« Les garanties de Meloni au G20 et le défi d’un gouvernement solide. »

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Italie. Revue de presse.

Le G20 de Bali, et notamment la rencontre entre la Présidente du Conseil G. Meloni et le Président chinois Xi Jinping, fait les gros titres de la presse italienne. Certains quotidiens soulignent aussi en Une le fait que l’éventuelle rencontre bilatérale avec le Président E. Macron ne s’est finalement pas tenue, bien qu’elle ait été « espérée dans le contexte de la tension italo-française sur l’affaire des migrants de l’Ocean Viking » : « Meloni rencontre Xi, le dialogue avec la Chine est rouvert » (Corriere della Sera), « Le froid entre Meloni et Macron au G20 mais des affaires en or avec Xi » (La Repubblica), « Meloni, le tournant chinois mais le coup de froid avec Macron demeure » (la Stampa), « Sommet Meloni-Xi : la Chine augmentera l’importation des produits italiens » (Sole 24 Ore), « Meloni rencontre Xi, un accord pour la vente de 200 avions à la Chine » (Il Messaggero). L’affaire des missiles ayant touché le territoire polonais près de la frontière ukrainienne est encore citée en Une : « Missiles en Pologne, la tension baisse » - Pour Biden et l’Otan il ne s’agit que d’un accident. Mais Zelensky insiste : c’est de la faute de Poutine (Corriere della Sera), « La peur court le long de la frontière ukraïno-polonaise » (La Repubblica), « Le missile « russe » est ukrainien, la guerre mondiale est reportée » (Fatto Quotidiano).

Les JT couvrent essentiellement le G20 de Bali, et notamment les bilatérales de G. Meloni avec J. Biden et Xi Jinping, les déclarations du Secrétaire Général de l’Otan selon lequel le missile tombé en Pologne ne représente pas une attaque délibérée de la part de la Russie, et les résultats des élections américaines de mi-mandat.

Sur Twitter, le hashtag #Crimea en référence à deux fortes explosions survenues en Crimée, domine.

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « La Présidente du Conseil rencontre XI, elle demande davantage d’exportations italiennes vers la Chine, et lui l’invite à Pékin » : « Cela faisait trois ans que l’Italie et la Chine ne se parlaient pas à un tel niveau. L’entretien entre Giorgia Meloni et XI Jinping a duré plus d’une heure et marque une relance du dialogue entre Rome et Pékin. Le mémorandum sur la Route de la Soie, signée par le gouvernement Conte mais jamais réellement appliqué, n’a pas été mentionné. Les deux leaders vont en revanche jusqu’à évoquer Taiwan, bien qu’indirectement. Ils parlent d’affaires et du contrat confié au consortium européen ATR et à l’Italie pour 250 engins sur 10 ans, récemment débloqué par la Chine. Ils discutent ouvertement de la crise en Ukraine et le président chinois tient des propos nets mais d’une certaine façon assez inattendus : si le conflit nucléaire doit absolument être évité, XI Jinping ajoute une nuance de poids ‘’notre capacité à influencer Poutine est très limitée’’. Pour ce qui est du rapport entre les deux leaders, XI reconnait un rôle important à Giorgia Meloni : ‘’je suis content de pourvoir travailler avec une femme qui dirige un gouvernement politique’’. Malgré tout, ils ne cachent par les problèmes réciproques : Meloni évoque la question des droits humains et celle de la difficile entrée des entreprises italiennes sur le marché interne chinois. Toutefois, les deux sont d’accord pour travailler ‘’sur ce qui ne les divise pas’’, y compris les relations culturelles. XI explique qu’un des plus beaux voyages de sa vie fut en Italie en 2019 et dit ‘’espérer qu’elle puisse venir visiter la Chine et en dire de même’’. Invitation acceptée. Giorgia Meloni avait d’abord vu, hier, Joe Biden, et ce n’est pas anodin si elle lui demande des éléments rassurants sur la stabilité géopolitique en Asie, mentionnant explicitement le risque de nouveaux conflits. Elle fait ici une référence implicite à Taiwan et Xi Jinping se veut rassurant : ‘’nous sommes fidèles à notre concept de One China policy mais nous voulons éviter toute situation conflictuelle et nous n’en provoquerons pas’’. Giorgia Meloni demande une plus grande ouverture pour les investissements italiens, XI répond de façon pragmatique : ‘’nous étions prêts à signer un accord avec l’UE mais Bruxelles a tout cgelé’’. Le message auquel le président chinois tient peut-être le plus est que ‘’dans la situation actuelle il est très important de promouvoir la stabilité et le développement à long terme des relations Chine-UE. Nous espérons que l’Italie puisse jouer un rôle important afin que l’UE poursuive et favorise une politique chinoise indépendante et positive’’. »

