LeTemps.ch - Ukraine: la guerre du genre de Vladimir Poutine, par Maxime Forest, enseignant-chercheur à Sciences Po Paris

OPINION. Dans la mécanique infernale ayant mené au conflit, le rôle joué par la conviction de faire face à un adversaire rongé par la décadence morale, ne peut être négligé, écrit Maxime Forest - 30 mars 2022

Lorsque le 24 février dernier, Vladimir Poutine a entrepris de ramener de force l’Ukraine dans le giron russe, nombre de commentateurs se sont raccrochés aux certitudes de la realpolitik. Si le maître du Kremlin était passé à l’acte, n’était-ce pas dû au sentiment d’encerclement d’un pays séculairement attaché à une compréhension extensive de sa sphère d’influence ? La démonstration de force brute et de cynisme à laquelle nous assistons depuis, aura décillé les yeux de beaucoup sur les errements de la Russie, son modèle fondé sur la désignation d’ennemis intérieurs et extérieurs, sa verticale du pouvoir et son imaginaire paranoïaque. […]

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Carla Montet: Maxime Forest, sous forme de questionnement, plante le décor.
Poutine est une "démonstration de force brute et de cynisme", avec des revendications "exorbitantes en matière de sécurité", il cherche la conquête pour élargir sa sphère d'influence et, pour cela, il s'inventerait des ennemis extérieurs et intérieurs, sous-entendu: inexistants, Poutine aurait même "des fantasmes d'encerclement", tout en étant expansionniste et conquérant.

Pour le sociologue, Poutine fait vivre le mythe d'un Occident décadent, où il y aurait un combat à mort entre les peuples et leurs valeurs traditionnelles (dont le sociologue doute de l'existence même), autrement dit: une lutte entre les nations autour du relativisme moral et de l'individualisme occidental triomphant.

Le mécanisme mental de Poutine n'a pas de secret pour le chercheur en Sciences Po de Paris: c'est sa structure mentale qui aurait mené Poutine jusqu'à déclencher cette guerre.

Forest explique sa science: Poutine serait habité par des pulsions belliqueuses qui proviendraient de sa frustration croissante face à une Europe où, dans sa tête, les lobbys gays et féministes mènent le jeu, mais ce n'est que son fantasme. C'est à cela que servent ses tapis de bombes, c'est une réponse à la frustration de Poutine.

Le sociologue continue sa psychanalyse appliquée. Il s'agirait uniquement d'une projection de ses anxiétés sexuelles, où l'Europe représenterait les pulsions coupables dont Poutine chercherait à se protéger.

Poutine est dès lors l'ennemi de l'égalité homme-femme et des droits des personnes LGBT. En face, l'UE a des "liens croissants" avec les Femen, avec une myriade d'organisations féministes et LGBT, qui ont trouvé un écho inédit lors de l'Euromaïdan.

Mais la contre-attaque de Poutine, avec la guerre au Donbass, qui serait, selon Maxime Forest, une région porteuse du mythe du "viril stakhanoviste", a mis fin au débat sur la place des minorités LGBT et des femmes "dans le récit national".

Nous recommandons à Maxime Forest une image prise durant les huit ans de massacres par les néo-nazis et l'armée ukrainienne sur la population civile au Donbass, pour tenter de lui faire saisir une autre réalité que son Donbass "viril stakhanoviste".

C'est pour éviter un massacre encore plus grave des populations du Donbass que Poutine a été OBLIGÉ de déclencher cette guerre, car depuis la débâcle d'Afghanistan, sous la direction de l'OTAN, env. 130'000 soldats ukrainiens (et leurs instructeurs de l'OTAN) se sont regroupés autour du Donbass. L'assaut était imminent, et ils ne voulaient pas se contenter du Donbass "viril et stakhanoviste", la Crimée était également visée.

Le sociologue ne tarde pas à mentionner qu'il y aurait 7000 féminicides par an en Russie.

Mais que dit le professeur Forest concernant les droits des LGBT et les féminicides au Niger, au Pakistan, en Afghanistan et dans d'autres pays majoritairement musulmans?
Nous serions curieux de lire son prochain billet sur ce sujet...

Mais n'allons pas si loin! En Suisse, le nombre des femmes assassinées par la diversité est en augmentation exponentielle.

Comment sont comptabilisés ces meurtres? [...] En Suisse, un décompte fondé sur les couples et les anciens couples

Pour l’heure, les statistiques concernant le féminicide dans le pays ne concernent que les relations de couple, en cours ou révolues. Elles sont établies à partir des statistiques portant sur les homicides en général. Des chiffres existent également sur les tentatives d’homicide.

« Avec l’aide du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes, l’Office fédéral de la statistique mène actuellement une enquête complémentaire sur les circonstances, les motifs et les causes de tous les homicides et tentatives d’homicides. La publication des résultats est prévue pour 2025 », lit-on sur le site du Conseil fédéral.

En attendant, le décompte de StopFemizid est relayé par des médias suisses. Il comptabilise les femmes cisgenres, transgenres, les personnes pouvant être considérées à tort comme une femme et les non-binaires. [...] source:

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Maxime FOREST - Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes

Maxime FOREST, Enseignant-chercheur à Sciences Po Paris (OFCE) et membre du Programme PRESAGE, Président de la commission Enjeux européens et internationaux.
Il assure la coordination scientifique du projet EGERA (Effective Gender Equality in Research and the Academia), co-financé par la Commission Européenne (7e PCRD).
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