Malaise dans la langue française, sous la direction de Sami Biasoni

Francis Richard
Resp. Ressources humaines
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Ils sont douze, comme les apôtres, à analyser le Malaise dans la langue française:

Mathieu Bock-Côté, Jean-François Braunstein, Jean-Michel Delacomptée, Yana Grinshpun, Nathalie Heinich, Anne-Marie Le Pourhiet, Bérénice Levet, Mazarine M. Pingeot, François Rastier, Xavier-Laurent Salvador, Boualem Sansal et Jean Szlamowicz.

Ils viennent de tous horizons, mais, ils ont en commun de vouloir défendre la langue française, chacun avec ses armes intellectuelles. C'est pourquoi Sami Biasoni les a réunis.

La langue française, en effet, est en danger, sous les assauts d'une idéologie, dont l'expression est ce que ses adeptes appellent l'écriture inclusive, qui est un bel oxymore.

Car cette écriture au lieu que d'inclure exclut, c'est-à-dire rejette. Obscure et pédante, elle n'est compréhensible que par une élite, à l'exclusion des autres pratiquants du français.

 

L'ÉCRITURE INCLUSIVE

Ce qui caractérise cette écriture élitiste, qui est imprononçable et/ou dépourvue de raison, qui est le fruit d'un obscurantisme idéologique sectaire, ce sont par exemples:

- le fameux point médian: étudiant.e.s;

- la double flexion: celles et ceux;

- l'accord de proximité ou de majorité: les hommes et les femmes sont belles;

- la féminisation des titres, grades et fonctions à valeur neutre: l'autrice1.

 

L'IDÉOLOGIE

À la base de cette idéologie, il y a l'affirmation que l'écriture jusque-là était discriminatoire, qu'elle était systématiquement sexiste2 et que la défendre est réactionnaire.

L'écriture inclusive est dite progressiste. Ceux qui donc s'opposent à sa déconstruction de la syntaxe et du vocabulaire sont voués à l'opprobre et désignés à la vindicte publique.

Or cette écriture constructiviste, qui réduit l'identification de la langue à un phénomène social, au lieu de clarté, introduit des confusions qui n'ont certainement rien de fortuites:

- entre le genre et le sexe;

- entre le genre morphologique et le genre sémantique3;

- entre la fonction et la personne;

- entre le signe et le symbole;

- entre le réel et l'énoncé.

Ces confusions permettent à ce langage d'être un outil idéologique dangereux, qui, d'abord distillé à petites doses, finit à la longue par être toxique4, radical, totalitaire.

 

CONCLUSION

Il faut donc lire ce livre qui contient tous les remèdes pour sortir du malaise dans lequel la langue française est plongée, même si sa déconstruction est bien engagée.

Dans un article, paru il y a tout juste cinq ans, je rappelais que ce qui faisait son universalité, selon Rivarol, c'était l'ordre et la construction de la phrase, qui lui donnaient sa clarté par excellence...

Cette universalité importe davantage que l'universalisme républicain, défendu par les auteurs du livre: elle transcende tous régimes politiques, éphémères par définition.

N'en déplaise aux inclusivistes du XXIe siècle, des femmes, au XVIIe siècle, ont joué un rôle incontestable tant dans la création du modèle culturel et littéraire français que dans leur influence sur la langue5...

 

Francis Richard

 

1- Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée,/Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. Étienne Boileau, in L'Art poétique.

2- La notion de sexisme, forgée sur le modèle de "racisme", conduit à incriminer voire à criminaliser toute perception et toute expression de la différence des sexes.  Bérénice Levet

3 - Les changements de genre ont été nombreux au cours de l'histoire de la langue. Yana Grinshpun

4 - Les mots peuvent être comme de minuscules doses d'arsenic: on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu'après quelque temps l'effet toxique se fait sentir. Victor Klemperer, in La Langue du Troisième Reich

5 - Comme le rappelle opportunément Yana Grinshpun dans ce livre collectif.

 

Malaise dans la langue française, sous la direction de Sami Biasoni, 264 pages, Les Éditions du Cerf

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

Un commentaire

  1. Posté par Marta le

    Force est de reconnaitre que la langue française aurait vraiment besoin d’un bon ravalement, quand on pense que ce député RN a prononcé en bon français une phrase à l’assemblée et que personne n’a pu comprendre le sens, c’est grave, (qu’il retourne en Afrique), mais qu’a-t-il dit, que le député de LFI retourne en Afrique, que le bateau retourne en Afrique ou que les migrants retournent en Afrique, je ne sais pas s’il en existe une autre langue aussi imprécise dans le monde, les académiciens devrait se pencher sur le sujet.
    A noter qu’un livre édité en plusieurs langues à en moyenne 20 à 30 % de pages en plus quand il est édité en français.

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