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Giorgia Meloni et Xi Jinping

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco « Rencontre Meloni-Xi, relance du commerce et entente sur 250 avions qui seront fournis à la Chine. Le froid avec Macron demeure » : « C’est le dernier acte du G20 de Giorgia Meloni. Elle doit faire comprendre au Président chinois que la saison de la Route de la Soie est révolue à jamais, c’est là une condition non négociable avec Washington, sans toutefois provoquer une rupture avec le commerce chinois, qui est important. Meloni doit aussi s’aligner sur la position indiquée par Biden : faire un maximum de pression sur la Chine pour négocier avec Poutine, faire le plus grand effort diplomatique afin d’éviter une escalade sur Taïwan, une concurrence sur les marchés sans aller vers une guerre commerciale sauvage. Meloni adopte les positions américaines, car elle doit se montrer fiable à l’égard de la Maison Blanche, au vu du scepticisme européen qui a suivi le coup de froid avec Emmanuel Macron. Hier, aucun éclaircissement n’a eu lieu à ce propos. Et cela par volonté de l’Elysée, semble-t-il. Le début des discussions avec Xi est de bon augure. Quelques heures avant les entretiens bilatéraux, Pékin a donné son feu vert à l'achat d'au moins 250 avions Atr, propriété de l'Italie et de la France (Leonardo et Airbus), d'ici 2035. Les négociations ont duré 36 mois. Meloni remercie les Chinois, et Xi considère l'accord comme un exemple de "collaboration" possible. Un autre, ajoute-t-il, est celui des Jeux olympiques d'hiver de Milan-Cortina en 2026. Cet entretien rouvre un dialogue qui avait cessé trois ans plus tôt : d’abord à cause de la chute du gouvernement Conte, puis le Covid, et enfin l’ère de Mario Draghi, qui n’avait jamais renoué avec la Chine. Le premier dossier évoqué est celui de l'Ukraine. Meloni appelle à une médiation diplomatique maximale de Pékin pour contenir Poutine et éviter une escalade sur le nucléaire. Le dossier taïwanais est différent. Aucun des deux ne le mentionne explicitement. Mais c'est à l'île contestée que Meloni semble faire référence lorsqu'elle espère qu'aucun autre front militaire ne sera ouvert et que tous les acteurs feront "baisser la tension". Le Président Chinois fait d’abord l’éloge de Sergio Mattarella et propose à Meloni de se concentrer sur les points en commun. Pour ce faire, il l’invite à Pékin. Le but est de demander à Rome de jouer un rôle de médiateur en Europe pour favoriser une politique indépendante à l’égard de la Chine. Mais cela est assez difficile, vu l’état des relations avec Bruxelles. Et avec Macron. Hier, les occasions de rencontre entre les deux n’ont pas manqué, sans toutefois permettre un face à face. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Les garanties de Meloni au G20 et le défi d’un gouvernement solide » : « La clôture du G20 a marqué les débuts sur la scène internationale de Giorgia Meloni, avec deux grandes rencontres bilatérales : avec Biden et Xi. C’est donc un bilan positif pour la dirigeante de Fratelli d’Italia, qui a parlé d’une Italie « protagoniste ». En effet, ceux qui ont parié sur l’isolement de notre pays n’ont pas pris en considération le vrai dossier qui a dominé le sommet mondial : la guerre de Poutine contre l’Ukraine. C’est le contexte qui fait en sorte que nous restions unis, malgré les frictions. Bref, les divisions demeurent, notamment avec Macron, mais le front de l’UE et des Etats-Unis reste debout et tient ensemble le puzzle européen. Et c’est bien cela qui fait dire à Meloni que le G20 a été un succès, avec une déclaration finale qui soude l’Occident avec d’autres pays contre l’agression russe. Face à Biden, Meloni a assuré que la ligne atlantiste de l’Italie n’a pas changé, malgré le fait qu’au sein de son gouvernement il y ait l’allié Salvini et « l’ami de Poutine », S. Berlusconi. Le grand défi de Meloni est de réussir à déjouer les préjugés et la méfiance à l’égard d’une Italie qui serait constamment fragile, avec des gouvernements dont la vie moyenne est d’environ deux ans. »

