Comment des espions britanniques ont lancé une vaste guerre de propagande pour diaboliser Moscou

La stratégie britannique de guerre internationale de l'information a été développée il y a des années.

La tension politique croissante entre la Russie et l'Occident a entraîné la création d'unités spécialisées dans la propagande et le renseignement. En ce qui concerne la crise ukrainienne, des experts affirment que l'une des parties les plus actives a été le Royaume-Uni, qui, ces dernières années, a intensifié ses efforts pour diaboliser la Russie en menant une guerre de propagande à grande échelle.

Comme l'a montré une analyse de RT, l'"Unité Russie du Gouvernement de Sa Majesté", une organisation gouvernementale britannique interdépartementale créée il y a plusieurs années, a servi de façade à des opérations d'influence douce contre Moscou avec l'aide d'organisations internationales de conseil.

Jusqu'à présent, les activités de l'opération n'étaient pas visibles publiquement. Cependant, le mois dernier, des publications contenant les informations personnelles de ses employés sont apparues dans plusieurs chaînes Telegram russes. Les adresses électroniques figurant dans ces publications appartiendraient à des employés de l'unité Russie qui sont également liés à divers autres ministères britanniques, notamment le Cabinet Office, le Foreign and Commonwealth Office, les services de renseignement militaire, le MI5, et le ministère de la Défense, ainsi qu'à des conservateurs américains rattachés au groupe.

Une propagande prioritaire

Pour commencer, expliquons comment un groupe ciblant spécifiquement la Russie est apparu au sein du gouvernement britannique, quel est son objectif, et ce qu'il fait.

"Le gouvernement reconnaît depuis longtemps la présence d'une menace soutenue et significative de la Russie pour le Royaume-Uni et ses alliés, incluant à la fois des capacités militaires conventionnelles et de la désinformation, des transactions financières illégales, des opérations d'influence et des cyber-attaques", indique un rapport soumis au parlement par le bureau du Premier ministre britannique en 2020.

Pour le gouvernement britannique, la Russie est devenue "l'une des principales priorités du point de vue de la sécurité nationale", ajoute le rapport.

"C'est pourquoi, en 2017, le gouvernement a mis en œuvre la stratégie pour la Russie, approuvée par le NSC (Conseil national de sécurité - RT), et a créé l'unité pangouvernementale pour la Russie qui rassemble les capacités diplomatiques, de renseignement et militaires du Royaume-Uni pour un effet maximal", poursuit le rapport.

Selon les propres rapports du gouvernement britannique, l'unité Russie du gouvernement, qui était officiellement rattachée au ministère britannique des Affaires étrangères, était principalement chargée de coordonner les campagnes d'information et de propagande visant la Russie. C'est ce qui ressort de données publiées par le gouvernement britannique et, en particulier, d'un vaste programme financé par le Fonds britannique pour les conflits, la stabilité et la sécurité (CSSF) qui a été mené par le Foreign Office jusqu'en 2021 pour développer les ressources médiatiques, y compris en russe, et ce qu'on appelle la "contre-désinformation".

Le programme note que le Royaume-Uni travaille avec plusieurs partenaires pour améliorer la qualité des ressources médiatiques publiques et indépendantes, y compris en langue russe, afin qu'elles puissent "soutenir la cohésion sociale, défendre les valeurs universelles et fournir aux communautés des pays d'Europe de l'Est un accès à des informations fiables."

Les formes de soutien varient. Elles comprennent, par exemple, le mentorat par le personnel des médias britanniques, des consultations sur la création de réseaux de diffusion, le financement de productions conjointes et le soutien de projets médiatiques régionaux en russe.

"Au cours de l'année à venir, nous investirons plus de 8 millions de livres dans le soutien aux médias de service public et indépendants. Cela comprendra des projets dans les États baltes et en Ukraine, ainsi que des initiatives régionales", selon un document publié par le gouvernement britannique.

