Qu'est-ce qui a bien pu pousser de jeunes Suisses convertis parfaitement intégrés à aller faire le djihad au non d'Allah ? Hafid Ouardiri a une réponse toute trouvée.
https://www.youtube.com/watch?v=1XhVDfcHM0o
Les musulmans sont-ils des malades mentaux ou juste des croyants, ont-il besoin de "psychiatres" ou juste d'une corbeille à papier ?
Merci ajm
Voir encore
En gros, Monsieur Ouardiri nous dit que le jihad existe bel et bien, mais que seuls des malades le comprennent comme ces jeunes gens, qui s’arment et partent faire la guerre dans la voie de dieu. Que le jihad serait essentiellement une chose spirituelle, religieuse, vertueuse. Peut-être aura-t-il envie de fonder cette interprétation sur des éléments des textes fondateurs de l’islam? Voici en tout cas certains des éléments susceptibles d’avoir inspiré «nos» jihadistes «malades», en guise d’amorce de débat.
Pour ceux qui croient en l’existence du dieu de l’islam, le coran exerce certainement la fascination la plus massive. Ce livre est censé contenir la parole même de dieu, en arabe. Or le coran parle souvent de tuer des gens. On peut trouver aisément ces versets dans un coran en ligne. Mais les pires appels au jihad sont en fait ailleurs. D’abord, quelques explications avec un exemple:
Il s’agit du verset 4.74. Nous avons ici l’arabe-arabe, la transcription de l’arabe et une traduction commune en français. Le premier terme du verset, Falyuqatil, est un verbe basé sur la racine QTL, laquelle implique l’action de tuer (voir plus bas, note 1). Les termes suivants, fee sabeeli Allahi, signifient «dans la voie de dieu». Une meilleure traduction, plus fidèle, serait donc «Qu’ils fassent la guerre dans la voie de Dieu», ou «Qu’ils fassent des tueries dans la voie de Dieu», car le verbe arabe insiste sur l’action de tuer. L’auteur aurait pu choisir 12 autres verbes pour parler d’un effort plus général. Mais il a choisi la racine QTL – il s’agit de tuer, de donner la mort, concrètement d’égorger les gens. Voici une petite collection de versets que j’ai placés dans l’ordre chronologique de la révélation et dans lesquels j’ai remplacé l’euphémisme du traducteur par la signification qui ressort directement de l’arabe (en italiques):
D’autre part, le coran indique que cette attitude est particulièrement bien vue par le dieu de l’islam, qui promet aux guerriers des récompenses et un statut supérieurs, dans ce monde (80% de leurs butins) et dans l’autre (l’éternité dans les jardins de dieu), ainsi que le pardon de leurs crimes:
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Note 1) Sur la racine Q-T-L:
http://www.unige.ch/theologie/distance/cours/he/lecon4/verbefort.htm
http://www.ciep.fr/sites/default/files/migration/publications/docs/comparaison.pdf
http://espacemaroc.free.fr/culture/darija/darija07.html
etc.
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Il est donc évident, à la lecture du coran, que le jihad est, peut-être pas uniquement mais en tout cas certainement, une guerre, et que cette guerre est voulue par dieu, qui récompense mieux ses guerriers que les musulmans pacifiques. Le coran promet certes aussi des bienfaits à ceux qui prient beaucoup, s’efforcent de suivre ses préceptes et veillent à ne pas s’écarter de sa voie, mais seuls les jihadistes ont droit à un pardon automatique de leurs crimes s’ils meurent au combat et le meilleur du paradis leur est réservé. Cette promesse a bien sûr de quoi séduire avant tout ceux des musulmans dont la conscience n’est pas particulièrement tranquille.
Après le coran, les principales sources, les principaux textes fondateurs de l’islam sont les hadiths, soit des paroles ou des actes du prophète qui font autorité. Il y a des hadiths de plusieurs sortes, de diverses valeurs, en fonction de leur origine et de la qualité de leur chaîne de transmission. Certains, dits «qudsi», sont réputés sacrés, ou saints, ou divins, car leur origine est dieu lui-même – ils sont censés transmettre un message de dieu, mais qui ne figure pas tel quel dans le coran. Pour les croyants, ils ont bien sûr une valeur très spéciale et les éditeurs les proposent dans de belles versions soignées. Que disent les hadiths qudsi sur le jihad?
http://www.muslimshop.fr/somme-de-hadiths-qudsis-avec-les-commentaires-version-cartonnee-p-2524.html
Chapitre 18:
Premier hadith proposé:
Voici plus brièvement les titres des autres hadiths qudsi sur le jihad:
Voici pour le jihad dans les hadiths qudsi. Rien sur un effort spirituel. Pour les autres hadiths, je peux proposer au lecteur de chercher des exemples sur le jihad spirituel dans Bukhari et Muslim, les deux collections «sahih » (authentiques) qu’on peut consulter en ligne ici:
http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/bukhari/052-sbt.php
Fighting for the Cause of Allah (Jihaad)
http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/bukhari/059-sbt.php
Military Expeditions led by the Prophet (pbuh) (Al-Maghaazi)
http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/bukhari/082-sbt.php
Punishment of Disbelievers at War with Allah and His Apostle
http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/muslim/019-smt.php
The Book of Jihad and Expedition (Kitab Al-Jihad wa’l-Siyar)
On peut en trouver un ou deux interprétables de cette manière dans le lot. Je laisse au lecteur le soin d’estimer dans quelle mesure ils sont convaincants.
