Italie. Revue de presse.
Le projet de Loi de finances et les mesures qui seront discutées en Conseil des ministres aujourd’hui alors que les vice-présidents du Conseil sont divisés font les gros titres : « Loi de finances, mesures et étincelles » (Corriere della Sera), « Loi de finances : la présidente du Conseil écoutera seulement les propositions réalistes » (La Stampa, Il Messaggero), « Loi de finances : la chasse aux cinq milliards avec la réduction des primes fiscales » (La Repubblica). Les unes sont également consacrées à la question des arrivées record de migrants ce week-end : « L’offensive du gouvernement sur l’Europe à Lampedusa » (La Stampa), « Matteo Salvini à l’attaque sur la question migratoire » (La Repubblica).
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Logroscino, « La loi de finances sur la table du Conseil des ministres. Tensions entre les vice-présidents du Conseil » : “Les forces politiques arriveront prêtes à en découdre au premier Conseil des ministres après la pause du mois d'août, convoqué aujourd'hui. Ce sera l'occasion d'une première discussion sur la loi de finances, pour laquelle les priorités divergent face à des ressources limitées. Et aussi celle d'une discussion en face à face, après les polémiques à distance, sur de nombreux dossiers sur lesquels le gouvernement a annoncé ou mis en chantier des décisions, sans que la vision soit toujours partagée par les grands acteurs. A en juger par l'échange à distance entre Antonio Tajani et Matteo Salvini hier, lors de la conférence 'La Piazza' organisée par Affaritaliani.it à Ceglie Messapica, dans les Pouilles, les distances sont claires sur plusieurs sujets. La dernière mesure vigoureusement discutée, avant la pause de la mi-août, a été la taxe sur les surprofits des banques, approuvée par le Conseil des ministres : la présidente du Conseil et la Ligue, dans les semaines qui ont suivi, ont confirmé leur détermination malgré les critiques acerbes de Forza Italia. Davantage que la discussion du Conseil des ministres aujourd’hui, la réunion de la majorité prévue le 6 septembre sera fondamentale pour Tajani sur la question de la taxe sur les surprofits et sur la loi de finances. Les deux vice-présidents du Conseil se sont affrontés (à distance, car Salvini était connecté à distance) depuis la scène de Ceglie. Trois sujets ont été marqués par une opposition nette. D’abord la privatisation des ports, proposée par Antonio Tajani. Sur les alliances en Europe, les positions divergent diamétralement : "On ne s’alliera jamais avec Le Pen et l'AfD, on ne peut pas gouverner avec ceux qui tiennent des propos à connotation nazie", prévient Tajani. "La droite doit aussi être unie en Europe : dire non aux Français, non aux Autrichiens, c'est ouvrir grand la porte à une autre intrigue populaire-socialiste", conteste Salvini. Le ministre des Affaires européennes, Raffaele Fitto, était également invité à la “Piazza” dans la soirée et a défendu le gouvernement sur le Pnrr. Au cœur des interventions des uns et des autres, inévitablement, il y a les comptes publics. M. Tajani expose les priorités de son parti sur la loi de finances : "Améliorer les pensions et les salaires, stabiliser les charges sociales, le treizième mois non imposable et les primes à la production". La présidente du Conseil a également présenté un décret visant à mettre en œuvre le protocole d'accord conclu le 10 août entre le ministère de l’Économie et le fonds américain KKR en vue de présenter au conseil d'administration de Tim une offre contraignante de rachat de 20 % de Necto, la société de téléphonie fixe."
