Fête nationale du 1er août : les fondements de la Suisse et la force des symboles

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Chaque année à l’approche de la fête nationale du 1er août certains médias se font un plaisir d’inviter des intellectuels, des historiens et d’autres “spécialistes” dits « critiques », en fait souvent des socialistes, marxistes, etc, à critiquer cette fête, ou un symbole national, ou encore un mythe suisse. Le symbole le plus connu est évidemment Guillaume Tell. Mais il y a aussi le Pacte fondateur de 1291, Nicolas de Flüe, Winkelried,et bien sûr le 1er août, etc. Rares sont les pays à connaître ce même phénomène de l’autodénigrement et de l’autoflagellation.

Pour ma part, j’ai une tout autre attitude envers ce genre de symboles, de récit mythique, de fête nationale, en l’occurence la fête nationale suisse du 1er août. J’ai souvent accepté de tenir un discours à cette occasion et comme une fête nationale est pour moi l’occasion de rappeler et de célébrer certains fondements parmi les plus essentiels du pays et que ces fondements comportent un aspect durable et transhistorique, j’ai pensé opportun de rediffuser un exemple de discours tenu à cette occasion et sous cet angle, cela d’autant plus que certains médias ont déjà commencé à donner, rituellement, la parole aux tenants de cet autodénigrement et autoflagellation.

 

J'ai choisi de rediffuser le discours prononcé lors de la fête nationale du 1er août en 2011, parce que j'avais insisté cette fois-là tout particulièrement sur ces fondements les plus essentiels et transhistoriques de la Suisse.

La reprise légèrement modifée de certains extraits du texte de ce discours, déjà publié sur notre site dans sa version complète, c'est ci-dessous :

« Que signifie la fête nationale suisse du 1er  août?

Premièrement, nous ne sommes pas un pays centralisé qui doit montrer sa force et sa puissance par de gigantesques défilés militaires et exhiber les armes les plus modernes, redoutables et menaçantes.

La fête du 1er août en Suisse n’est pas non plus une réception luxueuse réservée à une minorité de privilégiés, et gardés par une armada de policiers et de militaires

Non, la fête nationale du 1er août en Suisse est une fête véritablement populaire, ouverte à tous, décentralisée, multiple et diverse, en bref fédéraliste et participative comme l’est notre système politique.

Pas de fête unique dans la capitale du pays …mais

une fête dans chaque commune, village et ville, soit des milliers de fêtes au même instant, partout et avec la participation aussi bien des Suisses, des étrangers et de toutes les personnes présentes, et surtout des jeunes et des enfants. Les enfants se réjouissent de ce soir et en gardent des souvenirs mémorables. Le 1er août est rempli de symboles et de joies.

De quoi pouvons-nous nous réjouir ?

Avons-nous le droit de nous réjouir ? viennent même régulièrement demander, sarcastiquement, certains de nos esprits chagrins qui dénigrent notre pays et prônent un alignement sur des ensembles politiques plus vastes.

Or on peut très bien être très européens sans être dans l’UE.

Le fait d’être soi-disant une « tache blanche » au milieu de cette UE, comme le prétendent certains, ne nous empêche pas de nous réjouir et de pouvoir  être fiers de notre pays.

Nous devons surtout être infiniment reconnaissants à nos ancêtres de nous avoir laissé un tel pays, au prix d’un travail et de sacrifices difficilement imaginables aujourd’hui.

Le patriotisme c’est d’abord cette reconnaissance envers nos ancêtres .

C’est aussi cela que nous fêtons ce soir, non avec des armes terrifiantes, mais simplement avec des feux, des feux de joie, des chants, des lampions, de la bonne humeur, dans une atmosphère collective et amicale.

Le patriotisme suisse n’est pas un nationalisme arrogant, agressif et menaçant mais un patriotisme soft, léger, à la fois humble et discrètement fier, amical et solidaire.

