À Nanterre, au pied des tours de la cité Pablo-Picasso, encore marquée par la mort de Nahel et les émeutes qui ont suivi, la gauche Nupes se distingue dans les conversations mais le parti de l’abstention reste son principal concurrent.
(…) Malgré les efforts des services de propreté de la ville pour les cacher, les appels au meurtre contre les « porcs » ou les messages réclamant vengeance (« une vie contre une vie »), effacés tant bien que mal, se déchiffrent encore. À certaines entrées de la cité, les larges cercles de bitume cramé, stigmates visibles des voitures brûlées, ont des airs de cicatrices urbaines mal suturées. Ici, Nahel est devenu un martyr qui hante les conversations.
(…) À la dernière présidentielle, le chef de file des Insoumis est arrivé en tête du premier tour, avec 47 % des suffrages exprimés, soit près de 25 points de plus que son score national.
(…) Après avoir évoqué ses rêves d’aller en Amérique pour devenir boxeur, le jeune homme en vient à la politique : « Autour de moi, y a plein de gens qui m’ont dit : “Il faut voter Mélenchon” par rapport à l’islam. O.K., mais qui nous dit qu’il ne va pas faire la même chose que les autres ? Il n’a pas toujours dit la même chose, lui… »
(…) L’échange reprend. « Ici, la question de l’islam, c’est important, parce que les musulmans s’en prennent plein la tête » explique-t-il. Le débat sur l’abaya est encore brûlant. Le sujet lui tient à cœur. Trop sans doute pour adhérer à la stratégie intersectionnelle de la Nupes. « On empêche des jeunes filles d’aller à l’école voilée ou en abaya mais on laisse deux garçons être ensemble ? C’est quoi, ça ? » s’emporte-t-il dans une saillie homophobe.
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