Matteo Salvini
COULISSES, Il Messaggero, F. Malfetano : « Loi de finances, Meloni demande du réalisme : non aux demandes impossibles » : « Lorsque Giorgia Meloni ouvrira aujourd'hui le premier Conseil des ministres après les vacances d’été, le mot d'ordre qu'elle transmettra à son gouvernement sera le "réalisme". L'automne difficile qui attend les Italiens, entre l'inflation et les prix élevés des carburants, doit être abordé sérieusement. Sans fragiliser le chemin, déjà cahoteux, avec des stratégies électorales ou des positions inacceptables. Cet acte de ‘réalisme’ invoqué par la Présidente du Conseil se traduira inévitablement par plus d'un "non" à ses ministres et alliés du gouvernement. Au point que parmi les fidèles, certains n'excluent pas la possibilité de recourir à quelques décimales de nouveau déficit. De plus, avec l'épée de Damoclès du nouveau pacte de stabilité européen qui reste à définir, le risque existe que le mois de novembre arrive sans que l'on ne connaisse vraiment les possibilités de dépenses. Ainsi, la stratégie qui sera définie dans un tourbillon de réunions à très court terme (le 6 septembre, avant de s'envoler pour l'Inde pour le G20, Meloni rencontrera les dirigeants des partis et les chefs de groupe) ne peut partir que de quelques pierres angulaires sûres et de quelques "paquets" d'un ou deux milliards qui pourront être inclus ou exclut même au dernier moment. Si les premières ont déjà été définies avec clarté comme la nouvelle réduction de la charge fiscale, les mesures de soutien aux revenus les plus faibles et à la natalité, le gouvernement est plus prudent sur les retraites. Les propositions de Matteo Salvini et d'Antonio Tajani de mettre en place la réforme des retraites « quota 41 » et de revaloriser les retraites minimales à 700 euros, sont difficilement acceptables telles qu'elles sont formulées. Cependant, jusqu'au dernier moment, le gouvernement cherchera des moyens d'intervenir, au moins en partie. Pour le reste (du pont sur le détroit de Messine à la réduction des accises sur l'essence en passant par la définition immédiate des niveaux essentiels d’assistance aux régions (Lep), les marges de manœuvre sont faibles. Le Conseil des ministres d’aujourd’hui permettra d’y voir plus clair. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Cremonesi, « Les thèmes portés par Matteo Salvini, de la lutte contre l’UE à l’‘’italianité” en passant par la castration chimique des violeurs » : « "En avant toute !” Matteo Salvini lance la charge sur les réseaux sociaux. Avant-hier encore, retour sur la question de l'immigration. Les débarquements à Lampedusa se poursuivent sans relâche et le secrétaire de la Ligue réitère sa recette : "Je crois qu'il faut un nouveau décret de sécurité dès septembre, parce que l'Italie ne peut pas être le point d'arrivée de migrants venus de l'autre bout du monde". Puis, un mot pour l'adversaire retrouvé, qui est aussi le terrain de jeu de la prochaine échéance électorale : "Après tant de bavardages, l'Europe doit se réveiller, elle doit nous aider, parce que les frontières italiennes sont les frontières de l'Europe. Puisque l'Italie envoie chaque année des milliards d'euros à Bruxelles, la défense des frontières italiennes doit être une priorité européenne. Et jusqu'à présent, malheureusement, ce n'est pas le cas, nous avons toujours été seuls". Le même jour, réponse sèche à l'autre vice-président du Conseil, Antonio Tajani. Le ministre des Affaires étrangères, secrétaire de Forza Italia, avait parlé de relancer la saison des privatisations des ports. Salvini a répondu brusquement « Non, ce n'est pas dans le programme de gouvernement". Mais si le terrain de jeu des prochains mois est l'Europe en vue des élections de 2024, les esprits se préparent. Si Giorgia Meloni se garde bien de s'impliquer personnellement dans les questions les plus identitaires, Matteo Salvini est beaucoup plus libre. En effet, la présidente du Conseil sait parfaitement que dans les prochains mois, elle devra emprunter un chemin étroit et pas seulement pour les élections européennes : la loi de finances, le PNRR. Les sondages qui ramènent la Ligue à des intentions de vote à deux chiffres (autour de 10 %) sont porteurs d'espoir : l'idée est celle d'une bonne et nouvelle progression. Personne ne sait encore ce que fera le général Vannacci après son livre en roue libre sur les gays, les féministes et les écologistes. Il est trop tôt pour dire si le général sera effectivement candidat sur les listes de la Ligue. En tout cas, ces derniers jours, M. Salvini a fait beaucoup pour plaire au public de l'ancien commandant des parachutistes. Sans parler du grand retour, à l'été 2023, d'un vieux cheval de bataille de la Ligue : la castration chimique pour les violeurs. Déjà en 2014, le secrétaire de la Ligue fraîchement élu, devant la presse étrangère, avait exprimé son opinion : "Pour moi, celui qui commet une fois des violences sexuelles ne doit pas pouvoir recommencer". »