Personne n’a le monopole du patriotisme. Mais les patriotes humbles et sincères n’ont de leçon à recevoir de personne, surtout pas de ceux qui l’ont dénigré pendant des décennies au nom de l’internationalisme et qui tout à coup veulent le récupérer. Les citoyens avertis savent distinguer les croyances sincères des copies caricaturales et intéressées.

A ce propos, un sentiment d’appartenance européen ne pourra naître que si on ne cherche pas à effacer les patriotismes nationaux.

Notre modestie ne doit pas nous empêcher de défendre notre pays de manière plus déterminée et intransigeante face aux tentatives de nous faire subir de purs et violents rapports de force économiques et politiques, même de la part de pays voisins.

Nous ne devons en aucun cas accepter de devenir le bouc émissaire  de pays en difficultés, difficultés dues à des  incapacités de gestion, à un style dépensier et à des endettement inconsidérés et irresponsables.

Ce n’est pas parce que nous sommes petits que nous devons nous soumettre et nous applaventrir. Nous n’avons besoin ni de nouveaux baillis ni de « cavaleries » étrangères.

Nous respectons toutes les cultures .Nous avons le devoir d’exiger le même respect de la part des autres pays et cultures, le respect de nos propres spécificités et singularités, et notamment de notre culture politique participative si originale.

Nous devons faire un autre serment ce soir : à savoir, inciter nos autorités à être d’une grande fermeté et intransigeance dans la défense de nos intérêts et de notre système politique et pluriculturel, tout en sachant que la mondialisation suppose aussi de négocier avec les autres, mais pas à n’importe quel prix.

La naïveté, le manque de courage et le défaitisme ne sont  plus de mise !

Même petit, notre pays ne doit pas avoir peur.

Celui qui a peur a déjà perdu.

Quelles sont donc nos caractéristiques politiques et culturelles, et qui sont de plus en plus admirées et enviées à l’étranger ?

Il y a d’abord la démocratie directe, soit cet esprit participatif (partout ailleurs les gens ne supportent plus d’être pris pour des immatures et des incompétents et d’être gouvernés par décrets ; ils souhaitent avoir leur mot à dire, …ce que permet justement notre système politique de la démocratie directe.

Il y a ensuite le fédéralisme : avec le fédéralisme, chaque région, chaque minorité est prise en considération et valorisée (dans un pays voisin on refuse même la reconnaissance des langues régionales !).

« Pourquoi ne vous entretuez-vous pas avec toutes vos différences (différences linguistiques, culturelles, religieuses, régionales, politiques, etc),voilà ce qu’on me demande souvent avec admiration à l’étranger.

Il y a ensuite la fameuse Unité dans la Diversité. Ce n’est pas une formule creuse, ni un mythe. Les Etats centralisés ont peur de l’éclatement ; la Suisse, en revanche a compris l’incompréhensible : que le fait de permettre aux minorités et aux diversités de s’exprimer et de les valoriser enrichit et renforce l’Unité plutôt que de la menacer.

Mais cette Unité dans la Diversité n’est pas acquise une fois pour toutes ; l’attention aux minorités doit être constante. Je pense en ce moment, par ex, au Tessin, qui se sent négligé par la Confédération.

Nous devons œuvrer quotidiennement pour ne pas nous retrouver un jour dans la situation tragique dont souffrent nos amis belges ces temps. Bon courage à vous, chers amis belges, face au malheur de votre pays. Vous ne méritez pas cela.

C’est grâce à cette conjugaison du fédéralisme et de la démocratie directe que nous avons, par ex, pu éviter que la minorité francophone du JURA, devenu en partie un nouveau canton, ne tourne  au terrorisme, comme cela s’est produit très souvent ailleurs à cause de la non reconnaissance des minorités de toutes sortes.

