Haut-Karabakh : l’Azerbaïdjan appelle les Arméniens à «hisser le drapeau blanc»

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Une frappe azérie au Haut-Karabakh ce 19 septembre. AZERI DEFENCE MINISTRY / REUTERS

«Le régime illégal doit se dissoudre», a déclaré la présidence de l’Azerbaïdjan, qui a lancé ce mardi une opération militaire dans l’enclave autonome peuplée d’Arméniens.

Des manifestants à Erevan appellent à l'action contre l'offensive militaire de l'Azerbaïdjan

Des manifestants se sont rassemblé devant les bureaux du gouvernement à Erevan, quelques heures après que l'Azerbaïdjan a lancé une opération militaire au Nagorny-Karabakh.

L'Azerbaïdjan appelle les forces arméniennes du Karabakh à «rendre les armes»

Le président azéri Iliam Aliev appelle les forces séparatistes arméniennes du Nagorny Karabakh à rendre les armes, comme condition pour le début de négociations. «Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement les opérations antiterroristes continueront jusqu'au bout», a indiqué l'administration présidentielle azerbaïdjanaise qui assure être disposée, le cas échéant, à des pourparlers «avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh», une ville azerbaïdjanaise.

Sur Telegram, Medvedev menace le premier ministre arménien

Depuis sa chaîne Telegram, l'ex-président russe Dmitri Medvedev a publié un message acide et menaçant sur Nikol Pashynian, premier ministre arménien qui a cherché à prendre ses distances avec Moscou et se rapprocher des Occidentaux.

«Un jour, un collègue d'un pays frère m'a dit : "Eh bien, je suis un étranger pour vous, vous ne m'acceptez pas". J'ai répondu ce qu'il fallait: "Nous ne jugerons pas sur une biographie mais sur des actes." Il a ensuite perdu la guerre, mais curieusement, il est resté en place», a commencé Dmitri Medvedev, en référence à la guerre de 2020 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui s’est soldée par un cessez-le-feu.

«Il a ensuite décidé de rendre la Russie responsable de sa défaite pathétique. Puis il a renoncé à une partie du territoire de son pays», sous-entendu le Haut-Karabakh, a continué l’actuel vice-président du Conseil de sécurité russe. «Puis il a décidé de flirter avec l'OTAN, et son épouse est allée parader avec nos ennemis avec des petits gâteaux». Allusion à la participation par la femme du premier ministre au «sommet des premières dames» à Kiev le 7 septembre dernier.

Et l’ex-président d’achever : «Devinez quel sera son sort...».

Le premier ministre arménien dénonce des appels au «coup d'État» en Arménie

«Il y a déjà des appels venant de différents endroits à mener un coup d'État en Arménie», a déclaré le premier ministre arménien Nikol Pachinian dans une adresse à la nation, alors que la télévision arménienne fait état de centaines de manifestants se rassemblant devant le siège du gouvernement arménien à Erevan. «Nous ne devons pas permettre à certaines personnes, certaines forces de porter un coup à l'État arménien».

Le chef du gouvernement, critiqué par certaines voix pour son manque de fermeté vis-à-vis de l’agresseur azéri, a également déclaré que «l'Arménie n'entrera pas en guerre contre l'Azerbaïdjan au sujet de la République du Haut-Karabakh».

Les autorités du Karabakh appellent l'Azerbaïdjan au cessez-le-feu et à des négociations

«L’Artsakh (nom donné par les Arméniens au Karabakh) appelle la partie azerbaïdjanaise à cesser le feu immédiatement et à s'asseoir à la table des négociations», a indiqué sur X (ex-Twitter) le ministère des Affaires étrangères du territoire séparatiste.

L'armée azerbaïdjanaise essaye d'avancer «en profondeur» dans l'enclave, alertent les autorités locales

Depuis mardi matin, plusieurs villes du Haut-Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont pilonnées par des tirs intensifs. Les autorités locales affirment que l'armée azerbaïdjanaise essaye d'avancer «en profondeur» dans l’enclave.

