La Chine et le Brésil concluent un accord pour abandonner le dollar américain

Zero Hedge, 30.03.2023

À l’heure où les nouvelles sur la dédollarisation – un terme que nous avons défini pour la première fois il y a dix ans – tombent à toute allure et où même Elon Musk s’y met…

... il ne se passe pas un jour sans que l’on assiste à un changement, modeste ou pas, vers un monde dans lequel la monnaie américaine – entièrement militarisée après février 2022 pour que le monde entier puisse la voir et la craindre – n’est plus la réserve mondiale. La journée d’aujourd’hui n’a pas fait exception à la règle.

Selon le gouvernement brésilien, la Chine et le Brésil ont conclu un accord pour commercer dans leurs propres monnaies, abandonnant totalement le dollar américain en tant qu’intermédiaire, a rapporté l’AFP.

Cet accord, dernière salve de Pékin contre le tout-puissant billet vert, permettra à la Chine, principal rival de l’hégémonie économique américaine, et au Brésil, première économie d’Amérique latine, d’effectuer leurs échanges commerciaux massifs, qui s’élèvent à 150 milliards de dollars par an, et leurs transactions financières directement, en échangeant des yuans contre des reais et vice versa, au lieu de passer par le dollar américain. Ce faisant, la Chine étend ses accords bilatéraux d’exemption du dollar à des pays tels que la Russie, le Pakistan et l’Arabie saoudite, et les étend désormais à la puissance exportatrice latino-américaine.

« On s’attend à ce que cela réduise les coûts, favorise un commerce bilatéral encore plus important et facilite les investissements », a déclaré l’Agence brésilienne de promotion du commerce et de l’investissement (ApexBrasil) dans un communiqué.

La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil, avec un commerce bilatéral record de 150,5 milliards de dollars américains (200 milliards de dollars sud-américains) l’année dernière.

L’accord, qui fait suite à un accord préliminaire conclu en janvier, a été annoncé à l’issue d’un forum commercial Chine-Brésil de haut niveau à Pékin. […]

Certes, nous sommes encore loin du moment où le yuan remplacera le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, ou peut-être pas si loin si l’on en croit les récents rapports de Zoltan Pozsar. Pourtant, même des sceptiques de Bretton Woods III aussi écumants que Michael Every, de Rabobank, commencent à réaliser qu’ils se sont peut-être trompés. Voici un extrait de sa note matinale d’aujourd’hui :

Nous avons montré dans « Why Bretton Woods 3 Won’t Work » (2022) qu’un bloc BW3 anti-américain n’équilibre pas son commerce interne en termes de valeur ou de structure : BW3 peut vendre des matières premières à la Chine, mais à moins d’absorber les exportations que la Chine envoie maintenant à l’Occident, ou que la Chine enregistre des déficits commerciaux comme les États-Unis, cela ne peut pas se produire. Au lieu de cela, nous revenons tous au mercantilisme mondial – qui est en train de se produire, qui est inflationniste et qui, en fin de compte, convient aux États-Unis – mais pas à Wall Street (que ce soit en termes de mercantilisme ou de politique monétaire).

Lorsque les joueurs de BW3 ne détiendront plus leurs économies officielles et officieuses dans des actifs en USD (si ce n’est pas des bons du Trésor, alors des agences, des actions ou des biens immobiliers), et qu’ils voudront mettre de l’argent liquide à Moscou et prendre leur retraite en Chine, alors les choses seront en train de changer.

Hélas, au rythme où le régime actuel des États-Unis détruit la foi et la confiance du monde non seulement dans le dollar, mais aussi dans ce qui était autrefois une superpuissance et qui est de plus en plus une république bananière du tiers monde – la dernière nouvelle de l’inculpation de Trump pour des raisons politiques étant la cerise sur le gâteau du tiers monde -, nous n’aurons pas très longtemps à attendre.

Traduction de Zero Hedge par Aube digitale

Adaptation: Albert Coroz

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