C'est l'honneur de Boulevard Voltaire, par la voix d'Iris Bridier, d'avoir dénoncé la chape de silence médiatique et politique qui s'est abattue sur l'horrible meurtre d'Enzo, cet adolescent de 15 ans tué à l'arme blanche dans un petit village de l'Eure, il y a une semaine. Le contraste avec l'émotion bruyante pour Nahel, le deux poids, deux mesures rendent ce silence des autorités encore plus douloureux pour la famille et encore plus suspect pour le simple citoyen soucieux de cohérence, de sécurité et de justice. Iris Bridier avait déjà fait le tour des rares personnalités ayant apporté leur soutien à la famile d'Enzo : Marine Le Pen, maître Goldnadel, Samuel Lafont, de Reconquête!, Pierre Gentillet. À notre connaissance, ni Emmanuel Macron, ni Élisabeth Borne, pourtant députée du Calvados voisin, ni aucun ministre n'ont réagi. Ils pourraient rétorquer qu'ils ont déjà fort à faire avec ce qu'il est désormais convenu d'appeler la crise de la police. Ils auraient tort car la tragédie d'Enzo, après celles de Lola et de centaines d'autres victimes innocentes, est une nouvelle preuve de leur faillite.

Et c'est la maman d'Enzo qui vient, avec ses mots de mère brisée, les rappeler à l'ordre, et à leur devoir. Après la marche blanche en l'honneur de son fils le 26 juillet, une marche qui a impressionné par sa dignité, la mère du jeune homme a posté un message (révélé par le site Fdesouche) en forme d'interpellation sur Snapchat, message qui sonne juste et dans lequel se reconnaissent les centaines de parents meurtris comme elle et les millions de Français indignés par le deux poids, deux mesures, la faillite sécuritaire et la lâcheté de nos dirigeants.

« Pourquoi peu de gens en parlent ? les politiciens, les footballeurs, les chefs d'État, les stars, vous êtes où ? Pour le coup, ENZO, lui, était un VRAI ANGE, non connu des services de police, respectueux, non violent, non trafiquant et j'en passe. Un jeune TRES TRES bien élevé. […] On en parle pas pourquoi ? parce que nous sommes restés dans le respect ? dans le silence ? dans le calme ? NOUS NE LACHERONS RIEN

La maman d'Enzo ne lâche rien et a bien compris qui la soutenait et qui se tait, elle a bien vu qu'il y avait deux catégories de victimes.

Cinq ans après la mort dans des circonstances identiques du jeune Adrien Pérez, ce cri du coeur de la maman d'Enzo devrait être non seulement respecté mais écouté et pris en compte. À l'heure où le pouvoir est débordé par une révolte inédite de la police, fondée précisément sur les mêmes indignations que la mère d'Enzo, il va être inéluctablement amené à ne plus se contenter d'un en même temps verbal qui ne réussit plus à masquer la catastrophe sécuritaire et à trancher le noeud Gordien police-justice dans le sens d'une réelle fermeté. Une politique et une justice qui mettront au centre les victimes et non plus les délinquants et les criminels.

Étonnamment, la crise actuelle, qui devient quasiment institutionnelle, offrait une opportunité à Emmanuel Macron : avec un garde des Sceaux affaibli et un ministre de l'Intérieur qui semble épouser la colère des policiers, il aurait pu donner un grand coup de barre à droite. C'est ce qu'attend l'opinion, et cela lui permettrait par surcroît de sortir de la nasse de sa majorité relative en ralliant enfin les LR. Or, rien dans son remaniement ou dans ses propos déconnectés de Nouvelle-Calédonie sur les émeutes, ne le laisse espérer.

Si donc ce pouvoir, par idéologie et couardise, ne le fait pas, c'est l'alternance démocratique qui le permettra. Une alternance qui devient urgente vu le rythme de la dégradation sécuritaire dont les émeutes historiques et l'assassinat d'Enzo sont les signes alarmants. Nous la devons à toutes ces victimes, à Enzo et à sa mère.