Proviseur du lycée Maurice Ravel: une affaire d’État?

 

Le proviseur du Lycée Maurice Ravel (Paris XXe) était menacé de mort. Il a quitté ses fonctions. Selon un message adressé hier aux parents, élèves, enseignants et membres du conseil d’administration de l’établissement, le proviseur «a quitté ses fonctions pour des raisons de sécurité». Ce que n’a toutefois pas confirmé le rectorat qui invoque, lui, des «convenances personnelles».


En apprenant hier cette nouvelle, j’ai eu un sentiment de honte devant cette défaite en rase campagne.

Le 28 février, ce proviseur demande à trois élèves de retirer leur voile islamique. L’une d’elles prétend qu’il l’a agressée. Puis, le scénario habituel se met en branle : tout d’abord des mensonges qui tournent en boucle sur les réseaux – comme la vidéo postée avant-hier encore par cette jeune fille sur le site du Comité contre l’Islamophobie en Europe (CCIE) où elle pleurniche, le visage flouté, parce que la plainte qu’elle a osé déposer a été classée sans suite[1]. Des menaces de mort font suite à ces insultes et pleurnichages, et nous avons eu droit enfin à la visite de Nicole Belloubet et aux proclamations martiales. Jusqu’à cette conclusion piteuse. Nous avons cédé.

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Un message inconvenant du rectorat

Selon le rectorat, le proviseur, à quelques mois de la retraite, a voulu partir pour « convenances personnelles ». Je vous laisse apprécier l’expression. On a plutôt l’impression qu’il a été exfiltré pour calmer le jeu: pas-de-vagues ! Une certitude: s’il avait été soutenu et s’il s’était senti protégé, il ne serait pas parti.

D’ailleurs, cette affaire confirme ce que dit le rapport sénatorial sur les violences, menaces et pressions sur les enseignants dans le cadre de la commission demandée par Mickaëlle Paty (la sœur de l’enseignant égorgé). Le document dénonce leur solitude, et assure que les incidents déclarés ne sont que la partie émergée de l’iceberg. « Aucun établissement ni aucun territoire ne sont épargnés », écrivent les rapporteurs.

On avance qu’on ne peut pas mettre des policiers autour de tous les professeurs menacés

Si c’est nécessaire, si. Il faut montrer que l’État est là et qu’il permettra à tous ses agents de remplir leur mission. Et il faut aussi que tous ceux qui défient nos lois soient traduits en justice, virés de leur établissement concernant les élèves ou expulsés concernant les majeurs étrangers menaçants ou faisant pression sur l’Éducation nationale.

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Il y a urgence à arrêter de se mentir collectivement. Le djihadisme ne se réduit pas au terrorisme. Il mène également un combat culturel pour le contrôle des esprits musulmans. Comme le dit Hugo Micheron[2], il y a une contre-société déjà installée sur de larges pans du territoire. Une certaine conception de l’islam, identitaire et victimaire, est de plus en plus répandue. Elle progresse parce que nous sommes faibles, que nous avons peur d’affirmer notre identité collective.

Accommodements déraisonnables

Au sommet de l’État, on doit définir des lignes rouges. Qu’on adresse un message clair, notamment à nos concitoyens musulmans. Ils sont évidemment des citoyens comme les autres, ce qui signifie qu’ils doivent respecter la loi. Et accepter une fois pour toutes qu’on se moque de leur religion. Sinon, s’ils ne peuvent pas l’accepter, il y a des pays plus accommodants.

En 1962, le premier étudiant noir de l’université du Mississipi, James Meredith, étudiait entouré de soldats. Il y a eu des émeutes, des blessés. Mais des milliers de militaires dépêchés de Washington ont protégé les droits civiques d’un homme contre la meute haineuse. Emmanuel Macron devrait s’inspirer de Kennedy. On ne peut pas rouler des mécaniques face à Poutine et mettre le genou à terre devant des gamines endoctrinées.

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[1] https://youtu.be/o0k3ZtSbWYo

[2] La colère et l’oubli: Les démocraties face au jihadisme européen, Hugo Micheron, Gallimard, 2023

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