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Joe Biden et Giorgia Meloni

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Guido Crosetto, ministre de la Défense et co-fondateur de Fratelli d’Italia, « C’est une phase complexe, la guerre sera longue, c’est dans les moments les plus tendus qu’il faut avoir les nerfs solides » : « Les personnes du secteur de la Défense gardent mieux leur sang-froid et restent rationnelles, personne n’a besoin que le conflit dégénère. Lorsque l’on vit des moments aussi dangereux, le plus importants et de garder son calme et ne pas céder à des réactions immédiates. Nous n’avons pas voulu commenter à chaud [l’explosion de missiles sur le territoire polonais] car nous voulions d’abord savoir ce qu’il s’était passé, conscients que chaque propos peut alimenter la confrontation alors que la situation est déjà grave. Mes collègues de l’OTAN et les Etats-Unis ont fait preuve de prudence. Aujourd’hui, l’hypothèse qui se confirme est celle d’un missile ukrainien tombé sur le territoire polonais. Cet incident n’est pas destiné à aggraver une situation déjà critique. La guerre sera encore longue. La stratégie russe a changé et elle est encore plus violente. Ils visent les infrastructures pour pousser des millions de personnes à migrer vers l’Europe pour ne pas mourir de froid cet hiver. [Question : Face à de tels chiffres, n’est-il pas absurde d’ouvrir un contentieux avec l’Europe pour quelques centaines de migrants ?] Face à de tels chiffres, quelques centaines de migrants semblent bien peu mais si nous n’affrontons pas le problème, nous nous retrouvons dans 15 ans avec 70 000 arrivées par jour en provenance d’Afrique, des millions de personnes par an. [Question : C’est pour cela que vous avez déclaré la guerre aux ONG ?] Dans vingt ans, l’Afrique comptera deux milliards et demi d’habitants et, si les choses ne changent pas, plus de la moitié ne mangera pas à sa faim e devra migrer. Poser le problème à partir des ONG, qui sont la microscopique pointe d’un iceberg gigantesque, est un moyen de contraindre toute l’UE à l’affronter. [Question : Admettez-vous une instrumentalisation des ONG ?] On ne peut pas parler d’instrumentalisation des ONG, mais c’est la clef pour engager un débat à l’échelle européenne, autrement cela reste un problème de l’Italie que les autres minimisent. Giorgia Meloni essaye d’amener le débat à un niveau supérieur. [Question Pour l’instant elle a rendu Paris furieuse] La France a voulu entrer dans un bras de fer sur l’Ocean viking et, on est bien loin de l’accueil, les migrants ont déjà été rapatriés. [Question : Pour Meloni, le G20 a été ‘’un succès’’. Même si elle n’a pas eu de rencontre bilatérale avec Macron ?] Je n’y étais pas donc je ne sais pas pourquoi la rencontre n’a pas eu lieu. Le climat entre eux s’améliorera inévitablement. Notre objectif était d’imposer la question des migrants. [Question : L’Italie est-elle isolée au sein de l’UE ?] A la réunion des ministres européens de la Défense, j’ai eu des face-à-face avec tout le monde : allemands, espagnols, français, grecs, chypriotes. [Question : Lorsque Mattarella dit ‘’seuls, nous sommes tous petits’’, c’est un avertissement pour les souverainistes ?] Il ne s’est pas adressé seulement à l’Italie, mais à tous les souverainistes, y compris à ceux qui ferment les frontières à Vintimille.  »

ARTICLE, La Repubblica, A. Ziniti « Migrants, Piantedosi cherche des soutiens et propose des primes à ceux qui accepteront les rapatriements » : « Pour ses débuts sur la scène internationale, à Wiesbaden, Matteo Piantedosi partira à la recherche d’alliés avec le sourire conciliant de celui qui tend la main pour sortir de l’impasse. Mais aussi avec un dossier plein de chiffres pour montrer à l'Europe que l'Italie a peut-être moins de réfugiés et de demandes de protection que d'autres pays, mais que son système de gestion des flux migratoires n'en souffre pas moins. +60% de d’arrivées en 2022, +56% de demande d’asiles, la présence de 105 000 personnes dans les systèmes d’accueil, avec 60% de migrants qu’il faut rapatrier. Et, surtout, pour montrer que "l'accueil a une limite", comme il l'a souligné hier au Parlement italien lors de son briefing avant de s'envoler vers l'Allemagne pour participer à la réunion des ministres de l'intérieur du G7. Après celle manquée par Meloni et Macron à Bali, la rencontre entre Piantedosi et son homologue Darmanin devra elle-aussi attendre. La France sera représentée au G7 par un secrétaire d’Etat. C’est toutefois de la bilatérale avec la Commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, que Piantedosi compte de sortir de l’impasse avec un soutien solide pour faire monter les enchères de l'Italie sur le banc européen : non seulement un nouveau code pour les ONG avec la participation des États du pavillon (‘’il faut que ce soient les Etats qui demandent la mise en sécurité des migrants sauvés et pas les commandants des navires’’), mais aussi des quotas plus importants pour la redistribution des migrants, plus d'argent pour les rapatriements et pour la gestion de l'accueil, et la relance du nouveau Pacte sur les migrations et l'asile. En attendant que l’Europe se prononce, le ministre de l’Intérieur Piantedosi ne cède pas sur sa ligne dure, comme il l’a rappelé devant le Parlement. Il a annoncé l'augmentation des canaux d'immigration légale avec un décret d'extension des flux par rapport aux 70 000 places actuelles, à travers un système de récompense avec des quotas d'entrée plus élevés pour les pays d'origine et de transit qui acceptent de signer des accords de rapatriement et de coopérer pour arrêter les départs. »

