- Les enfants d'immigrés : de plus en plus originaires d'Afrique et du Maghreb, de moins en moins originaires d'Europe
- Une situation paradoxale : un désir d'enfants relativement élevé et intact chez les Français tandis que les naissances sont au plus bas
- Entretien exclusif de Pierre Brochand pour le Figaro Magazine
En 2019-2020, deux enfants d'immigrés sur trois âgés de moins de 18 ans sont d'origine africaine
Alors que les immigrés présents en France étaient traditionnellement originaires d'Europe, ceux-ci sont de façon croissante originaires du Maghreb et du reste de l'Afrique. Conséquence de ce redéploiement géographique de l'immigration, les descendants d’immigrés de deuxième génération, c'est-à-dire les personnes nées en France ayant au moins un parent immigré, proviennent désormais très majoritairement d'Afrique et de moins en moins de l'Union européenne (UE-27) et d'Europe au sens large.
L"INSEE, à l'initiative d'une note sur la diversité des origines (INSEE Première n°1910, 5 juillet 2022) dont sont issus les données et graphiques ci-dessous, précise que les personnes elles-mêmes immigrées, notamment celles qui ont migré enfant avec leurs parents, ne sont pas comprises dans ces statistiques.
Pour rappel, environ 10% de la population française est aujourd'hui immigrée et 12% de la population française est composée de descendants d'immigrés de deuxième génération : ainsi, entre un Français sur cinq et un Français sur quatre est soit immigré, c'est-à-dire né étranger à l'étranger, soit enfant d'immigré(s).
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Si les enfants d'immigrés représentent 12% de la population en moyenne, ils représentent un poids plus important chez les jeunes générations :
- un enfant sur 5 est descendant d'immigré parmi les 5-9 ans ;
- un enfant sur 4 parmi les 0-4 ans.
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- parmi les 0-4 d'origine immigrée, 67% d'entre-eux sont d'origine africaine ;
- 16% d'entre eux seulement sont d'origine européenne.
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Pour approfondir la thématique immigration/natalité :
Natalité et immigration en France depuis 2000 - L'article de synthèse de l'OID
Une situation paradoxale : un désir d'enfants relativement élevé et intact chez les Français tandis que les naissances sont au plus bas
Comme le notait la démographe Michèle Tribalat dans un article Fécondité française : sur les traces de la fécondité espagnole ? (Le regard de Michèle Tribalat n°1, publié sur le site de l'OID le 5 février 2023) :
- entre 2010 et 2022, le nombre de naissances annuelles en France métropolitaine a baissé de 119 000 tandis que le nombre de décès a augmenté de 111 000 décès. Avec seulement 32 000 naissances de plus que de décès, l'année 2022 enregistre le taux d'accroissement naturel le plus bas depuis 1946;
- L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) baisse depuis 2010 pour atteindre moins d'1,80 enfant par femme en 2022.
Certaines enquêtes s'intéressent cependant au désir d'enfant et au nombre idéal d'enfants que souhaiteraient les Français. Le recteur Gérard-François Dumont, membre du conseil d'orientation de l'OID, rappelait lors d'un colloque de la Fondation Res Publica (Gérard-François Dumont. La baisse de la natalité et les perspectives de la démographie de la France. Fondation Res Publica, 2019) que si la connaissance du nombre idéal d'enfants n'est plus fournie régulièrement comme cela était le cas des années 1950 à 1980, à l'époque où l'Institut national d'études démographiques (Ined) effectuait périodiquement ces enquêtes - la dernière remontant à 1987), nous disposons de deux sources d'information intéressantes :
- l'Eurobaromètre de 2011 conclut que l'idéal d'enfants en France est de 2,47 enfants par femme pour les femmes et 2,30 pour les hommes, sans différence considérables entre les tranches d'âge ;
- l'enquête du réseau national des Observatoires des familles (CNAF) conduite en 2013 confirme que le désir d'enfant est nettement supérieur à l'indice de fécondité, de 2,7 enfants désirés avant le premier enfant à 2,3 enfants désirés après la naissance du premier.
Gérard-François Dumont conclut ainsi : le recoupement de ces données « confirme un premier enseignement et en donne un autre. Le premier tient à ce que les couples français ne parviennent pas à réaliser leur désir d'enfants ; le second est que les difficultés rencontrées après la naissance du premier enfant conduisent à le réduire ».
Pour aller plus loin, lisez ou relisez cet entretien de référence que nous a accordé le recteur Gérard-François Dumont :
« Toute possibilité de renverser la vapeur passe, d'abord, par la réduction à leur plus simple expression des flux d'accès au territoire et à la nationalité » (Pierre Brochand)
Interrogé par la journaliste Eugénie Bastié dans le Figaro Magazine de la semaine dernière, Pierre Brochand, directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) de 2002 à 2008 et membre du conseil d'orientation de l'OID, livre une véritable démonstration méthodique sur la situation de la France, notamment en matière d'immigration, au lendemain des émeutes qui ont une nouvelle fois plongé la France sous le choc. Il y explique le rôle joué par l'immigration dans celles-ci et propose quelques mesures phares pour sortir d'un « immobilisme désastreux ».
Pour en savoir plus, lisez l'article du Figaro à ce sujet :
Et vous, qu'en pensez vous ?