La haine fleurit où on la sème

post_thumb_default

 

PHILIPPE BARRAUD

On s’émeut en Europe, à combien juste titre, des flambées d’antisémitisme hyper-violent qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Mais les médias, qui font mine de s’en émouvoir, devraient faire leur examen de conscience: leur couverture de la guerre est grossièrement unilatérale, et suscite, indirectement mais efficacement, ces cris de haine.
A chaque bulletin d’information, que ce soit sur les chaînes suisses ou françaises, l’auditeur-téléspectateur a droit – après le décompte des morts, vérifié par on ne sait qui – à de longs reportages sur les effets dévastateurs des bombardements à Gaza. Devant tant de micros complaisamment tendus, les Gazaouis donnent libre cours à leur désespoir, à leur haine, et ces longs reportages répétitifs finissent par provoquer la même haine chez ceux qui les reçoivent, dans le confort de leur pays si bien protégé.
Mais on voit bien que cette haine-là n’est pas une haine ordinaire. Les massacres qui ont lieu en Syrie, en Irak, au Soudan, au Nigeria ou ailleurs, ne suscitent pas particulièrement de haine anti-musulmans, même lorsque des Chrétiens en sont les premières victimes; Israël, c’est autre chose. C’est toujours le même vieux fond de haine envers les Juifs, venu du fond des âges, qui périodiquement se réveille, avec sa brutale rhétorique hitlérienne et ses menaces glaçantes. Quelque chose a changé pourtant: historiquement, cette haine était un phénomène lié à la vieille Europe; aujourd’hui, l’antisémitisme s’est mondialisé, au point de devenir une composante identitaire de la mouvance islamiste.
On nous dira que c’est la faute d’Israël, de la guerre impitoyable qu’il mène à Gaza contre un mouvement politique. Explication bien commode, et qui permet de s’affranchir des arrière-pensées. Mais elle ne convient pas, on ne le sait que trop. On dirait que, dans notre société fertile en frustrations, nombre d’individus aient une véritable soif de haïr, qui que ce soit, le besoin d’avoir un bouc-émissaire pour pouvoir le charger de tous les maux.
Pour l’immédiat, il faut que nos autorités mettent en place les mesures de protection nécessaires avant qu’il ne soit trop tard; et à plus long terme, il faut légiférer afin que les réseaux sociaux ne puissent plus offrir l’anonymat et l’impunité aux imprécateurs courageusement anonymes qui appellent au meurtre.
J’ignore si les Suisses dans leur majorité prennent fait et cause pour les islamistes de Gaza, ou s’ils sont toujours, malgré tout, derrière Israël. Le deuxième terme de l’alternative est le plus vraisemblable. Question de civilisation: Israël, c’est un bout d’Europe – un bout de nous-mêmes – dans un univers arabo-musulman qui nous est profondément étranger, et qui de plus, aujourd’hui, sombre dans une folie meurtrière.
Que ferons-nous, lorsqu’Israël se retrouvera seul face à l’Etat islamique et à ses séides illetrés, lorsque celui-ci aura avalé l’Irak, la Syrie, le Liban, voire les monarchies qui le financent ?

 

 

 

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

Un commentaire

  1. Posté par Le pragmatique le

    Imaginons que l’Allemagne, la France ou l’Italie se mettent à creuser des tunnels pour nous envoyer des commandos, laisserons-nous faire ? Je ne le pense pas, hormis bien sûr la Jeunesse socialiste qui tant la joue droite après s’être fait claqué la gauche selon le coran heu… l’Évangile.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.