A Genève, Charles Michel appelle à «ne pas jeter les Géorgiens dans les bras de la Russie»

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Le président du Conseil européen s’est opposé hier à un boycott de Tbilissi après des législatives remportées par le parti pro-russe au pouvoir

Le président du Conseil européen Charles Michel appelle à «ne pas jeter les Géorgiens dans les bras de la Russie» en boycottant Tbilissi après les législatives. Jeudi à Genève, remerciant la Suisse sur l’Ukraine, il a souhaité que les Etats-Unis restent fermes. «Ne posons pas des actes qui jettent la Géorgie et les Géorgiens dans les bras de Moscou», a affirmé le Belge à quelques journalistes.

Il s’oppose à un boycott de ce pays lors de la réunion de la Communauté politique européenne la semaine prochaine à Budapest, à laquelle la Suisse participera. «Sûrement pas», dit-il. Il rencontrera d’ailleurs probablement le premier ministre géorgien en marge de cette rencontre. Et il fait remarquer que les indicateurs montrent que la population géorgienne souhaite se rapprocher des pays européens.

Le président du Conseil européen, qui doit être remplacé avant la fin de l’année par l’ancien premier ministre portugais Antonio Costa, a demandé des investigations sur les possibles fraudes dans les législatives controversées en Géorgie. Le résultat de celles-ci aura une influence sur l’avenir des liens entre les Vingt-Sept et Tbilissi, candidate à devenir membre, répète-t-il, alors que le recomptage a confirmé le succès du bloc pro-russe.

Un rappel des faits

Les éléments clés des élections législatives en Géorgie

Les résultats du 26 octobre. Avec 54% des voix, le parti conservateur au pouvoir, Rêve géorgien, peut espérer 91 des 150 sièges du parlement. Un résultat contesté par l’opposition (une coalition de quatre partis politiques), dont la présidente Salomé Zourabichvili.

Un scrutin crucial. Pour cette ancienne république soviétique, l’élection avait valeur de «référendum»: un avenir tourné vers l’Union européenne avec l’opposition, ou vers l’est avec Rêve géorgien, accusé de dérive autoritaire pro-russe. Son dirigeant considérait ce choix comme un choix entre la paix et la guerre avec la Moscou.

Des incidents. Le jour de l’élection, des observateurs internationaux ont évoqué des «achats de voix», des «atteintes au secret du vote», des «agressions physiques» et des «bourrages d’urnes».

Une enquête. Le 30 octobre, le parquet géorgien a ouvert une enquête pour «falsification présumée» du scrutin.

Et l’UE dans tout ça? L’avenir de l’adhésion du pays reste incertain. Bruxelles a gelé le processus en mai, après la promulgation d’une loi sur l'«influence étrangère», inspirée d’une législation russe visant à museler la société civile.

Fonds européens au plus tard au début 2025

De même, il met en garde les dirigeants des Vingt-Sept qui refuseraient de participer au Sommet européen piloté par le premier ministre hongrois controversé Viktor Orban, proche de Moscou, le lendemain. «Je persiste et signe» contre «une fausse bonne idée», dit-il, alors qu’il tente de les convaincre d’assister à la réunion. Charles Michel souhaite encore que Washington, quel que soit le président, ne réduise pas son aide militaire à l’Ukraine. «Que signifierait un signe de faiblesse des Etats-Unis vis-à-vis de la Russie en termes d’interprétation par d’autres régimes autoritaires, la Chine par exemple?», dit-il.

Il répète aussi qu’il ne souhaite pas que les Etats européens dépendent des élections «d’un Etat tiers», que ce soient les Etats-Unis, la Russie ou la Chine. Sans se prononcer sur la possibilité que le volet militaire de l’aide européenne augmente en cas de changement de l’approche américaine, il rappelle que les Vingt-Sept ont été les premiers à envoyer des armes à Kiev après le début de la guerre. Et il rappelle aussi que le Conseil européen a confirmé récemment sa volonté de garantir les financements promis dans le cadre du G7.

Selon lui, ces montants «extrêmement importants», 35 milliards d’euros pris sur les avoirs russes gelés dans les Etats membres, devraient pouvoir être acheminés pour Kiev au plus tard «au début de l’année prochaine». «Nous n’avons pas le droit d’être fatigués» dans le soutien à l’Ukraine, dit-il. Plus de deux ans après le début de la guerre, «nous réussissons à avoir le soutien de nos sociétés. Pas simple», affirme également le président du Conseil européen.

Lire aussi: Après un scrutin entaché d’irrégularités, la Géorgie hypothèque son avenir européen

Pas de commentaire sur le dialogue avec la Suisse

Il remercie la Suisse pour son rôle avec le dispositif lancé au niveau des dirigeants au sommet du Bürgenstock (NW). «Ce qui est difficile, ce n’est pas de trouver un pays pour la prochaine réunion. Ce qui est difficile est de garantir que la prochaine réunion fera un pas supplémentaire dans la bonne direction», selon lui. Et de relever l’importance de dialoguer avec des Etats non européens pour les convaincre face aux «mensonges» de la Russie.

Le président du Conseil répète aussi que la discussion sur des sanctions économiques contre Israël «n’est pas nouvelle» au niveau ministériel. Ce qui l’est en revanche, c’est que les dirigeants au niveau du Conseil européen estiment «de plus en plus» que cette question «sera abordée tôt au tard».

Violations des droits humains, déclaration du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres ou encore décision contre l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, plusieurs volets sont «inacceptables», ajoute le Belge. Mais «nous ne voulons pas que l’Iran utilise» de possibles sanctions militaires contre Israël pour «attaquer» l’Etat hébreu. Selon lui, les attitudes offensives de Moscou et de Téhéran dans le monde sont assez similaires.

Le président du Conseil européen est à Genève jusqu’à vendredi. Pendant deux jours, il rencontre les chefs de plusieurs agences onusiennes et doit faire un discours devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Pas de rencontre prévue avec le Conseil fédéral. Les négociations avec Berne sont menées par la Commission européenne et même s’il est l’interlocuteur des Etats membres, il ne fait «pas de commentaire» sur ce dialogue avec la Suisse.

 

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