La guerre pourrait connaître un tournant

L'Occident s'est mis d'accord pour imposer des sanctions à la Chine si elle soutient la Russie. Une telle mesure pourrait marquer un tournant dans la guerre, selon Oliver Hortay, responsable de la politique climatique et énergétique dans le think-tank hongrois Századvég.

Hortay rappelle que le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, citant des données des services de renseignement, a accusé la Chine de se préparer à fournir des armes à la Russie. Le ministre chinois des Affaires étrangères a nié une telle intention, mais le président américain Joe Biden n’en a pas moins convoqué le chancelier allemand Olaf Scholtz et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le thème officiel de leur entretien était "Travailler ensemble pour relever les défis posés par la Chine", ce qui signifie en clair, selon des fonctionnaires américains, préparer un paquet de sanctions contre la Chine.
Or, souligne Oliver Hortay, une telle mesure aurait des conséquences imprévisibles.

"Accuser la Chine et lancer de nouvelles sanctions sont des mesures qui, en elles-mêmes, vont dans le sens d'une nouvelle escalade. Jusqu'à présent, la Chine a cherché à tirer un bénéfice économique du remaniement des relations commerciales résultant des sanctions, mais elle a cherché à rester militairement neutre.
Cependant, si l'Occident devait imposer des sanctions à la Chine, cela pourrait automatiquement élever le géant asiatique au rang de belligérant et nous pourrions facilement nous retrouver aux portes d'une guerre mondiale", a-t-il averti.

Il est clair, comme l'ont dit plusieurs dirigeants de l'UE, qu'aucune étude d'impact n'a été faite au sujet des sanctions contre la Russie jusqu'à présent.

La question se pose, dit  Hortay : les élites politiques occidentales ont-elles réfléchi aux graves conséquences économiques de sanctions contre la Chine ?

Les partisans des mesures punitives n'ont qu'à regarder autour d'eux les objets qu'ils utilisent pour se rendre compte à quel point leurs ambitions sont malavisées.
En outre, la Chine est devenue un acteur indispensable dans la gestion des sanctions russes ; par exemple, une part importante du fuel russe manquant à cause de l'embargo est remplacée par les raffineries chinoises en Europe, explique Hortay.

Question tout aussi importante: si l'Occident franchit le Rubicon, pourquoi s'arrêterait-il à la Chine ?
Les dirigeants américains ont récemment déclaré à plusieurs reprises que l'OPEP, la superpuissance pétrolière, soutenait la Russie dans ses décisions de production.
L'industrie indienne - y compris son industrie de la défense - est liée à la Chine et à la Russie par mille fils, tout comme la plupart des pays asiatiques.
Une grande partie de l'extraction des matières premières en Afrique est contrôlée par des entreprises chinoises et russes.
En sanctionnant la Chine, l'Occident s'engage donc dans une voie dont il ne voit pas la fin et dont il ne peut en aucun cas sortir grandi.

"L'élite politique occidentale joue avec le feu. Nous devons arrêter car nous sommes à deux doigts d'une grave escalade de la guerre dans laquelle l'Europe pourrait très sérieusement se brûler", conclut Oliver Hortay.

Source: Sorsfordító mérföldkőhöz érhet a háború – Magyar Nemzet

Traduction libre: Albert Coroz