"Les bilatérales III sont un traité de soumission commerciale", affirme Beat Kappeler
Economiste et auteur du livre "Le monde se déchire: et la Suisse? Guerre, euro, migration, dette, inflation, émeutes, géopolitique", publié aux éditions Favre, Beat Kappeler estime que les accords bilatéraux III mettent en danger la souveraineté juridique de la Suisse.
Car selon lui, ces accords imposeraient une reprise automatique et continue du droit européen, ceci "sans savoir ce qu'il en sera à l'avenir. C’est, tout de même, un traité de soumission. Aucun autre traité commercial, ni dans l’histoire ni aujourd’hui, ne contient une telle clause", souligne-t-il lundi dans La Matinale.
Il compare cette situation à celle de la Suisse sous domination napoléonienne à la fin du XVIIIe siècle, soulignant le caractère selon lui anormal et dangereux de cette dynamique.
"Nous sommes plus fiables que Bruxelles"
Pour Beat Kappeler, l'absence d'accord avec l'Union européenne ne constituerait pas une catastrophe. Il estime que "les traités actuels, notamment celui de libre-échange de 1972, restent valables" et suffisants pour maintenir les relations commerciales.
En cas de refus, il reconnaît que "l'Union européenne va être effarouchée un tout petit peu, mais rappelle que la Suisse est l’un de ses plus grands clients: "Nous sommes un partenaire fiable, plus fiable même que la Commission européenne."
En cas de refus des bilatérales III, l’UE va être effarouchée un tout petit peu, mais nous sommes l'un de ses plus grands clients
En cas de différends, il rappelle que la Suisse pourrait toujours faire appel à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce que les bilatérales III interdiraient: "Le traité proposé nous interdirait justement de recourir à l’OMC dans nos relations avec l'Union européenne. Si nous ne signons pas, nous gardons cette possibilité." Le véritable enjeu, insiste-t-il, reste le refus d’une reprise automatique du droit européen.
>> L'avis de Beat Kappeler sur les Bilatérales lors d'un extrait de la revue de presse de La Matinale :
Les atouts structurels de la Suisse
Dans un monde en pleine mutation, Beat Kappeler estime que la Suisse possède de solides acquis: stabilité financière, sobriété de l'Etat, décentralisation politique et forte participation citoyenne. Pour lui, ce sont des atouts importants qui permettent de rester optimiste.
"Nous l'oublions souvent, mais la Suisse est un grand pays. Si nous additionnons toutes les heures travaillées, nous atteignons un cinquième du volume de travail de la France — et non un dixième — parce que nous travaillons davantage, et aussi parce que 300'000 frontaliers viennent travailler ici plutôt qu'au-delà de la frontière", observe-t-il, fier du modèle helvétique.
Néanmoins, il rappelle que le pays ne doit pas se contenter de ces forces passées, surtout dans un monde qui change rapidement.
Propos recueillis par: Aleksandra Planinic
Adaptation web: Miroslav Mares
Lien vers l'émission complète :
https://www.rts.ch/info/suisse/2025/article/beat-kappeler-les-bilaterales-iii-un-traite-de-soumission-pour-la-suisse-28935829.html?

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