Un contrat de diabolisation

Toutefois, les efforts de l'unité Russie du HMG ne se limitent pas à la coordination des efforts de propagande. D'après les données du portail des marchés publics du gouvernement britannique, on peut voir que celui-ci a servi de client pour l'initiative Green Finance - un projet russo-britannique visant à promouvoir un financement durable pour développer les liens institutionnels entre Moscou et Londres dans les domaines environnemental et économique. La date limite d'exécution du contrat est le 31 mars 2022.

Des fonds d'un montant de 987'600 £ ont été reçus par la célèbre société de conseil PricewaterhouseCoopers LLP (PwC).

Si nous analysons les allocations de fonds du gouvernement britannique ciblant la Russie, il s'avère qu'en plus de PwC, Moody's Analytics (une filiale de Moody's) a reçu des fonds par l'intermédiaire d'une entité spécialisée à but non lucratif nommée UK Research and Innovation dans le cadre d'un contrat visant à suivre les entreprises et les individus qui ont été sanctionnés dans le cadre du conflit en Ukraine. Les restrictions les concernant sont notées sur un portail de placement des contrats du gouvernement britannique.

L'implication de sociétés de conseil internationales privées dans la promotion de l'agenda britannique concernant la Russie, ainsi que l'espace post-soviétique, est en lien logique avec l'implication de l'unité Russie dans des projets à grande échelle visant à diaboliser l'image de la Russie.

À cet égard, il convient de noter une lettre datée du 7 février 2019, adressée au journaliste d'investigation britannique Till Bruckner, qui avait demandé au ministère britannique des Affaires étrangères des informations sur les activités de l'Integrity Initiative. Il y est indiqué qu'en 2017-2018, 296'500 £ ont été affectées au financement du projet, et 1'961'000 £ supplémentaires en 2019.

Une réponse à la demande du journaliste a été envoyée par l'unité Russie du gouvernement britannique. L'Integrity Initiative a été signalée comme l'un des principaux programmes britanniques responsables de la diffusion de fausses informations anti-Russie et de la guerre de propagande contre Moscou. Dans le même temps, comme RT l'a noté en 2018, le collectif de hackers "Anonymous" a publié des documents internes de l'Initiative pour l'intégrité qui ont révélé les mécanismes employés par les réseaux de médias britanniques dans leur travail subversif visant la Russie.

Les faux trendsetters

Les réseaux d'influence britanniques ont initialement établi une certaine norme pour le schéma anti-russe de l'Occident, a dit Alexey Martynov, un politologue qui dirige l'Institute of Newly Established States (Institut des États nouvellement établis), dans une interview accordée à RT.

"Les Britanniques sont des précurseurs, en un sens. L'expression désormais à la mode 'fake news', la formation de faux récits, la gestion des flux médiatiques - tout cela est né dans leur tête", explique le politologue. "Goebbels a étudié avec des propagandistes militaires britanniques. Ce qu'ils font, c'est de la propagande militaire."

L'universitaire a noté que l'utilisation de sociétés de conseil privées et d'agences de notation comme outils pour influencer la Russie était une tactique de "soft power" traditionnellement employée par les agences britanniques spécialisées.

"Toute agence de notation est créée comme un outil de manipulation des flux médiatiques, et d'autres dimensions commerciales en découlent. Elles ont également accès à des statistiques nationales qui ne sont pas disponibles pour le public", a déclaré le politologue. Ces mécanismes ont été testés depuis les années 1990, lorsque toutes les données ont été ouvertes aux "partenaires" étrangers. Puis ces mécanismes ont été créés - il est important d'avoir un classement élevé auprès des agences de notation, sinon vous ne recevez pas de prêts."

Le Royaume-Uni continue d'intensifier ses sanctions contre la Russie. En mai, il a annoncé un nouveau train de mesures restrictives, ajoutant à la liste d'autres personnes physiques et morales russes et prévoyant d'interdire les importations de pétrole russe. En avril, Londres avait déjà interdit l'importation d'argent, de caviar et de produits en bois russes.