Le modèle politique et pluriculturel suisse forme un tout et n’est pas négociable, même s’il a régulièrement été aménagé et adapté, et cela avec l’accord du peuple lui-même. Le système politique suisse est à la fois solide et réformable …mais en aucun cas nous n’abandonnerons la démocratie directe avec ses initiatives, référendums et votations populaires.

Le peuple suisse est un peuple mur, citoyen, responsable et qui sait, quand il le faut, faire passer les intérêts collectifs avant les intérêts individuels et corporatifs, et éviter ainsi de multiples et fréquentes grèves, déclenchées en plus souvent au moment des départs en vacances de ceux qui ont travaillé durement pendant toute l’année.

Il nous faut à tout prix maintenir ce pacte social de la Paix du travail, basé sur la discussion et la négociation et non sur les grèves ruineuses.

De même, nous devons essayer de maintenir une autre formule magique, celle du gouvernement de tous les partis politiques importants et ne pas accepter que des intrigants de la politique passent une grande partie de leur temps à chercher à faire élire des personnes qui n’ont guère de représentativité.

Si nous en sommes là où nous en sommes aujourd’hui c’est encore une fois grâce au dévouement inconditionnel et à la qualité de visionnaires de nos ancêtres (nous manquons peut-être aujourd’hui un peu de visionnaires !). A bon entendeur, salut !

C’est à eux, à nos ancêtres, que doit aller ce soir  notre promesse de continuer à être digne d’eux. Cela dans la joie, la fête et l’allégresse. Que cette fête rituelle commence et soit belle et exemplaire.

Last but not least, un sincère et très grand merci aussi à tous les immigrés et étrangers qui participent depuis longtemps à la construction de notre pays."

 

Uli Windisch, 1er août 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7 commentaires

  1. Posté par Menoux Claude le

    Chez les dirigeants du PS, du PDC et des Verts le vrai patriote n’existe pas !!
     Les preuves..
     Tiré de l’ouvrage le  « Vatican contre l’Europe » Edmond Paris, p.348
     Au XVII siècle, le Général des Jésuites J. Nickel écrivait : « Oublions notre patrie ….. La Compagnie de Jésus ne peut subsister si l’esprit national n’est pas entièrement déraciné »
     Léon Trotski
    Le prolétaire n’a pas de patrie!
    Christiane Brunner, Ancienne Présidente du parti socialiste suisse
     En conclusion d’un débat sur la SF1, question posée aux participants en fin d’émission, qu’est ce pour vous le patriotisme ?
     Réponse de Mme Brunner : Notre patriotisme n’a pas de frontière !
     C’est aussi ce que veulent l’internationale socialiste  et la DC (PDC)
    Rappelons q’un congrès du parti socialiste, sous la Présidence de Mme Brunner, se termine par le chant de l’Internationale avec le point levé !
     « Du passé faisons table rase » évoque une chanson révolutionnaire de sinistre mémoire.
     Période de la commune à Paris.
     La Mistoufe, journal communiste à Marseille       19ème siècle.
    Epigraphe : L’Anarchie est l’avenir de l’humanité. Notre partie est la terre entière.
     L’internationale socialiste et l’internationale démocrate chrétienne sont la main dans la main. D’où un nouvel emblème la croix et le marteau !
                                            Louis Powel,FigaroMagazine

  2. Posté par Roger Uldry le

    Les Jeunes Socialistes seraient passibles du bagne, s’ils n’étaient pas en Suisse.!
    Le pacte de 1291 débute par le recours à Dieu. C’est pourquoi ce pacte est encore d’actualité à ce jour.
    Ce pacte a été “la base de référence” pour toute la formation du pays et l’adhésion des cantons par la suite. Ce drapeau est le signe de ralliement de tous les citoyens, des cantons dits primitifs à la confédération de 1848.

  3. Posté par Hugé, Marcel le

    La Suisse est un pays dont les différents pays d’Europe feraient bien de s’inspirer tant par son économie que par son sens social.