Au-delà du coran et des hadiths, les biographies et les chroniques peuvent aussi compter parmi les textes fondateurs de l’islam, dans la mesure où elles nous renseignent en détail sur le comportement du prophète. Il est certain que pour un croyant, ces ouvrages possèdent une force d’attraction considérable.
Voici la Sira, la biographie originale du prophète de l’islam, ou du moins la somme de tous les extraits que nous en connaissons par des auteurs plus tardifs, dans un format lisible en ligne:
https://archive.org/stream/TheLifeOfMohammedGuillaume/The_Life_Of_Mohammed_Guillaume#page/n0/mode/1up
Il en existe une bonne version française mais moins complète, basée seulement sur la plus vaste recension de l’original, celle d’Ibn Hicham, réalisée quelques dizaines d’années après la Sira d’Ibn Ishaq (lecture partielle en ligne):
http://books.google.ch/books?id=qG7s8SCy3uUC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
On peut aussi consulter l’ouvrage suivant de Waqidi (745-822), qui relate plus précisément les campagnes militaires du prophète des musulmans, et qui est donc plus particulièrement centrée sur le jihad, justement (lecture partielle en ligne):
http://books.google.ch/books?id=-Z4nAAAAQBAJ&lpg=PP1&hl=fr&pg=PP1#v=twopage&q&f=false
Les lecteurs les plus sérieux se procureront aussi les portraits (ou «dictionnaires biographiques») du prophète par Ibn Sa’d (Kitab Al-tabaqat Al-kabir) et bien sûr la chronique de Tabari (qui doit être disponible en ligne en français). Les lecteurs arabophones sont plus gâtés: ils peuvent trouver à peu près tous les ouvrages d’histoire de l’islam, entièrement indexés, avec un moteur de recherche performant, sur http://www.mezan.net
En bref, on découvre ici que le prophète de l’islam a passé près de dix ans à faire la guerre, par métier, jusqu’à sa mort, et que, ce faisant, il n’a pas vraiment inventé les Conventions de Genève avant la lettre. Il est fort douteux que quiconque se penche longuement sur le jihad du prophète y trouve la conviction sincère que le jihad est un effort spirituel. Mais bien sûr, il faut de tout pour faire un monde.
On objectera peut-être ici que le prophète a été entraîné dans la guerre à son corps défendant, et que son message initial était pacifique. Mais ce n’est hélas pas l’impression qu’on acquiert en examinant le coran dans l’ordre chronologique de la révélation (indiqué par exemple ici: http://wikiislam.net/wiki/Ordre_Chronologique_du_Coran )
En effet, la première sourate révélée (selon la classification de l’université-mosquée Al-Azahr, le centre mondial du sunnisme), porte le numéro 96. On peut déjà y lire des menaces de lâcher les chiens de l’enfer sur ceux qui s’opposent à l’islam (dernier verset). La deuxième sourate révélée (68), traite déjà les sceptiques de quantité de noms d’oiseaux («menteur», «grand jureur, méprisable, grand diffamateur, grand colporteur de médisance, grand empêcheur du bien, transgresseur, grand pécheur, au coeur dur, et en plus de cela bâtard», «rebelles», «criminels») et annonce déjà des calamités, des horreurs et des châtiments. Et la troisième sourate révélée (73) parle déjà d’aller «faire la guerre dans la voie de dieu» («yuqatiloona fee sabeeli Allahi», verset 20).
D’autre part, si nous avons lu les biographies et les chroniques, nous savons à ce point de l’étude que le dieu des musulmans leur a permis de faire la guerre, de tuer, même pendant une trêve, pour défendre simplement la religion, le fait de pouvoir pratiquer son culte exactement comme il le prescrit (épisode de Nakhla, verset 2.217).
On peut se réjouir du fait que certains musulmans renoncent tout de même au jihad militaire. Mais il faut avoir une bien piètre opinion des gens, et surtout des croyants, pour affirmer péremptoirement que c’est là le message central de l’islam et que seuls des malades trouvent matière, dans la lecture des textes fondateurs musulmans, à partir «faire la guerre dans la voie de dieu, tuer et se faire tuer».
Mais il est vrai que le prophète aurait aussi dit de la guerre qu’elle est tromperie. Et quelle plus belle tromperie guerrière que de recruter ainsi tacitement des guerriers suicidaires en vantant les mérites de la religion, de la paix, de la tolérance, ou de l’entre-connaissance?