L’entêtement de la gauche des valeurs de société, qui a remplacé celle des producteurs, indépendants et employés est presque pathétique. Après deux refus populaires , dans le Jura, d’étendre l’éligibilité des étrangers qui ne veulent pas franchir le cap symbolique de la naturalisation en restant liés à leur patrie d’origine ou en indiquant être ici en « transit », la gauche moraliste a essayé de contourner l’opinion publique et passer par le « haut ».Là où les politiciens gentils, ouverts, clientélistes n’oseraient pas dire non à une ouverture, un progressisme, des enjolivures tellement plus faciles à prôner que développer l’économie de proximité , contrôler la déferlante migratoire, développer l’autosuffisance. L’exercice a été heureusement torpillé mais au prix d’un compromis où la droite économique espère que le peuple osera dire un non que ses représentants n’osent pas assumer publiquement. Trop peur d’être accusé de xénophobie, de racisme, de discrimination. Comme si la tradition démocratique directe de notre pays, avec ses règles, ses rituels, ses rites d’appartenance était une vieille chose répugnante du passé que le libéralisme, la croissance sans limite de l’économie, la libre-circulation des personnes et des biens dissoudra définitivement, pour l’avenir radieux de tous. Cette expansion (redistribution non sollicitée de droits et devoirs politiques) de l’éligibilité des étrangers est un gadget sociétal, comme la dépénalisation des drogues, le mariage pour tous. Les étrangers n’en veulent pas et ne se bousculent pas au portillon pour candidater. L’abstentionnisme est encore plus important dans les « communautés » étrangères que chez les locaux. Rien n’indique non plus une quelconque facilitation de l’intégration. Certains partis, derrière un masque « progressiste » cherchent à courtiser leurs clientèles, à les flatter sans grand risque. Quoi que. En période de crise, avoir dans un exécutif communal (finances ou social) un non-naturalisé qui pourrait servir de fusible ou de bouc-émissaire pourrait être un bon plan. A la place d’un non naturalisé, je me méfierais d’une telle issue, de même que celle de devoir prendre des mesures d’austérité impopulaires…La naturalisation est facile, presque sans obstacle, d’un coût financier dérisoire. Pour être élu, il faut se naturaliser. C’est un acte symbolique d’appartenance, un début d’enracinement, un choix dans la durée.
Le dernier point politico-psychologique contestable est l’allégation, aussi partagée par la droite de l’Economie, que les indigènes ne veulent plus se fatiguer à des tâches politiques, dans les législatifs et les exécutifs communaux et qu’il faut bien faire appel à une main d’œuvre immigrée. Comme l’idée fausse et insultante aussi que certains suisses ne veulent plus se salir les mains. C’est parce que les emplois sont moins bien payés, suite au dumping social et économique induit par la migration, que les Suisses recherchent des emplois pour le moment mieux rémunérés. Insinuer que les tâches de la politique sont de second ordre est grave. Garder la souveraineté est la première étape vers la maîtrise l’Economie par les citoyens. Ne pas se laisser démoraliser par la petite musique du parti du grand remplacement : ni le politique (organisation de la cité) ni l’économie ne doivent être laissés à ceux qui ne se préoccupent plus en premier, de souveraineté et de démocratie de proximité.
Dominique Baettig, ancien Conseiller national, 10 septembre 2014
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