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Matteo Piantedosi

ENTRETIEN, La Stampa, de François Hollande, ancien président de la République : « Sur les bateaux de migrants, l’Italie ne respecte pas les règles, mais l’Europe doit être plus solidaire » par Francesca Paci : « Selon les règles juridiques, c'est l'Italie qui aurait dû accueillir l'Ocean Viking. Mais c'est à l'Europe de donner des indications à l'Italie et les autres pays, c'est-à-dire de faire en sorte que l'accueil se fasse dans le port le plus proche et que, ensuite, il puisse y avoir une redistribution des réfugiés. Parce que ces dernières années, l'Italie a beaucoup contribué à l'accueil des migrants et n'a pas toujours reçu la solidarité de l'Union européenne par rapport aux efforts consentis. La première responsabilité incombe donc au gouvernement italien qui, en refusant de les accepter, s'est placé en dehors des règles internationales. Mais la seconde est celle de l'Union européenne, qui n'affirme pas suffisamment ni les modalités de redistribution des réfugiés ni le soutien dû aux "pays de premier accueil". "Ce qui est clair, c'est que le gouvernement italien ne veut pas d'une confrontation avec l'Union européenne sur les questions économiques, budgétaires et, en général, sur la zone euro. Ainsi, plus le gouvernement accepte les principes économiques de l'UE, plus il tentera de se démarquer sur l'immigration et les droits fondamentaux. L'extrême droite française ne s'y prendrait pas autrement. Madame Le Pen accepte désormais la monnaie unique et les règles budgétaires imposées à nos Etats, mais elle conteste toujours les règles de Schengen et d'asile. Cependant, l'Europe n'est pas un menu sur lequel, comme dans un restaurant, on peut choisir les plats : il faut tout prendre, tant les mécanismes qui peuvent être favorables à l'obtention de moyens financiers et de fonds européens que les règles en matière de migration". “Je n'ai aucune information concernant une quelconque hésitation de la part du président [de la République française] et du gouvernement [sur l’accueil du bateau]. Il est normal que la France rappelle à l'Italie ses obligations et il est souhaitable qu'en l'absence d'autres solutions, le navire puisse être accueilli en France, à condition que les migrants soient redistribués entre plusieurs pays de l'UE. Sur la politique migratoire, il est vrai que le gouvernement français peut fluctuer en fonction de la période et qu'il n'a pas encore fixé de ligne claire parce qu'il subit la pression de la "droite". Pendant des années, d'abord Matteo Renzi, puis Mario Draghi, ont mentionné comment l'Italie avait fait de grands efforts et comment elle n'avait pas toujours reçu le soutien européen nécessaire. Je l'ai vécu en tant que Président de la République française, mais ce n'est pas une raison pour ignorer le droit international et mettre en danger les migrants. J'appelle à la définition d'une véritable politique migratoire à l'échelle européenne : c'est-à-dire empêcher les trafiquants d'exploiter la pauvreté pour faire venir des migrants, secourir ceux qui sont en extrême danger et vérifier leur état civil et leurs droits éventuels, et enfin les redistribuer dans toute l'Europe. Il n'est pas acceptable que des pays puissent recevoir des fonds européens sans souscrire aux obligations de l'Europe en matière d'asile". [Sur le renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne], chaque État doit contrôler ses frontières, qui sont aussi des frontières européennes. Je ne peux pas reprocher à un gouvernement de sécuriser ses frontières extérieures. D'autre part, il ne doit pas y avoir d'actions unilatérales car sinon il n'y aurait plus de politique migratoire européenne, ce serait la fin de l'espace Schengen. Il est très important que la Commission européenne prenne l'initiative dans ce domaine. L'Europe, qui a montré qu'elle savait s'unir sur les grandes questions - on l'a vu à propos de la guerre en Ukraine - ne parvient pas à trouver une réponse commune sur les réfugiés. Sur la suspension en 2015 des règles Schengen, j'ai utilisé les dispositions prévues dans les traités, puisqu'il y avait des menaces très sérieuses contre la France, avec les attentats subis et avec les terroristes infiltrés dans les rangs des migrants. Il était nécessaire de suspendre Schengen et de rétablir le contrôle des frontières intérieures. Je revendique cette décision. Concernant le traité du Quirinal, les traités