« Si j’avais su, je ne serais jamais venue vivre en Tunisie » : agressée, violée, expulsée de son logement…  Laura, une Ivoirienne de 34 ans, témoigne

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Agressée, violée, expulsée de son logement… Après six ans d’exil, la jeune femme a décidé de rentrer à Abidjan suite aux propos du président Kaïs Saïed à l’encontre des migrants subsahariens.

Dans l’appartement qu’elle partage avec quatre colocataires, Laura, une Ivoirienne de 34 ans, glisse soigneusement ses tresses dans un turban et finit de se préparer pour aller au travail. Elle énumère machinalement ce qu’il lui reste à faire avant de quitter la Tunisie : « Il faut que je paye mes factures, que je fasse mes dernières courses avant le départ… » La veille, elle a vu sur les réseaux sociaux une vidéo où l’on voit des migrants subsahariens être agressés à Sfax (est). Elle a « peur », dit-elle, mais elle continue de sortir pour acheter de quoi manger.

Comme des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne, Laura doit quitter son appartement au plus vite. Sa propriétaire le lui a intimé après la sortie du président Kaïs Saïed, le 21 février, pourfendant l’immigration clandestine. Depuis, les autorités ont annoncé vouloir appliquer strictement les textes disant qu’un Tunisien ne peut pas loger un étranger n’ayant pas de contrat ou de carte de séjour. Les étrangers en situation irrégulière ne peuvent pas non plus travailler.

Conséquence directe : de nombreux Subsahariens ont été expulsés de leur logement du jour au lendemain et ont perdu leur emploi. Une situation inédite à laquelle s’ajoutent des violences et des agressions racistes sans précédent. La présidence et le gouvernement ont tenté d’apaiser la situation il y a quelques jours en annonçant une batterie de mesures pour faciliter la régularisation des étudiants et le retour volontaire des migrants irréguliers, mais beaucoup disent ne plus se sentir en sécurité en Tunisie. En réalité, cela fait des années que les Subsahariens y sont victimes de discriminations ; mais désormais, la haine s’exprime ouvertement.

Laura a vendu tous ses meubles dans la précipitation et vit désormais dans une chambre quasiment vide. Dans une semaine, elle a rendez-vous avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) afin de bénéficier d’une aide au retour en Côte-d’Ivoire. […]

Le Monde

 

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