Il y a 50’000 combattants djihadistes en Syrie !

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Syrie-Pichon

Michel Garroté, réd en chef –- Une analyse, une de plus, sur le conflit en Syrie, présentée par Frédéric Pichon, chercheur à l’Université de Tours, qui a consacré sa thèse à la Syrie. Spécialiste en géopolitique, il vient de publier : « Syrie – Pourquoi l’Occident s’est trompé », aux Editions du Rocher (extraits ; voir lien en bas de page).

Comment en est-on arrivé à cette situation où la Syrie attire les djihadistes du monde entier, y compris les Français ?

J’y vois deux raisons principales : l’erreur commise par l’Occident de sous-traiter cette guerre aux pays du Golfe et la dimension religieuse que représente la Syrie dans l’imaginaire musulman. Mais tout d’abord, il faut mesurer l’ampleur du problème : il y a aujourd’hui en Syrie deux fois plus d’islamistes radicaux qu’il n’y en avait en Afghanistan lors de l’attaque américaine. 50’000 combattants djihadistes, c’est du jamais vu.

Quelle est donc cette erreur de l’Occident ?

Nous avons réfléchi à court terme, considérant que tous les moyens étaient bons pour faire tomber le régime d’Assad. Nous avons sous-traité le soutien aux opposants aux monarchies du Golfe, l’Arabie saoudite et le Qatar en particulier. Comme si les aspirations démocratiques du peuple syrien pouvaient être appuyées par des Etats qui sont tout sauf des démocraties. Ces pays bénéficient de leurs richesses pétrolières et de l’influence des chaînes de télévision comme al-Jazira. Et beaucoup d’argent a été transféré vers les groupes islamistes radicaux, pas forcément par les Etats eux-mêmes, mais par des personnes privées de ces pays. Il serait d’ailleurs intéressant de surveiller les transferts d’argent qui passent par les banques. En Syrie, comme dans d’autres pays arabes, les principaux opposants aux dictateurs étaient les Frères musulmans, les islamistes. C’était là un prérequis dans notre soutien aux opposants, dont on ne pouvait pas ignorer qu’il allait nous compliquer la tâche… Puis le conflit s’est enlisé et le régime d’Assad n’est pas tombé. Nous en sommes là, après nous être beaucoup trompés.

Pourquoi les jeunes djihadistes sont-ils attirés par les groupes les plus extrémistes comme l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL), et non par l’opposition islamiste plus modérée ?

Je suis beaucoup la propagande des groupes radicaux sur internet et il faut reconnaître que ce sont des professionnels de la communication. Ils savent vraiment parler aux jeunes auxquels ils s’adressent, qui sont à la recherche d’affirmations très radicales et de sensations fortes. Ils ont de l’argent et sont bien équipés, notamment en armes, ce qui attire les jeunes. Leur propagande est très bien faite.

Quelle est cette dimension religieuse propre à la Syrie ?

La Syrie, Bilad el-Sham en arabe, joue un rôle particulier dans l’eschatologie musulmane. Ce pays de Cham est cité dans le Coran et les Hadiths, car c’est là que doit se dérouler l’affrontement final contre Satan, contre la Bête à la fin des temps, lors du jugement dernier. Les musulmans croient même que Jésus –dans sa version coranique– reviendra sur terre en Syrie. L’un des minarets de la mosquée des Omeyyades à Damas est d’ailleurs appelé le minaret de Jésus. Tout cela résonne dans l’imaginaire des djihadistes. Ils mènent un combat contre ce qu’ils considèrent comme le Mal sur une terre dont parle la tradition islamique. Voilà aussi pourquoi la Syrie est devenue un tel aimant.

Reproduction autorisée avec mention :

M. Garroté réd chef www.dreuz.info

Source :

http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/syrie-joue-role-tres-particulier-dans-l-eschatologie-musulmane-13137

 

 

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