  4. Posté par Sablé Alain le

    Amis suisses,
    avec votre amour de votre pays, votre volonté de protéger vos traditions, de garder la maîtrise de vos lois et l’unité de votre peuple, vous êtes, pour nous pauvres français trahis par nos politiciens, un exemple et une raison d’espérer.

  5. Posté par Sablé Alain le

    Amis suisses,
    a
    vous êtes un exemple et une source d’espoir pour les français qui souffrent de voir la décadence de leur pays

  6. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Les fondements de la Suisse… et les mythes.
    Les contempteurs du mythe le raillent. N’est-ce pas étrange ?
    Est-ce à dire que ces cartésiens opposent le mythe au réel? Le mur de Berlin et le rideau de fer étaient solides, pétris dans le réel, mais ils sont tombés. Pourtant, les réalités décrites à contre-jour par les mythes, demeurent. Celui d’Oedipe par exemple. Dont l’écrasante majorité de diplômés universitaires déduisent qu’il faut tuer le père… surtout si on ne sait pas qui est cet inconnu? Qui peut connaître que cette psychologisterie, icône de la toute bien pensance, est incapable de soupçonner le père, et la mère, d’être les agents de la mise à mort du fils! Pour échapper à la malédiction. Malédiction prononcée à la suite de la faute du père, qui a provoqué le suicide du jeune homme dont il avait abusé.
    La Bible est un recueil de mythes! Vraiment? Israël est pourtant fondé sur elle! Tout lecteur de la moindre feuille de chou sait que les douze tribus, après 40 ans de pérégrinations dans le désert, ont chassé les tribus incultes et perverses de Canaan. Je passe là-dessus, commechat sur braise et comme tout le monde.
    Pour revenir au mythe fondateur de la Suisse qui est belle. Guillaume Tell et le Pacte de 1291.
    Je commence par le pacte. Dont quelques paragraphe concernent une alliance, et le reste un recueil de lois et règlements. Préfigurant non seulement la Suisse d’aujourd’hui, mais l’Europe! Vraiment pas de quoi rassembler! Tell par contre est parlant! Et il parlera encore quand on aura vraiment ressenti le joug de l’administration tentaculaire. De plus, dans le défi que lui lance le tyran, et qu’il accepte, il prend le risque de tuer son fils! Voici un mythe qui parlera, à ceux qui sont capables d’entendre. Le choix de Tell parlera, mais le défi lancé par Guessler est, lui, éloquent. C’est l’argument de la bien-pensance! Si tu accepte ce risque, tu es un salaud de père indigne. Je me crois bien placé pour en parler, pour avoir subi ce genre de manipulations. De plus mon père était un modèle du genre. Haïssant noir et musulmans, mais faisant courbettes devant son patron, ambassadeur de Tunisie. Et je l’ai honoré, lui accordant le poids de méchanceté qui était le sien. C’est peut-être pourquoi je n’ai tué personne.
    Pour conclure, je ne sais pas si je suis suisse. Mais quand je rencontre un être qui me semble droit est intègre, il me plaît de me croire lui.

  7. Posté par JDV le

    Avant toute considération, merci pour cet article équilibré, les Jeunes Socialistes devraient le lire. Eux qui ne veulent pas le drapeau Suisse pour le 1er Août, par crainte du nationalisme et par crainte de l’armement.
    Enfin, ils démontrent leur absence d’amour pour le pays, la Patrie dans sa signification d’origine. Ils démontrent à quell point ils sont les démolisseurs du pays. Vont-ils defiler à Bâle avec le dreapeau arc-en-ciel ?
    La Patrie est le lieu du pater, de la famille avec un homme et une femme, la famille qui est la base de notre société et si l’on remonte dans l’ethymologie du mot Patrie on arrive à Dieu le Père. Je ne veux pas, ici, faire l’apologie de ma foi dans le Dieu révélé dans les Ecritures, mais seulement exprimer ce que je ressens en voyant l’absence d’amour des Jeunes Socialistes pour notre pays.

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