Comment détruire l’avenir du régime de Poutine?
OPINION. Le point le plus vulnérable du régime de Poutine, ce sont ses cerveaux d’ingénieurs, ses scientifiques et ses jeunes gens talentueux, écrit
Malheureusement, on ne choisit pas son pays en naissant. [...] Depuis longtemps, montrer mon passeport russe lorsque je passe une frontière m’embarrasse. Aujourd’hui ça va au-delà, j’ai honte de ce que mon pays fait. Je n’ai jamais voté pour Poutine ni soutenu son régime, que ce soit en paroles ou en actes. Au contraire, j’ai aidé, du mieux que j’ai pu, ceux qui le combattent, et j’y ai participé moi-même. Mais cela ne me dédouane pas de ma responsabilité dans ce qui se passe actuellement en Russie. [...]
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Résumons: Mikhail Kokorich est un homme fortuné, fondateur de plusieurs entreprises spatiales, dont la première a été "Dauria Aerospace" il y a 11 ans, et il avait la peine à trouver des ingénieurs en Russie.
Il affirme que la Russie a également une grande dépendance envers l'Occident en ce qui concerne les semi-conducteurs et d'autres technologies. Il invite donc impérativement à contrôler les exportations vers la Russie, en se coordonnant avec la Corée du Sud, le Japon et le Taïwan, en punissant les contrevenants par des embargos, et avec la Chine, de procéder autrement...
Kokorich précise que c'est le talon d'Achille de la Russie. Il dit que les jeunes ingénieurs qui commencent à travailler dans l’industrie militaire ne peuvent plus passer en Occident, et que c'est par ce point qu'il faut détruire la Russie "de Poutine".
Ceux qui passent à l'Occident poursuivent leur formation, fondent des entreprises qui valent des milliards, remportent des prix Nobel et ne retournent jamais en Russie, à l'instar du stratège Mikhail Kokorich. La Russie n'arrive pas à concurrencer l'attrait de l'Occident.
Kokorich présente les chiffres du ministère russe de l'Éducation: 800'000 ingénieurs, 20'000-30'000 ingénieurs diplômés par année, 10-20% vraiment calés, dont 5000 seront des sommités probables. Kokorich se demande alors si l'Occident doit offrir des bourses, des visas pour des doctorats ou masters. D'une pierres deux coups: l'Occident n'aura plus de pénurie de talents et les Russes seront saignés, fichus.
Il faut donc, au prix de quelques centaines de millions de dollars, séduire ces jeunes talents et les attirer en Occident, un investissement somme toute ridicule, nous citons: "pour affaiblir de manière catastrophique l'avenir du régime".
Mikhail Kokorich relève les graves problèmes démographiques de la Russie, dit même que la Russie vit la pire crise démographique de son histoire – ce qui est faux, car il y a un redressement net depuis les dix dernières années.
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La meute journalistique locale se déchaîne contre la Russie, et sans nuances.
Vivant ou mort, ils connaissent déjà tous le prix de la peau de l'ours.
L'article que nous venons de résumer sort du lot par son degré de haine, venant pourtant d'un homme qui a été élevé, instruit à l'Université d’État de Novosibirsk, bercé par la Russie, jusqu'à ce qu'il quitte son pays, dont il nous livre sa recette pour la destruction.
Kokorich n'est pas débile, il voit parfaitement la décadence occidentale, il sait également que Poutine cherche à protéger la Russie des ONG droit-de-l'homminstes, qui cherchent à y implanter une révolution nihiliste et à remplacer la culture russe par la culture woke. Il sait exactement quels sont les enjeux civilisationnels de cette guerre.
Après l'effondrement de l'URSS, il y a eu une telle misère morale, économique, sanitaire, que peu de nous peuvent même la concevoir. Avec Poutine, la Russie a remonté la pente. Le peuple est derrière lui, parce qu'il a redonné la dignité aux Russes, avec un redressement moral, un sens patriotique, un sentiment d'appartenance - chose que l'Occident a largement perdue avec le multiculturalisme. Sous Poutine, la Russie a préservé le sentiment de se trouver chez soi, en dépit du fait que la Chine colonise de plus en plus la Sibérie, dans les régions proches de la Mongolie.
