Texte de Mathieu Bock-Côté dans le Figaro de ce samedi, pour qui sur le plan religieux, pour ne pas donner l’impression de cibler l’islam, plusieurs soutiennent qu’il faut faire preuve d’une égale vigueur à l’endroit de toutes les religions, comme si chacune posait les mêmes problèmes.On apprenait cette semaine qu’une note des renseignements territoriaux s’inquiète de la montée en puissance des salafistes chez les musulmans de France. Ces derniers étendraient leur pouvoir dans les mosquées et auraient notamment une emprise sur la jeunesse. De la même manière, les dernières semaines obligent les aveuglés de jadis à sortir du déni à propos de l’antisémitisme qui progresse en France, qui ne doit rien aux vieux grimoires d’Édouard Drumont et a tout à voir avec les pathologies spécifiques de la civilisation arabo-musulmane. On ne parle pas sans raison d’un antisémitisme d’importation. La modification en profondeur du substrat démographique du peuple français entraîne naturellement celle des mœurs dominantes au cœur de la société. Aucun pays ne saurait être indifférent à la population qui le compose. Les vagues migratoires n’étant pas à la veille d’arrêter, il n’y a aucune raison de croire que les choses changeront.Le pouvoir, qui connaît un réveil tardif, s’avoue inquiet. Du salafisme, il se méfie : pourquoi les musulmans n’adopteraient-ils pas un islam dit « modéré », autrement nommé « républicain » ? Pourquoi les musulmans n’adapteraient-ils pas leur pratique religieuse et leurs habitudes sociales au pays qui les accueille ? Ceux qui disent cela oublient qu’il existe en France une contre-société islamique suffisamment nombreuse pour résister à l’assimilation et avec une force d’attraction suffisante pour attirer puis intégrer les populations nouvelles. Une formule revient souvent : on parle d’enclaves étrangères qui ne disent pas leur nom. La formule semble à certains brutale. Elle est néanmoins exacte.
On ne semble surtout pas comprendre que les cultures ne cohabitent pas naturellement et que, lorsque plusieurs se retrouvent sur un même territoire, l’une d’entre elles finit par prédominer. À moins qu’elles ne se séparent, ce que confirme la partition objective du territoire, observée depuis plus de vingt ans.
On se propose alors de créer du vivre-ensemble — c’est le terme technocratique qui s’est substitué à l’identité nationale, qui était une identité organique, ne se réduisant pas aux catégories juridiques fixées par l’état. Pour cela, on lance alors une grande croisade contre l’intolérance, ou la haine, ou le racisme, ou l’antisémitisme, mais sans jamais les caractériser — car si on les caractérisait, apparemment, on discriminerait. L’universalisme républicain exige qu’on traite la population sans tenir compte des références identitaires qui la divisent, qui la clivent — sans distinguer non plus entre le peuple historique d’un pays et les populations nouvelles qui s’y installent sans en prendre le pli identitaire. Ce qui entraîne une déréalisation des termes les plus courants. On le voit avec le mot « Français », réduit à sa signification administrative, même si le vocabulaire courant opère encore une distinction élémentaire entre la nationalité administrative et la nationalité existentielle — et cela, même si les vigilants du régime diversitaire veulent assimiler cette distinction à « l’extrême droite ».
Sur le plan religieux, pour ne pas donner l’impression de cibler l’islam, plusieurs soutiennent qu’il faut faire preuve d’une égale vigueur à l’endroit de toutes les religions, comme si chacune posait les mêmes problèmes. On trouve toujours pour cela de vieilles ou nouvelles gloires pour expliquer que la grande querelle de notre temps serait encore celle entre la « laïcité » et la « religion ». De passage sur LCP, Vincent Peillon a ainsi osé affirmer que lorsqu’il avait voulu imposer à l’école la « lutte contre les stéréotypes de genre, ce n’était pas l’islam radical — il y en avait un peu — (qu’il avait) en face de (lui), mais des catholiques exacerbés et d’une violence sans limites ». Une telle audace dans l’outrance relève du génie comique : en France, c’est le catholicisme qui pose problème. Ce propos représente bien le logiciel des élites agonisantes qui gouvernent encore nos pays.
[Note du carnet:
Peillon en verve Peillon est un anticatho écumant de la vieille école, un laïcard rageur très XIXe siècle. Il a publié un ouvrage en 2008 intitulé La Révolution française n’est pas terminée, il y écrivait : « Il faut que nous inventions, pour instaurer la république, une spiritualité voire une religion ». (Voir notre billet avec extrait de son livre et vidéos.) Il y affirmait aussi :
« c’est au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution religieuse dont l’humanité a besoin ».
Et évidemment, l’école sera le temple de cette nouvelle religion :
« c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Église, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi ».
On comprend alors dans le détail les grands thèmes qu’il impose à l’éducation nationale :
– La scolarisation précoce des enfants,
des enfants de moins de trois ans annoncée le 10 septembre par le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault dans le but, selon lui, de « lutter contre la délinquance », mais qui correspond en tous points à l’idée de
coupure totale de l’enfant d’avec autre chose que la République socialiste :« Il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel… ».
Dans une lettre du 4 janvier 2013 adressée aux recteurs, Vincent Peillon alors ministre de l’Éducation socialiste affirmait sa volonté de révolutionner la société en se servant de l’école : « le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles ».Voir également Ministre socialiste français veut museler l’école dite catholique : elle doit être « neutre »]
On en arrive à la grande inversion identitaire de notre temps. Un peuple historique qui refuse d’être dépossédé de son pays ou qui refuse d’y être traité comme une communauté parmi d’autres est accusé de racisme. Il est désormais de trop chez lui. Quant à l’unité nationale, elle devra se faire contre ceux qui résistent à cette dépossession. On avait déjà constaté qu’un pays qui ne maîtrise pas ses frontières en reconstitue de nouvelles à l’intérieur de son territoire : c’est la société digicode. On constate aussi qu’il voudra rééduquer sa population, ce qui exige tout à la fois un contrôle du discours public et une intrusion sans précédent dans la vie privée, pour réformer les mœurs, pour les accorder à la morale inclusive. On y verra sans se tromper la marque du totalitarisme diversitaire.Voir aussi
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