Premier président au Super Bowl, Donald Trump savoure sa revanche sur Taylor Swift et poursuit sa reconquête du sport

post_thumb_default

 

La 59e édition de la grande finale de la saison de football américain, qui opposera les Chiefs de Kansas City aux Eagles de Philadelphie dans la nuit de dimanche à lundi à La Nouvelle-Orléans, donne l’occasion au président d’étendre son influence

Donald Trump, en reconquête du milieu sportif, sera le premier président en exercice à assister dimanche à La Nouvelle-Orléans au Super Bowl, finale de la ligue professionnelle de football américain NFL, qu’il a régulièrement accusée d’être trop progressiste. Le match, 59e édition de ce qui est devenu le plus grand show annuel aux Etats-Unis avec ses audiences phénoménales, des publicités-événements et son concert de la mi-temps, oppose les Chiefs de Kansas City aux Eagles de Philadelphie.

«Même s’il y va parce qu’il aime le football (américain), c’est un geste politique parce qu’en tant que président des Etats-Unis, tout ce qu’il fait est politique», estime Amy Bass, professeure d’études sportives à l’Université Manhattanville. Grand amateur de sport, au point de posséder plusieurs golfs et même une équipe professionnelle de football américain au milieu des années 1980, Donald Trump avait été fraîchement accueilli par le milieu lors de son premier mandat. Plusieurs équipes championnes avaient même rompu avec la tradition de la visite de la Maison-Blanche pour manifester leur opposition à la politique du président, notamment les Eagles de Philadelphie, vainqueurs du Super Bowl en 2017.

Lire aussi: Le dernier match des indemnisés du football américain

Mais à l’instar de l’élargissement de sa base électorale lors de la campagne présidentielle, le bouillant républicain a progressivement retrouvé un ancrage dans le sport durant sa campagne pour sa seconde élection. Illustration de ce repositionnement, il a accueilli lundi en fanfare le club de hockey des Florida Panthers, champion en titre de la ligue NHL.

Parmi les propriétaires d’équipes de la NFL qui ont contribué financièrement lors de la dernière campagne présidentielle, l’immense majorité a choisi le camp républicain. «La NFL n’a jamais été un bastion de gauche, mais la dernière campagne a fait du football un terrain plus disputé politiquement que d’ordinaire», nuance Amy Bass. L’universitaire cite le choix du colistier de Kamala Harris, Tim Walz, un ancien entraîneur de football américain au lycée. Tranchant avec leur communication habituelle, les démocrates ont mis en avant plusieurs anciens joueurs dans leurs rangs et régulièrement usé de paraboles footballistiques.

Lire encore: Donald Trump et Kamala Harris pistent les jeunes hommes sur les terrains de sport

L’épisode Kaepernick

La NFL est ainsi loin d’être acquise à Donald Trump, d’autant que la ligue reste marquée par un épisode douloureux de plusieurs années auquel avait pris part le milliardaire. En 2016, la décision du quarterback des San Francisco 49ers, Colin Kaepernick, de mettre un genou à terre durant l’hymne américain en signe de protestation contre les violences policières à l’égard des minorités avait provoqué un séisme.

Donald Trump s’était rapidement mêlé au débat, demandant l’exclusion du joueur, avant d’en appeler aux propriétaires de clubs lors d’une réunion publique à «virer le connard» qui se manifesterait pendant l’hymne. Faute de sanctions, le chef de l’Etat avait alors multiplié les attaques contre ces propriétaires et visé également le patron de la ligue, Roger Goodell, sans succès.

Lire aussi: Colin Kaepernick, ou le difficile retour du sportif engagé

Avec le décollage du mouvement anti-discrimination Black Lives Matter au printemps 2020, la crise s’est aggravée en NFL, un temps accusée par le New York Times de «se mettre à genoux devant Trump». La ligue a fait son mea culpa, poussé vers la sortie certains entraîneurs et propriétaires accusés de racisme, et annoncé investir 250 millions de dollars sur dix ans pour «combattre le racisme systémique» et financer des programmes éducatifs. Elle s’est ainsi offert une forme de paix sociale et les relations entre joueurs et dirigeants se sont considérablement apaisées depuis.

La décision de la ligue, cette semaine, de ne plus apposer le slogan «End Racism» («mettons fin au racisme») aux deux bouts du terrain lors du Super Bowl a été interprétée par certains comme une concession au discours «anti-woke» de l’équipe Trump. Mais Roger Goodell a affirmé lundi que la ligue continuerait à promouvoir la diversité en son sein, «parce que nous nous sommes prouvé que cela rendait la NFL meilleure».

«Un grand honneur»

Ces propos ont pris le contrepied des récentes mesures du gouvernement Trump pour mettre un terme aux politiques favorisant l’intégration des minorités. Dans le sport universitaire, la puissante organisation NCAA qui régit aux Etats-Unis les compétitions entre athlètes-étudiants a annoncé jeudi interdire la participation des sportives transgenres, au lendemain d’un décret exécutif de Donald Trump en ce sens.

A l’annonce de la présence du président lors du Super Bowl, les joueurs ont réagi positivement, le receveur des Chiefs, Travis Kelce, parlant même d’un «grand honneur». Sa compagne, la reine de la pop Taylor Swift, a pourtant soutenu Kamala Harris lors de la campagne, ce qui a poussé Donald Trump à écrire, en septembre: «Je déteste Taylor Swift.» Le sacro-saint concert de la mi-temps du Super Bowl pourrait, par ailleurs, être l’occasion pour une autre étoile de la musique, le rappeur Kendrick Lamar, de s’en prendre au président, qui a déjà été sa cible.

Lire également: De Jon Jones à la NFL, et même jusqu’en Chine: quand Donald Trump est là, les sportifs dansent

Amy Harris s’interroge sur l’accueil que réservera le public du Caesars Superdome, dimanche. «On ne sait jamais comment la foule va réagir, parce que les gens ne sont pas là pour voir un homme politique», fait-elle valoir, tout en soulignant qu’il «est difficile de trouver une ville qui haïsse Trump autant que Philadelphie».

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.