Source: https://www.rt.com/news/555064-london-consulting-companies-against-moscow/

Traduction: Albert Coroz

2 commentaires

  1. Posté par Leutenegger le

    Et les espions britanniques ont même accusé les Russes d’avoir envahi l’Ukraine… tsk, tsk !

  2. Posté par maury le

    La perfide Albion porte bien son nom !!mais quant est il des médias et politiques, et même de certains hauts gradés de nos armées sur les plateaux TV??
    https://www.contrepoints.org/2022/05/09/426830-la-fausse-epidemie-de-desinformation
    Par Tiffany Donnelly.

    L’éditeur du New York Journal, William Randolph Hearst, aurait dit : « Vous fournissez les images, je fournis la guerre ! »

    Hearst et son rival, Joseph Pulitzer, ont fait du sensationnel, exagéré et carrément menti quotidiennement à des millions d’Américains avant la guerre hispano-américaine, répandant ce que beaucoup appelleraient aujourd’hui de la désinformation. La presse à sensation a notoirement attisé les flammes du conflit, accusant à tort les Espagnols d’avoir coulé l’USS Maine. Mais si les mensonges politiques ne sont pas nouveaux, pourquoi tant d’institutions puissantes attisent-elles les craintes à l’égard d’Internet et flirtent-elles avec de nouvelles restrictions de la liberté d’expression ?

    La semaine dernière, l’administration Biden a été critiquée pour avoir créé le Conseil de gouvernance de la désinformation sous l’égide du ministère de la Sécurité intérieure, quelques jours seulement après que l’ancien président Barack Obama ait averti que la désinformation à l’ère numérique représentait une « crise sans précédent pour la démocratie » dans un discours prononcé à l’université de Stanford le 21 avril.

    Deux semaines plus tôt, l’Institut de politique de l’Université de Chicago et The Atlantic ont organisé un événement « révolutionnaire » de trois jours sur la manière de combattre la désinformation en ligne.

    Et un mois auparavant, le New York Times avait publié une tribune libre du professeur de droit de l’université de Californie, Irvine, Richard L. Hasen, qui affirmait :

    « Il ne fait aucun doute que la désinformation politique diffusée de manière virale et les invectives délirantes sur des élections volées et truquées menacent les fondements de notre République. »

    Les législateurs cherchent de plus en plus à transformer les craintes liées à la désinformation en lois restreignant la liberté d’expression.

    L’une de ces propositions est le « Honest Ads Act » de la sénatrice Amy Klobuchar (D-Minn.), qui figure régulièrement dans les paquets de réformes électorales des démocrates, comme le H.R.1 et le Freedom to Vote Act. Ironiquement, son titre pourrait être qualifié de désinformation, car il n’a rien à voir avec le fait de rendre les publicités honnêtes.

    Cette législation ferait grimper les coûts de la prise de parole en ligne en imposant des contraintes réglementaires sans précédent aux publicités liées à des questions sociales ou politiques. Elle obligerait les plates-formes web à stocker des données sur les acheteurs de publicité dans des fichiers publics, y compris le nom et l’adresse de l’acheteur, ainsi que des détails sur le coût de la publicité et son audience. Elle imposerait des exigences rigides en matière de déni de responsabilité qui rendraient impraticables de nombreuses formes rentables de publicité en ligne.

    Le projet de loi menace même de réglementer le contenu politique des sites Web, de YouTube et des courriers électroniques de masse en supprimant une protection clé de la loi qui limite les lois sur le financement des campagnes en ligne à la publicité payante.

    Les partisans affirment que de telles politiques sont nécessaires parce que l’environnement informationnel actuel est inondé de « discours bon marché » de peu de valeur, ce qui rend plus difficile pour les électeurs de discerner ce qui est exact. Mais était-il plus facile de discerner cette exactitude lorsque Hearst et Pulitzer fournissaient les gros titres ?