La guerre culturelle qui se passe chez nous à l'Ouest, les Russes l'ont connue également et ils nous observent. Ils ont bien plus de liberté des médias que chez nous, ils nous connaissent mieux que nous ne les connaissons.
Kokorich est venu vivre en Occident. À la place du cheval de labour mal en point, il a misé sur un cheval génétiquement modifié, d'apparence superbe, mais ce cheval est pourri dans ses viscères et ses jours sont comptés.
Poutine a réussi à regagner une partie des régions de l'empire disloqué, et militairement, la Russie est redevenue un acteur majeur, au point qu'étant donné les nouvelles alliances géo-stratégiques, les Occidentaux devront composer avec d'autres pôles de puissance.
Et le fait que la Russie soit redevenue forte déplaît à Kokorich. Au lieu de dire que la Russie devrait garder précieusement ses jeunes étant donné la dénatalité de son pays, il dit qu'il faut y siphonner les meilleurs, pour leur malheur et pour notre bien.
Kokorich ne dit pas, mais sait, que c'est avec les méthodes de subversion décrites par Bezmenov que les universités, les médias, la culture et finalement tout l'Occident est tombé dans la décadence néo-marxiste actuelle. Tous ceux qui connaissent les régimes communistes peuvent identifier ces méthodes. Kokorich connaît très certainement plein d'exemples, comme les ONG anti-nucléaires occidentales financées par Gazprom, mais ce n'est même pas cela son problème.
Kokorich n'aime ni son pays d'accueil occidental, ni la Russie, il aime être un citoyen du monde. Kokorich aime jouer, tout comme Soros. Ce dernier est un juif hongrois émigré aux États-Unis, il n'aime aucun de ces trois pays, par contre il est rempli d'amour universel, d'amour pour les bon migrants, ceux de couleur, si possible musulmans, et il aime aussi l'Union européenne, celui d'États-Unis d'UE, celui qui sanctionne et accuse la Russie pour tout et n'importe quoi.
Les Kokorich savent que si le régime de Poutine sombre, toute la Russie sombrera avec lui. Les Kokorich pourraient alors racheter de nouveau le pays avec leurs milliards, les oligarques tireraient leur épingle du jeu, et tant pis pour ce peuple millénaire, tant pis pour le mode de vie russe, la culture russe, pour l'âme et le futur des Russes.
Kokorich ne hait pas seulement Poutine, il hait son pays d'origine, ce qui est typiquement un état d'esprit de gaucho-mondialiste, de citoyen du monde.
Kokorich sait également que l'Occident de plus en plus déchristianisé a mené une politique migratoire suicidaire, se laissant envahir par une immigration qui a entraîné des problèmes insolubles. Il observe aussi notre armée féminisée, notre jeunesse "tik-tokisée", lobotomisée, débilisée par les idéologies néo-marxistes, infestée par la haine de soi, par une culpabilité décoloniale fantasmée, possédée mentalement par les ONG et les lobbys LGBT, néo-féministes, les sauveteurs du climat.
Kokorich sait tout cela, mais ce n'est pas son problème. Par contre il ne pourra pas passer à côté des opportunités juteuses de la transition énergétique, et pour cela, il n'a pas besoin de s'occuper de l'état des nations.
Mais cessons de parler à la place de Kokorich, citons-le plutôt:
[...] Kokorich lui-même conservera ses libertés : "Je ne peux pas être le bon Suisse", dit-il. "Je dois être et je serai toujours le fou sibérien". [...]
C'est très romantique, mais le "fou de Sibérie" n'est pas non plus intéressé à défendre sa terre natale, menacée d'être conquise par la Chine: [...] Inquiétude en Russie : des médias chinois évoquent la possibilité pour la Chine d’annexer une partie de la Sibérie [...]. Kokorich veut juste voir le peuple russe aux abois.
Poutine a récemment envoyé un message d'avertissement aux Occidentaux, constatant que le communisme est à la mode chez nous. Il a conseillé de cesser cette expérience, car les Russes l'ont essayée durant 70 ans et cela n'a jamais marché.
Albert Coroz
Il n’y a rien de plus laid qu’un traître.
Et personne n’aime les traîtres, pas même ceux qui les utilise.