engagent les États ainsi que les gouvernements successifs. Comme la France, l'Italie doit adhérer aux dispositions de ce traité. Nous avons besoin d'une relation franche et directe entre nos deux pays et je ne voudrais pas que l'Italie, pour des raisons de politique intérieure, utilise la migration pour se distancer des principes européens et donc de la France. C'est déjà arrivé en 2019, comme il vous l’avez rappelé, avec un gouvernement dans lequel il y avait déjà l'extrême droite. Ce qui est en cause aujourd'hui, c'est la cohésion de l'Union européenne. Ce que veulent les régimes autoritaires - la Russie en particulier - c'est inoculer le poison de la division au sein de l'Union européenne. Et quand je regarde la majorité de Madame Meloni, il me semble que le poison circule déjà". "Nous devrons juger sur pièces. Pour l'instant, en ce qui concerne l'aide à l'Ukraine, Madame Meloni a adhéré à la position commune de l'UE. Nous devrons voir s'il s'agit d'une position de circonstances ou d'une attitude constante. L'avenir nous le dira. Il ne s'agit ni de faire une confiance aveugle ni de faire un procès d'intention. Je pense que, compte tenu des déclarations de certains membres de la majorité de Madame Meloni, les préoccupations sont légitimes. C'est à elle de savoir si elle veut jouer sur des mots contradictoires ou si, au contraire, elle veut donner à l'Italie une orientation claire et nettement européenne. Sur les critiques adressées par la France, chaque État est souverain, mais chaque État européen est lié aux autres par des traités. Elle doit les respecter. Sur l’hypothèse d’une Allemagne « médiatrice » entre la France et l’Italie, je ne sais pas si un médiateur est nécessaire pour résoudre ces problèmes. C'est au niveau de l'ensemble des pays que nous devons parler franchement de la politique migratoire". » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, de Stefano Folli, « Entre le gouvernement et le Quirinal, des ombres à dissiper » : «  Notre système institutionnel n’a pas été conçu pour régler les frictions éventuelles, ou pire, les incompréhensions entre le président de la République italienne et le président du Conseil. A présent, alors que notre présidente du conseil revient du G20, il faudra voir si nous ouvrons un nouveau chapitre dans le domaine de ces relations. La question du rapport à la France demeure, car nous n’avons toujours pas de solution. L’appel téléphonique entre Mattarella et Macron a permis à rendre moins dur le ton entre Rome et Paris, mais la froideur entre le chef de l’Etat français et la première ministre italienne était évidente au G20. Aujourd’hui, le problème des migrants est de nouveau le principal point d’achoppement entre le gouvernement de droite et la France d’Emmanuel Macron, sur fond de tensions possibles avec l’UE. Que vient faire le Quirinal dans tout cela ? A cause des réflexes qui reviennent après le coup de fil en question. Un important journal de droite a attaqué le chef de l’Etat italien en parlant d’une « impolitesse institutionnelle » et même de « représailles » contre le gouvernement de Fratelli dont il ne partagerait pas les idées, tout en parlant d’un coup de fil qui n’avait pas été ‘concordé’ avec le palais Chigi. On voit bien que dans l’état d’esprit de la droite, il y a une défiance à l’égard du chef de l’Etat et de son rôle de garant. Auparavant ce rôle était bien accepté, en particulier par les gouvernements techniques ; mais à présent, il y a une vraie majorité de droite, amplement légitimée par le vote, après avoir été longtemps à l’opposition, et qui se retrouve au pouvoir. Une force qui cherche mais ne parvient pas toujours à se défaire de ses vieux habits pour se revêtir de son rôle institutionnel. D’où la perception d’un rapport au Quirinal que certains peuvent avoir envie de critiquer. Mais on peut difficilement suspecter Mattarella de souhaiter mettre le gouvernement sous tutelle, et encore moins d’alimenter les doutes de la France contre Meloni.  Mais il y a encore des zones d’ombre à dissiper. Le président du Sénat, La Russa, a fait une longue déclaration pour clarifier ses propos sur les liens entre premier ministre et président. Au moment où l’on voudra renouer avec Paris, il faudra aussi voir quels seront les rôles respectifs du Quirinal et de Chigi afin qu’ils soient clarifiés en amont ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

 

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