Près de 80 % des lois agricoles se décident à Bruxelles. Les paysans ont donc compris que leur cheval de bataille n’était plus national mais européen. Les agriculteurs espagnols et français ont manifesté et bloqué ensemble certains passages entre les deux pays. Cette mobilisation commune a pu paraître curieuse voire anachronique. Souvent, les agriculteurs français dénoncent la concurrence déloyale espagnole en matière de commercialisation de fruits et de légumes.
En réalité, cette alliance franco-espagnole démontre une inquiétude commune, grandissante en Europe, face aux traités de libre-échange et à d’autres concurrents du bassin méditerranéen, par exemple.
Un problème de fond pour les exportateurs
Le Maroc constitue un bon exemple de la complexité du dossier agricole. Dans ce pays où les coûts salariaux sont bien plus bas qu’en Europe, les fruits et légumes sont beaucoup moins chers. Ils arrivent sur nos étals, mettant en difficulté les productions locales. La grande difficulté réside dans le fait que la balance commerciale agricole avec le Maroc est plutôt positive pour la France. On y exporte du blé, des pommes de terre, du lait… français… donc la remise en cause des importations de fruits et légumes marocains poserait un problème de fond à certains de nos exportateurs français.
Mais le principal danger se cache dans les traités de libre-échange. Ils sont toujours dans le viseur de la contestation paysanne. L’inquiétude est centrée sur les fameuses clauses miroirs, ces conditions réciproques pour exporter et importer… avec les mêmes règles et les mêmes obligations. Tout se passe comme si avec ces traités européens fédéralistes, l’agriculture n’était devenue qu’une simple variable d’ajustement pour des échanges industriels ou de matières premières.
Retour en force à la rentrée ?
Le coût de l’énergie n’a pas trouvé non plus de vraies réponses. Jérôme Bayle, leader indépendant agricole, promet, si ses revendications ne sont pas respectées, de revenir en force à la rentrée de septembre. Le monde paysan gronde encore. Macron a tort d’imaginer qu’après son “show” au Salon de l’agriculture, la question de l’agriculture française est réglée. Qui peut croire aussi qu’en dix-sept heures sur place, Macron a trouvé la solution pour la Nouvelle-Calédonie ? La méthode Macron n’est que communication.
D’ici la prochaine rentrée de septembre et après les élections européennes, Bruxelles risque de revenir à la charge sur le fameux traité du Mercosur. Sera-t-il adopté malgré les dénégations de l’exécutif français ? Il y aurait de quoi rallumer la mèche de la contestation agricole partout en France… mais aussi en Europe.
Une magnifique agriculture qui se bat pour sa survie
Et puis, il y a la question de notre “petite” agriculture. En Haute-Garonne, en Occitanie, d’où est partie cette mobilisation agricole historique, cette magnifique agriculture se bat pour sa survie… Les subventions à la surface de la politique agricole commune (Pac) favorisent les gros agriculteurs industriels de la Beauce, avec leurs centaines d’hectares, mais pas les viticulteurs ou les arboriculteurs de Haute-Garonne ou d’Occitanie, avec une vingtaine d’hectares en moyenne, qui ne touchent que quelques milliers d’euros par an.
C’est aussi cette agriculture dont nous avons besoin pour ne pas oublier nos traditions et nos racines, et sauvegarder notre souveraineté alimentaire.
L’article Eric Revel : la colère des agriculteurs n’est pas éteinte est apparu en premier sur Valeurs actuelles.
Extrait de: Source et auteur
La colère ne sert à rien quand on ne comprend pas le problème ou/et qu’on ne fait rien pour corriger le problème.
Le problème des agriculteurs est le même que celui de tout un chacun, une dépendance qui s’accroît, au lieu de se réduire, vis à vis des pouvoirs en place : banques et structures privés ou publiques inféodées aux banques.
Soyons clairs, quand un pays dépend d’une banque pour l’émission de sa monnaie, c’est la banque qui contrôle le pays et ses habitants.
Pour sortir de ce coupe-gorge, la seule issue est de sortir des règles qui nous emprisonnent pour que chacun, agriculteur ou non, puisse retrouver son autonomie.
Concrètement et immédiatement, on peut favoriser les installations agricoles, les activités artisanales, de tous ceux qui le souhaitent, et il y en a beaucoup mais ils sont bloqués dans leurs projets par des structures et des personnes qui fonctionnent en dépit de tout bon sens.
En France, la msa (mutualité sociale agricole) par exemple, dont on a préservé le monopole de la reconnaissance “sociale” de l’activité agricole, fonctionne d’une manière archaïque, nuisible à une politique de retour à le terre cohérente. Je peux dire par des expériences vécues que je connais bien, que la msa est un obstacle important à un retour à la terre de ceux qui souhaiteraient le faire. Cela est voulu et s’inscrit dans la politique du chaos des pouvoirs en place.
Nous sommes le nombre, nous pourrons reprendre le pouvoir le jour où nous refuserons enfin la servitude volontaire et mettrons en place notre autonomie.
En attendant libre à chacun de construire son autonomie localement avec les personnes qui oeuvrent sur ce chemin. Et la première autonomie, ce n’est pas l’autonomie alimentaire, c’est l’autonomie de notre âme. Et c’est un choix dont chacun est individuellement responsable.