ARTICLE, Il Messaggero, d’A. Bassi : « Fonctionnaires de l'Etat, voici les promotions. Pour les échelons, l'ancienneté vaut plus que les études » : « Le mot magique est "avancement vertical ", sa traduction est ‘carrières faciles’. Ou du moins plus faciles que par le passé. Pour les fonctionnaires, l’été 2023 s'annonce doré. Les syndicats ont obtenu l'inclusion d'une règle qui, jusqu'en 2025, permettra aux employés de passer du niveau inférieur au niveau, supérieur en dérogation de leurs qualifications. Qu'est-ce que cela signifie ? Si un assistant, par exemple un employé de guichet, souhaite devenir fonctionnaire, il pourra postuler jusqu'en 2025, même avec un simple diplôme, s'il a accompli au moins 10 ans de service. Prenons l'annonce d'un ministère plutôt frugal comme le Ministère de l'économie, qui a ouvert 597 postes de fonctionnaires pour les assistants actuels. L'appel à candidatures a été publié il y a quelques semaines et prévoit la possibilité de ‘l’avancement verticale’. Comment accéder à un poste de fonctionnaire ? L'annonce précise qu'un classement sera effectué sur la base d’une note maximale de 100. Quarante points seront attribués en fonction de l'expérience professionnelle, à raison de 1,6 point par année passée dans l'administration. En principe, l'ancienneté de service est prise en compte. 35 points supplémentaires seront attribués en fonction des compétences professionnelles. Les employés devront suivre un cours d'autoformation en ligne et passer un test, qui leur permettra d'obtenir jusqu'à 30 points. Les 5 points restants seront basés sur les qualifications : 1 point pour un master, 3 points pour un doctorat, 2,5 pour une spécialisation. En résumé, les études ne rapportent pas grand-chose. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Carlo Calenda, fondateur et secrétaire de Azione, « Matteo Renzi pense à créer un nouveau parti ? Je suis déçu, je n’aurais pas dû lui faire confiance », par C. Bozza : « Après mon retour de Normandie, mon objectif principal est le salaire minimum. Nous devons conclure un accord entre le gouvernement et les autres partis d’opposition pour arriver à un paquet législatif qui protège les travailleurs. Même le Financial Times, qui n'est certainement pas un journal bolchévique, affirme dans un long article qu'il s'agit d'un outil efficace pour protéger les travailleurs pauvres de l'inflation. Nous sommes favorables à certaines propositions du gouvernement : des incitations pour encourager les renouvellements de contrats à la détaxation des primes de productivité. Par ailleurs, la déception est grande face au comportement d'Italia Viva. Renzi a trompé les électeurs en leur promettant de prendre du recul et de favoriser la naissance d'un grand parti libéral-démocrate. Au lieu de cela, une fois de retour au parlement, il a tout gâché pour garder les mains libres et tenter d'entrer au gouvernement. Mais c'est à moi qu'incombe la responsabilité de lui avoir fait confiance, maintenant nous tournons la page. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d'un grand front républicain inspiré des valeurs de la Constitution. Nous lancerons un processus constituant au début du mois d'octobre, pour rassembler les réformistes, les libéraux et les populaires. Sur la question de l’élection directe du président du Conseil, elle n'existe dans aucun pays. Et ce pour une raison précise : si l'on élit directement le président du Conseil, on réduit considérablement le pouvoir du président de la République. Or, en Italie, la fonction de chef de l'État a toujours été vitale pour la préservation de l'unité nationale. De plus, on finit par ne plus pouvoir changer de président du Conseil au sein d'une même coalition. Aujourd'hui, les priorités sont autres : la santé, les salaires et les investissements. C'est sur cela que le gouvernement doit se concentrer. Si je dois faire un bilan de cette première année de gouvernement, je dirais que l'équipe gouvernementale est extrêmement déficiente dans tous les domaines clés. En revanche, je pense que Giorgia Meloni, d'après les rencontres que j'ai eues avec elle, est une personne qui étudie les dossiers en profondeur. