Consensus climatique : science ou idéologie ?

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Le point de vue d’un ingénieur

La responsabilité du CO2 anthropique dans le réchauffement climatique apparaît comme une vérité absolue au motif d’un consensus scientifique sur le sujet. La référence en la matière est une étude australienne[1] publiée en 2013 qui conclut que 97% des scientifiques compétents considèrent que le réchauffement climatique est bien d’origine anthropique.

La méthodologie est intéressante : 11944 publications dont les résumés contiennent les termes « global warming » et « global climate change » parues entre 1991 et 2011 dans des revues à comité de lecture ont été analysées et classées sur le critère de la responsabilité humaine.

Pourtant, sur ces 11944, 7970 soit les deux tiers ne donnent aucun avis sur le sujet et sont exclus du panel. Sur le tiers restant selon cette première troncature, seules 1010 publications (soit 8,5% du total) donnent explicitement un avis et 986 d’entre elles indiquent effectivement que l’homme est responsable. Il s’agit bien d’un peu plus de 97%… mais 97% de 8,5%… c’est à dire en réalité 8,25% des publications concernées !

Ainsi, la très grande majorité de la communauté scientifique supposée compétente ne donne aucun avis explicite sur la question dès lors qu’il s’agit de s’exprimer dans le cadre professionnel de la publication.

Une étude américaine de même nature publiée en 2021[2] produit des pourcentages comparables, dignes d’une « république bananière », mais encore une fois appliqués à une minorité de publications, ce qui en atténue bien sûr la portée.

A moins que les mots aient perdu leur sens, peut-on honnêtement utiliser ces résultats pour conclure à un « consensus » ?

Le paradoxe surprenant est en fait le faible taux d’engagement des scientifiques, à total contre-courant des idées reçues.

Il s’explique en réalité assez facilement :

Le fonctionnement de l’atmosphère relève en effet d’un champ multifactoriel particulièrement complexe qui fait appel à de nombreuses disciplines scientifiques (astronomie, océanographie, glaciologie, physique du rayonnement, etc.).

Aucune d’entre elles, fût-elle étiquetée « climatique », ne peut à elle seule proposer une synthèse intégrant l’ensemble des facteurs interagissant. Les modèles de simulation eux-mêmes n’ont pas cette capacité.

Dès lors, afficher une telle certitude nécessite de se positionner au-delà de son champ de compétence propre, ce qui incite naturellement à la réserve, dès lors qu’il s’agit de publier.

Certains scientifiques, pourtant, et non des moins médiatisés, s’exonèrent de cette réserve.

On peut même dire que c’est la marque de ces scientifiques « engagés » qui mêlent leur travail et leurs convictions personnelles.

John Cook, auteur principal de l’étude de référence, ne se cache pas de l’aspect « moral » de son approche : « Nous avons voulu que notre article ait un impact tangible » n’a-t-il pas hésité à déclarer dans une interview (Scientific American – 24 07 2014).

Comme d’autres, il a parfaitement réussi politiquement, mais cette réussite politique ne signe -t-elle pas dans le même temps la ruine de l’éthique scientifique la plus élémentaire ? Ces présentations biaisées apparaissent clairement comme des actes militants.

Si tout scientifique interrogé dans la rue sera tenté d’approuver, comme tout un chacun, l’idée du rôle majeur (et catastrophique) du CO2 anthropique, ce ne sera pas parce qu’il saura le démontrer, mais parce que telle est la doxa ainsi fabriquée et entretenue.

Il est actuellement pratiquement impossible pour un chercheur en activité d’envisager de la remettre un tant soit peu en question. Sa carrière et ses financements en seraient immédiatement menacés, en conformité avec le bannissement de la raison critique sur ce sujet.

L’histoire montre pourtant la vanité du principe même de consensus scientifique.

La plupart des grandes avancées scientifiques ont contredit les consensus préexistants, à l’image de la tectonique des plaques qui a mis 60 ans avant de s’imposer à la communauté des géologues qui n’y croyait pas.

Le consensus climatique est également battu en brèche en tant que tel, comme le revendiquent près de 2 000 scientifiques indépendants dont deux prix Nobel qui ont publié fin novembre 2024, dans une déclaration intitulée « Il n’y a pas d’urgence climatique » (Clintel.org), cette proposition de bon sens, vu l’état réel des connaissances: « notre conseil aux dirigeants du monde est que la science devrait s’efforcer de mieux comprendre le système climatique, et que la politique devrait se concentrer sur la minimisation des dommages climatiques potentiels en donnant la priorité aux stratégies d’adaptation fondées sur des technologies éprouvées et abordables».

En dépit de cela et au motif de cette « unanimité » martelée sans la moindre contradiction, une chape de plomb climatique s’est bien abattue sur l’ensemble des institutions publiques de notre pays et sur le monde académique. Des décisions de politique publique stupéfiantes sont prises. Même la plus haute autorité scientifique, l’Académie des Sciences, dont la responsabilité est centrale, participe à cette forme d’Omerta.

Le constat est que les Lumières sont éteintes par ceux dont la mission est de nous éclairer. La Science et surtout la Société tout entière en sont les grandes perdantes.

Présentation de l’auteur

L’auteur est ingénieur (Mines de Nancy) et scientifique de formation (thèse de docteur ingénieur en hydrogéologie mathématique – Ecole des Mines de Paris) ; ancien PDG d’une entreprise issue de la recherche spécialisée dans les modèles numériques de simulation pour l’industrie (Transvalor SA), il a une expérience concrète de la modélisation numérique appliquée à différents domaines, dont la géosphère.

Il est familier du milieu de la Recherche, ayant été pendant 20 ans directeur de l’association ARMINES , structure de recherche partenariale de l’Ecole des Mines (partenariat recherche académique – recherche privée).

C’est bien sûr à titre personnel qu’il s’exprime, estimant disposer de l’expérience et de la compétence pour exercer sa raison critique sur l’état de la science climatique et de son contexte.


[1] John Cook et al : Environmental research letters : Quantifying the consensus on anthropogenic global warming in the scientific literature -Environ. Res. Lett. 8 024024- 15 05 2013.

[2] Mark Lynas, Benjamin Z Houlton et all : Environnemental research letters : Greater than 99% consensus on human caused climate change in the peer-reviewed scientific . 19 10 2021.

 

Extrait de: Source et auteur

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