Décadence ultime de la société de consommation, d'aucuns se proposent aujourd'hui de monnayer toute une gamme de services à l'infidélité.
Le quotidien Le Matin, qui accorde une belle place, comme d'autres journaux de boulevard aux thèmes relatifs au sexe et à différentes formes de prostitution, se lance également dans la publicité pour l'infidélité. Comble du parjure et de l'échec personnel, symbole d'une société qui s'effondre sur elle-même, certains de nos contemporains ont décidé de faire de l'argent avec le plus sombre des malheurs humains.
Outre le paradoxe qu'il peut y avoir à proposer des relations humaines basées exclusivement sur la tromperie, l'on retiendra l'incongruité de la campagne "témoignage", dans le genre service aux consommateurs, où Daniel, 42 ans, et sa tête de cadre sup suisse-allemand nous apprennent, tout sourire, à quel point il aime tromper sa femme - gageons que celle-ci aura apprécié sa pause-café ce matin - Julie, 21 ans, qu'elle est une désaxée post-nubile frappée de troubles nymphomaniaques, Laetitia 35 ans, une frigide revancharde, Jean, 63 printemps et un râtelier de toute beauté, un vieux satire perclus d'obsessions déshonnêtes et Véronique, 57 balais et des poussières, une cougar libérée en mal de chair fraîche; que du beau linge. Mais le pompon est sans nul doute remporté par Stéphane, 34 ans, marié à la ravissante Magalie, échangiste. Echangiste, c'est le cas de le dire, Stéphane n'étant autre que Daniel, le cadre sup, barbe de trois jours en sus et cravate unie en moins. Du coup, si l'envie vous prend soudainement de vous livrer corps et âme, et contre argent comptant, à une bande de pervers mythomanes, votre quotidien préféré a l'adresse toute trouvée. Etant entendu, bien évidemment, que votre levée de corps fera l'objet d'une magnifique première page avec témoignage de votre concierge atterré en encadré; ou comment ne pas laisser crever la poule aux oeufs d'or...
Et vous, qu'en pensez vous ?