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Arianna Meloni, responsable du secrétariat politique de Fratelli d’Italia, « J’ai dédié ma vie à la politique, je ne pouvais plus rester dans l’ombre », par P. Di Caro : « L’accusation selon laquelle Fratelli d’Italia serait une affaire de famille est un tir de barrage de la part de ceux qui ont fait semblant de ne pas connaître l'histoire de notre communauté politique. J'ai adhéré au MSI [Mouvement social italien, ndr] à 17 ans, j'ai tout fait : coller des affiches, contacter des militants, organiser des événements, puis j'ai progressivement pris contact à la Région Latium avec nos différents élus ou candidats, plus récemment dans le parti qui se développait.... Bref, de la politique à temps plein. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas de paraître, mais de travailler. Beaucoup de choses ont changé depuis un an, nous avons pris d'énormes responsabilités, beaucoup d'entre nous occupent des postes de premier plan, dans tous les domaines dits internes de la droite. Il n'était plus possible de rester dans les coulisses. A la fois parce qu'il est bon que pour certains rôles, il y ait des gens qui connaissent la politique et qui peuvent faire ce qu'il faut, et je crois que j'en suis capable, et parce qu'il est plus honnête et plus sérieux d'avoir un rôle officiel - ce qui veut dire montrer son visage et prendre des responsabilités publiques - que de rester dans l'ombre. Je préférerais ne pas me porter candidate pour les élections européennes. Mais je suis un soldat. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de V. Piccolillo, “A Lampedusa, désormais le hotspot explose ; le gouvernement en appelle à une intervention de l’UE » : « ‘’Ici, [à Lampedusa] la situation est insoutenable. Il faut trouver une solution. Il s’agit de la porte d’entrée de l’Europe et l’UE doit intervenir à nos côtés’’ c’est l’avant-dernier appel lancé par le ministre Adolfo Urso à Bruxelles. Sa visite sur place a été sollicitée par le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi et le secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, Alfredo Mantovano. A Lampedusa, un record de 4 300 personnes accueillies a été atteint alors que la capacité maximale serait de 400 places. Le dernier avertissement en date a été lancé par Antonio Tajani : ‘’nous sommes en train d’intervenir pour maintenir la situation sous contrôle mais il faut une action commune au niveau de l’UE comme l’a demandé le Président Mattarella’’. Il semble toutefois difficile que des réponses européennes efficaces et concrètes arrivent rapidement. Au terme d’un été de records, le sujet est martelé par le gouvernement italien. Caritas a dit recevoir de nombreuses et pressantes demandes des autorités pour que le réseau ecclésiastique mette à disposition de nouveaux espaces et l’association s’est dite disposée à collaborer avec ce gouvernement comme avec les précédents à condition d’un changement de méthode. Il n’y a pas encore d’ébauche des mesures de sécurité que Matteo Salvini avait annoncé pour septembre. Le maire de Lampedusa a invité Giorgia Meloni a une visite sur l’île afin de trouver une solution, ‘’l’état d’urgence n’ayant produit aucun résultat’’ a-t-il fait remarquer. Hier, 310 nouvelles personnes sont arrivées sur l’île, les transferts se poursuivent - ailleurs en Sicile, près de Rome et à Pise notamment - et ont concerné 830 personnes. A l’instar de Lampedusa, c’est l’ensemble du réseau d’accueil qui est en souffrance. L’Ocean Viking doit arriver dans la journée au port de Naples avec plusieurs centaines de migrants à son bord. Le Humanity 1 a amarré à Livourne avec 57 personnes à bord. Le Parti démocrate attaque le gouvernement ‘’la droite est féroce contre les migrants. Il est inadmissible qu’une ONG soit punie après avoir répondu à des demandes d’aide’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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