Le premier ministre arménien a échangé avec Emmanuel Macron

Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a évoqué mardi au téléphone avec le président français Emmanuel Macron l'opération militaire lancée par l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh. «La situation au Nagorny Karabakh après l'attaque de l'Azerbaïdjan a été discutée», a indiqué sur Facebook la porte-parole du chef du gouvernement, Nazeli Baghdasaryan. Selon elle, les deux dirigeants ont jugé «inadmissible» le «recours à la force» et estimé «nécessaire» une «désescalade» dans l'enclave.

Deux civils tués et 23 blessés

Les frappes azéries sur les villes du Haut-Karabakh, où vivent 120.000 civils arméniens, ont tué au moins deux civils et en ont blessé 23 autres, ont annoncé les autorités locales. Au moins sept enfants ont été acheminés à l’hôpital de Stepanakert, alors que Bakou a assuré ne viser que des cibles militaires.

Le Haut-Karabakh, une enclave au statut juridique en suspens depuis 1994

Pour comprendre le conflit, revenons brièvement sur l’histoire du Haut-Karabakh. À l’époque de l'URSS, cette enclave très majoritairement peuplée d'Arméniens avait été rattachée par Staline à la république socialiste soviétique d'Azerbaïdjan.

À la chute de l’empire soviétique en 1991, le Haut-Karabakh, le Parlement de Bakou abolit le statut d'autonomie de l'oblast du Haut-Karabakh. La population arménienne de la région déclare son indépendance par référendum en tant que République du Haut-Karabakh. Elle élit démocratiquement son propre président et parlement.

En 2020, le président azéri Ilham Aliev veut reprendre son bien. Au terme de 44 jours d'une guerre féroce avec l’appui des Turcs, l’Arménie capitule. L'Azerbaïdjan reprend le contrôle des deux-tiers de la région du Haut-Karabakh. Un cessez-le-feu est signé le 9 novembre 2020 sous le patronage de Moscou, qui installe des soldats de la paix dans le Haut-Karabakh.

Depuis le 12 décembre 2022, ce qu'il reste du territoire enclavé de l'Artsakh (nom arménien du Haut-Karabakh) faisait l'objet d'un blocus total de la part de l'Azerbaïdjan. Bakou permettait aux habitants de sortir, mais en aucun cas de revenir, procédant ainsi à un véritable «nettoyage ethnique» dénoncé plusieurs fois par la Cour internationale de Justice.

La France «tiendra l'Azerbaïdjan pour seul responsable du sort des populations civiles»

Plusieurs heures après le lancement de l’attaque de grande ampleur, le Quai d’Orsay a condamné le lancement par l'Azerbaïdjan d’une opération militaire «avec l'utilisation d'armements lourds, y compris contre des zones habitées». «Aucun prétexte ne peut justifier une telle action unilatérale qui menace des milliers de civils déjà affectés par des mois de blocus illégal et va à l'encontre des efforts déployés par la communauté internationale pour parvenir à un règlement négocié», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

La France «tiendra l'Azerbaïdjan pour seul responsable du sort des populations civiles du Haut-Karabagh», a encore averti Paris, demandant une convocation d'urgence d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.

L'Azerbaïdjan déclare lancer des «opérations antiterroristes» dans le Haut-Karabakh

L'Azerbaïdjan a annoncé avoir lancé des «opérations antiterroristes» visant les forces arméniennes du Haut-Karabakh, où les villes sont pilonnées depuis mardi matin. «Des opérations antiterroristes ont commencé dans la région. Dans le cadre de ces mesures, les positions des forces armées arméniennes (...) sont mises hors d'état de nuire à l'aide d'armes de haute précision sur la ligne de front et en profondeur», a indiqué le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué. Selon les forces séparatistes, qui assurent résister «sur toute la ligne de contact, l'armée azerbaïdjanaise tente d'avancer «en profondeur».

 

 

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