    Si l’environnement de l’information des années 1890 est un exemple trop lointain, pensez à 1990, lorsque Nayirah une jeune Koweïtienne de 15 ans a livré un témoignage déchirant – et complètement inventé – au Congrès, affirmant avoir vu des soldats irakiens sortir des bébés koweïtiens des couveuses et les laisser mourir de froid sur le sol. Des extraits de son témoignage ont été diffusés dans les émissions Nightline d’ABC et Nightly News de NBC, touchant respectivement 35 et 53 millions d’Américains, avant d’être diffusés sur 700 autres chaînes de télévision et sans contrôle pendant près d’une année.

    Le peuple américain n’a appris la vérité sur l’histoire de Nayirah qu’en 1992, une année entière après que le Congrès a autorisé l’utilisation de la force militaire en Irak. Durant la période qui a précédé cette décision, son récit saisissant a été invoqué par le président George H.W. Bush six fois en un mois, et cité par sept sénateurs dans leurs discours en faveur de la même cause.

    Des scandales de ce genre se sont produits bien avant l’apparition de Twitter et de Facebook et le déclin des gardiens des médias. En fait, si les gens avaient pu communiquer sur les médias sociaux à l’époque comme nous le faisons maintenant, la vérité sur ce mensonge aurait pu être découverte beaucoup plus tôt. Le cheap speech peut être bénéfique pour la société en permettant aux chercheurs ou aux journalistes citoyens de remettre en question les récits des grands médias et des dirigeants politiques.

    Certaines personnes semblent penser que ces avantages sont contrebalancés par le potentiel de propagation des mensonges en ligne.

    Richard L. Hasen écrit :

    « Aujourd’hui, le danger le plus évident pour la démocratie américaine n’est pas la censure gouvernementale, mais la perte de confiance et de compétence des électeurs qui découle de la mer de désinformation et de vitriol. »

    Pourtant, il ignore largement comment des médias influents et des personnalités politiques de premier plan contribuent à ce cloaque.

    Hillary Clinton a considéré Trump comme un « président illégitime« ; Jen Psaki, l’attachée de presse de la Maison Blanche, a affirmé que la Russie avait « bien sûr piraté » l’élection de 2016 ; des journalistes et des démocrates ont attribué la victoire présidentielle de Donald Trump en 2016 à des publicités et des memes russes pathétiques d’une valeur de 100 000 dollars. Le sénateur Sherrod Brown (D-Ohio) a déclaré que l’élection du gouverneur de Géorgie en 2018 avait été volée, et la candidate au poste de gouverneur de Géorgie, Stacey Abrams, a ensuite déclaré qu’elle était truquée.

    Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Lorsque le New York Post a fait état des courriels de Hunter Biden en octobre 2020, de nombreux médias ont rejeté l’histoire en la qualifiant de désinformation russe ou l’ont jugée indigne d’être couverte, privant les électeurs d’informations potentiellement précieuses quelques semaines avant l’élection présidentielle. L’ordinateur portable aurait été authentifié en avril 2021, puis en septembre 2021, mais le New York Times et le Washington Post n’ont reconnu ces faits qu’en mars 2022.

    Les scandales de ce type nuisent à la confiance dans le processus démocratique et les médias, mais ils ne seraient pas touchés par des propositions comme la loi sur les publicités honnêtes. Quelle que soit la source, le gouvernement n’a pas à légiférer sur les faits et la fiction.

    Les Américains ne devraient pas voir restreint leur droit de parler de politique en ligne, d’autant plus que les politiciens et les médias continuent de diffuser leur propre désinformation par mégaphones.

    Traduction Contrepoints

    —Renseignons nous dans d’autres sources avant de porter un jugement !!
    https://lesobservateurs.ch/2022/05/04/livre-noir-sur-la-ligne-de-front-russe-du-donbass-au-cote-de-tchetchenes-et-de-paramilitaires/

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