Verseau, d’Oskar Freysinger

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Jean Tourel est membre d'une ONG, Green Desert, qui a pour objectif la renomadisation du désert. Un jour, au milieu de nulle part, dans le Ténéré, il fait une rencontre des plus insolites.

 

À l'ombre d'un acacia, est accroupi un nomade, Meddur, qui est venu y mourir. Après être descendu de son Land Rover, il converse avec lui en sirotant du thé, préparé par le vieux Targi.

 

C'est une conversation entre un nomade et un agronome. L'un étant philosophe, l'autre géographe. Ce qui ne les empêche pas de s'entretenir, puis de dormir, proches, une fois la nuit venue.

 

Au moment de se quitter, le lendemain, le Land Rover ne veut pas démarrer et, contre toute attente, pour Jean, c'est le vieux nomade qui parvient, avec les outils du véhicule, à le dépanner.

 

Après quoi, Jean s'en va avec ledit véhicule. Il n'a pas parcouru cinquante kilomètres qu'il revient voir Meddur, qui n'est pas surpris. Il veut connaître la réponse à la question qu'il se pose:

 

Comment se fait-il qu'une personne qui a plus ou moins passé sa vie dans le désert soit capable de réparer un moteur défectueux en un rien de temps?

 

C'est une longue histoire que lui raconte Meddur, dont la mort peut attendre, l'histoire la plus incroyable et la plus folle qui se soit déroulée dans le Ténéré, qu'il enregistre avec son accord.

 

Enfin, un accord obtenu après débat. Car Meddur n'y consent finalement que parce que cette histoire lui tient particulièrement à coeur et que ce ne serait pas si mal qu'elle laisse une trace:

 

Ce n'est que par la parole que l'homme peut survivre en tant qu'être civilisé.

 

C'est l'histoire d'un homme venu au secours de son peuple. Après avoir vécu en ville, celui-ci est retourné au désert, mais l'eau du duar s'épuisait à mesure que les besoins augmentaient.

 

Cet homme s'appelait Jonas Dupuis et était apparu un jour avec un camion-citerne de 15'000 litres. Il portait bien son nom et son prénom, et était du signe du Verseau, comme le titre...

 

Meddur, le chef tribal, diffère beaucoup de Jonas, l'ingénieur. L'un est croyant, l'autre, rationnel. Mais, au fond, ils se complètent et vont se nourrir de leurs connaissances l'un de l'autre.

 

Si Meddur apprend à Jonas comment survivre dans le désert, Jonas apprend à Meddur à être prévoyant, c'est-à-dire à ne pas se laisser berner par l'imprévisible en ayant toujours un plan B.

 

C'est bien une longue histoire, pleine de tribulations, que raconte Meddur à Jean. Il lui faudra trois jours, trois nuits, pour ce faire, prenant plaisir à mettre la patience d'icelui à rude épreuve.

 

Quelques matières à réflexion glanées au cours de ce récit:

 

  • Quiconque dans sa soumission illimitée à la lumière, rend absolues les Écritures saintes et dédaigne la nature, est à juste titre condamné à une mort précoce.
  • La tradition écrite pourrait subir le même destin que la tradition orale: là où l'oeil ne reconnaît plus rien, la tête finit par s'égarer. Et lorsque les têtes pensantes viennent à manquer, il n'y a bientôt plus personne pour ramener l'écriture à la vie.
  • Où il y a un désert, il y a de l'espoir, car ce que le désert donne, nourrit sans rassasier et abreuve sans étancher la soif.

 

Francis Richard

 

Verseau, Oskar Freysinger, 160 pages, Selena Éditions

 

Livres précédemment chroniqués:

 

L'évasion de CB Xenia (2008), publié sous le pseudonyme de Janus

Le nez dans le soleil Editions de la Matze (2009)

Canines Xenia (2010), publié sous le pseudonyme de Janus

Antifa Tatamis (2011)

Garce de vie Editions Attinger (2012)

De la frontière Xenia (2013)

Le remède suisse - Antigone chez les Helvètes Xenia (2016)

Animalia - Une cacatopie Selena Éditions (2024)

L'oreille aveugle Selena Éditions (2024)

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard.

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