Sergueï Riabkov s'exprimait mardi à l'ONU à Genève au sujet de la suspension du nouveau traité Start (réduction des armes stratégiques).
Interrogé sur le besoin des Russes de recourir à des médiateurs pour ramener la paix en Ukraine. Sergueï Riabkov répond sèchement: "Nous n'en avons pas besoin."
Puis il continue: ... les Occidentaux issus de la génération des jeux sur ordinateur comprennent mal la réalité et les conséquences réelles de leurs propres décisions, et il ajoute:
Or "la réalité peut être mortellement dangereuse."
Le journaliste Luis Lema: Une dernière flèche à décocher ?
- Ce sera contre la Suisse, qui "a compromis sa neutralité" en se rapprochant de l'Ukraine et de l'union Européenne.
"De notre perspective, la Genève internationale telle que nous la connaissons fait désormais partie du passé"
article complet (abonnés): https://www.letemps.ch/monde/peuton-parler-wagner
*******
Albert Coroz: Les paroles de Sergueï Riabkov sonnent chez nous dans le vide. Nous sommes frappés du fait que la jeunesse suisse soit si déconnectée de la réalité, continue à s'obséder avec le changement climatique, à trembler pour l'avenir de la planète, alors qu'une guerre sanglante, à nos portes, va amener une réorganisation du monde, et qu'une immense incertitude plane sur le futur de l'Europe.
Selon les sondages, la jeunesse hongroise, et la population hongroise en général, sont très préoccupées par une éventuelle guerre mondiale, et pourtant les Hongrois aussi ont joué aux jeux vidéo. La différence réside dans la perception de la réalité que les gens peuvent se faire, après avoir lu ou entendu des informations de différentes sources et orientations politiques.
Les médias occidentaux sont majoritairement habitués à définir ce que la population doit penser, et ce qu'est la démocratie, et ils croient avoir la prérogative de juger quels pays sont les vraies démocraties, et lesquels devraient subir des transformations pour devenir démocratiques. Et lorsque les USA et l'UE décident, par exemple, qu'un pays comme l'Ukraine est un pays démocratique (bien qu'en réalité il ne corresponde pas du tout à leurs standards habituels, ils le cataloguent comme tel), ils s'attendent à ce que le monde entier accepte cela sans broncher.
Mais le déclin de l'Occident est enclenché inexorablement: ses alliés d'antan regardent maintenant vers la Chine, qui gagne en popularité parce qu'elle n'impose aucune idéologie, ni ne demande aux autres pays d'adapter leur culture aux valeurs progressistes.
La dernière phase du djihad culturel de l'Occident, le wokisme, a aliéné beaucoup de pays, et devant le spectre horrible d'un affrontement OTAN-Russie, les Occidentaux sont encore incapables de tirer les conclusions et de voir que leur perte d’attractivité, leur déclin, proviennent essentiellement de ce mélange d'arrogance et de dégénérescence morale dont l'emblème est le wokisme.
En constatant que la Suisse est devenue aussi russophobe, à peine une année après avoir pourtant accueilli le sommet Biden-Poutine, les Russes doivent se dire que notre pays est devenu sacrément hypocrite et indigne de confiance. Le sommet de Genève n’aura servi à rien. On dirait que la Genève internationale n’est plus qu’une chambre d’enregistrement de Washington. Les pays émergents se tournent de plus en plus vers les BRICS et l’OCS, et risquent à leur tour de se détourner de l’Europe.