Non, les déchets nucléaires ne sont pas un problème

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Les déchets sont l’objet de la principale critique des détracteurs du nucléaire. Mais de quoi parlons-nous ? Un déchet nucléaire peut être autant composé de gravats, d’outils, de gants, des pièces usagées… ou de substances radioactives sous différentes formes. Leur existence s’explique par un phénomène très simple : pour produire de l’électricité d’origine nucléaire, il faut maintenir les centrales, traiter le combustible nucléaire usé, voire déconstruire des installations. Tout cela laisse des résidus dont il faut se débarrasser.

Le fait est que chaque déchet présente un certain niveau de radioactivité, de très faible à haute activité, et qui se maintient sur une durée plus ou moins longue. Pour simplifier, les déchets « à vie courte »  représentent la grande majorité du volume des déchets nucléaires (90 %), mais seulement 0,1 % de la radioactivité totale ; et les déchets « à vie longue » ne sont qu’une minorité (10 % du volume), mais concentrent 99,9 % de la radioactivité totale.

 

Comment sont-ils gérés ? 

Les déchets de courte durée sont triés et conditionnés avant d’être stockés. Depuis cette année, une troisième solution sera de nouveau possible : le recyclage en les injectant dans un circuit de recyclage industriel classique. On parle ici des déchets très faiblement radioactifs, parfois en-deçà de la radioactivité naturelle – lesquels, jusqu’à présent, étaient inutilement placés dans des centres de stockage. La France a donc finalement rattrapé son retard par rapport aux autres pays, en revenant sur cette décision vieille des années 1990.

Les déchets longue durée sont entreposés en surface avant d’être stockés en profondeur. Leur radioactivité est certes beaucoup plus élevée, mais leur volume est tel qu’il demeure assez facile de les gérer. Ainsi, en 60 ans, l’équivalent de moins de 50 000 mètres cubes ont été produits – soit à peine la taille d’un entrepôt d’Amazon. En pratique, la partie la plus radioactive de ces déchets est vitrifiée et entreposée à l’usine de la Hague, après en avoir extrait toute la matière recyclable sous forme de nouveau combustible.

De fait, 10 % de l’électricité d’origine nucléaire provient de matières recyclées en France… et il serait même envisageable d’atteindre 20 à 25 % en recyclant l’uranium et le plutonium.

 

Un danger pour les générations futures ?

Pourtant, cela n’empêche pas des ONG comme Greenpeace de remettre en cause non pas la viabilité du recyclage, mais son existence même. En effet, cette organisation affirme que seul 1 % du combustible est recyclé, et accuse le groupe Orano d’envoyer de l’uranium en Sibérie en faisant passer cela pour des matières recyclables vendues à la Russie.

Ce n’est pas tout. Même dans les pays qui n’ont pas fait le choix du recyclage pour des raisons qui leur sont propres, le stockage est de mise. À ce titre, la Suède et la Finlande sont les deux premiers pays au monde à avoir annoncé le stockage dans le sous-sol pendant 100 000 ans. En réaction, Greenpeace et d’autres organisations écologistes se sont catégoriquement opposées à cette décision au nom de failles géologiques (stabilité de la roche), logistiques (irréversibilité), ou encore de sûreté (risques de corrosion, d’incendie, d’inondation…).

En d’autres termes, l’argument principal consiste à dire que l’analyse bénéfice-risque est largement en défaveur de cette solution puisqu’il n’y aurait ni réversibilité, ni contrôle à terme. L’inconnu serait tel qu’il s’agirait d’une décision irresponsable pour les générations futures.

 

Des craintes infondées

En réalité, l’envoi d’uranium en Russie s’explique par une raison simple : pour le recycler, il faut le passer en centrifugeuse – une machine qui enrichit l’uranium transformé en gaz. Or, la France ne s’est pas dotée des installations nécessaires pour ces étapes du recyclage. Ainsi, il est plus logique de vendre l’uranium non-enrichi aux Russes pour qu’ils l’enrichissent eux-mêmes, et l’utilisent dans leurs propres réacteurs. S’il est vrai qu’on ne recycle que 1 % du combustible (le plutonium), cela suffit à fournir 10 % du combustible. Évidemment, Greenpeace s’oppose au recyclage de l’uranium qui viendrait mettre à mal cette rhétorique.

Contrairement à ce qu’affirme Greenpeace, il ne s’agit donc pas d’un trafic caché aux citoyens, mais d’un contrat industriel faisant l’objet d’une information publique. Cette technique fait partie des solutions pour recycler les matières nucléaires, et est pratiquée par d’autres pays comme le Japon, et à moyen terme la Chine.

Quant à l’opposition farouche sur le projet suédois, il s’agit du résultat de près de 40 ans de collaboration entre des instituts de recherche, des universitaires ainsi que des établissements d’enseignement supérieur. Il peut sembler fort de café d’affirmer qu’il n’y a aucune preuve scientifique sur la sécurité de la solution… Bien sûr, il y aura toujours des membres de la communauté scientifique pour faire preuve de scepticisme, et c’est heureux. Celle-ci n’est pas un bloc monolithique.

En l’espèce, le rejet catégorique des organisations environnementales ressemble davantage à un principe de précaution poussé à l’extrême : selon Greenpeace qui rejette tout autant le recyclage que le stockage, il n’y aurait, dans le fond, pas de solution, à moins de cesser de recourir au nucléaire le plus tôt possible.

 

Il n’y a pas d’écologie sans l’Homme

C’est un fait : les déchets nucléaires sont quotidiennement gérés et maîtrisés. Et plus le temps passe, moins la question se pose. En cours de développement dans plusieurs pays comme la Belgique, la Chine ou la Russie, la quatrième génération de réacteurs résout un peu plus la question des déchets longue vie, et permet de réutiliser davantage encore les matières radioactives issues de la production d’électricité (uranium et plutonium).

Curieusement en France, il est difficile de passer à côté du ravissement des Verts face à la fin des recherches d’une solution qui permettrait de toujours plus diminuer l’impact environnemental – déjà très faible – du nucléaire. Peut-être parce que cela reviendrait à mettre en cause leur existence ? Ne parlons alors même pas des recherches actuelles sur la fusion nucléaire… Finalement, l’antihumanisme et la détestation du mythe prométhéen sont bel et bien des idéologies haineuses. Et elles sont tout sauf animées par des principes écologiques.

 

Extrait de: Source et auteur

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