à l'urgence politique, l'on assiste à la multiplication de témoignages-révélations où les premières victimes du lavage de cerveau homoparental viennent nous expliquer en quoi elles ne sont pas victimes, n'ont pas souffert, ne souffrent pas, comme ce livre de portraits d'enfants, devenus adultes, ayant grandi, ce que l'on nous annonce sans rire, avec « au moins un parent homosexuel »; décidément...
Evidemment, personne pour vérifier ces témoignages, ces chiffres, ces affirmations, lesquels ne reposent que sur le bon vouloir et l'humeur de quelques auteurs militants. Enfin, que penser de ces appels urgents à la légalisation de l'homoparentalité fondés sur des témoignages faisant tous état de la réalité épanouie d'une situation homoparentale qui s'est apparemment très bien passée de l'onction de la loi. Que cherche-t-on vraiment dans la légalisation, résorber une injustice ou dynamiter un principe ?
Etudes
Et s'il convient, malgré tout, de s'échouer sur la rive de la preuve scientifique, les études, étayées, qui disent le contraire de ce que chante le courant dominant, existent pourtant bel et bien. Celle du Professeur Mark Regnerus, de l’Université du Texas, par exemple, qui s'appuie sur l'observation de 3'000 adultes provenant de huit structures familiales différentes, ainsi que sur l’évaluation de 40 critères sociaux et émotionnels. La conclusion en est que les enfants crus dans des familles biologiques intactes sont en général mieux éduqués, en meilleure santé mentale et physique, touchent moins à la drogue, s’engagent moins volontiers dans des activités criminelles.
Cette même étude montre les effets négatifs de ce type de parentalité sur 25 des 40 critères sélectionnés pour ces recherches. Ces enfants sont plus souvent victimes d’abus sexuels (23% des enfants de mères lesbiennes étaient victimes d’abus par un parent ou un adulte, contre 2% chez les enfants issus de couples mariés), ont une moins bonne santé physique, sont plus souvent victimes de dépression, font plus fréquemment usage de marijuana, et plus souvent sans emploi (69% des enfants issus de familles homoparentales lesbiennes dépendent des prestations sociales, pour 17% de ceux issus de couples mariés). Mais cela nous le savions depuis Salomon, l'on a toujours plus grand souci d'un enfant qui est vraiment le sien...
Contrairement aux recherches du Professeur Regnerus, les études antérieures se fondaient sur des information délivrées par... les parents eux-mêmes et non les enfants. Ces études comparaient les enfants de parents homosexuels aux enfants de familles recomposées ou de parents seuls. Et c'est peut-être là tout le noeud du problème, ce n'est que lorsque le couple hétérosexuel "officiel", au cours du XXe siècle, a perdu son éternité, qu'il a troqué son indissolubilité pour une interchangeabilité à l'envi, que la notion de couple s'est trouvée appliquée à toutes autres sortes de variantes; ce n'est que lorsque la parentalité moderne est devenue stérile qu'elle s'est révélée applicable par tous; ce n'est que lorsque que le mariage s'est avéré nul et sans plus le moindre effet qu'il est devenu valable "pour tous".
Et vous, qu'en pensez vous ?