Les Etats-Unis ont ordonné le retrait d'Ukraine des 160 soldats américains qui entraînaient les forces armées du pays pour les «repositionner ailleurs en Europe», a annoncé le 12 février le porte-parole du Pentagone, John Kirby.
Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a assuré que cette décision avait été prise «par prudence, en gardant à l'esprit la sûreté et la sécurité des effectifs», selon le communiqué.
Washington avait assuré la veille qu'une invasion russe de l'Ukraine — un scénario pourtant démenti par Moscou — pouvait intervenir «à tout moment». «Ce repositionnement ne constitue pas un changement dans notre détermination à soutenir les forces ukrainiennes, mais offrira une certaine souplesse pour rassurer nos alliés et empêcher toute agression», a ajouté John Kirby. Pour rappel, des réservistes de la Garde nationale américaine effectuaient depuis 2015 des rotations pour former et entraîner l'armée ukrainienne, aux côtés de soldats d'autres pays de l'OTAN, notamment canadiens et allemands.
Plus tôt dans la matinée, l'ambassade américaine à Kiev avait ordonné le retrait de son personnel non essentiel. Plusieurs pays européens ont également recommandé à leurs ressortissants de quitter l'Ukraine.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a affirmé que la voie diplomatique restait «ouverte» pour éviter un conflit, mais nécessiterait une «désescalade» de la part de Moscou, lors d'un appel avec son homologue russe Sergueï Lavrov le 12 février. De son côté, la diplomatie russe reproche à Washington de vouloir provoquer un conflit en Ukraine en ressassant ses accusations concernant un supposé projet russe d'envahir ce pays. Moscou a également proposé à Washington des garanties de sécurité mutuelle, mais sa proposition principale (l'arrêt de l'extension de l'OTAN) n'a pas reçu de réponse favorable.
Moscou dément toute intention belliqueuse depuis plusieurs semaines
L'annonce américaine a lieu dans un contexte de fortes tractations diplomatiques autour du dossier ukrainien.
Emmanuel Macron a rencontré Vladimir Poutine à Moscou le 7 février, puis s'est rendu à Kiev le lendemain. Or si la partie russe a salué les pistes évoquées entre les deux dirigeants, la rencontre n'a débouché sur aucun accord concret, le Kremlin démentant l'affirmation du président français selon laquelle il avait «obtenu» des engagements de la Russie pour qu'il n'y ait pas d'escalade de la situation. «Sur le fond, с’est incorrect car dans la situation actuelle Moscou et Paris n’auraient pu conclure aucun accord, c’est tout simplement impossible», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, estimant que la France, n'étant pas à la tête de l'OTAN, ne peut pas être l'interlocuteur adéquat pour ce type de négociations.
Si l'accusation d'une prétendue invasion russe imminente date en réalité de plusieurs années, les Etats-Unis ont dernièrement assuré qu'elle pourrait avoir lieu dans les jours à venir. Mais les autorités ukrainiennes elles-mêmes se montrent plus mesurées quant à cette probabilité. Le 12 février, le président ukrainien a ainsi déclaré, tout en reconnaissant les «risques» que le scénario se produise, que les avertissements américains provoquaient «la panique et n'aid[aient] pas» l'Ukraine. Il a également jugé qu'il y avait «trop» de prédictions annonçant une «guerre profonde, totale de la part de la Russie». «Si vous [les américains] avez une information en plus sur une invasion certaine à 100%, donnez-la nous !», a-t-il encore insisté.
La Russie va «optimiser» sa présence diplomatique en Ukraine
Dans ce contexte, la Russie a annoncé qu'elle comptait «optimiser» sa présence diplomatique en Ukraine. Dans un communiqué publié le 12 février et repris par l'agence de presse russe TASS, le ministère des Affaires étrangères russe a en effet expliqué : «Face à d'éventuelles provocations du régime de Kiev ou de pays tiers, nous avons pris la décision d'optimiser les effectifs des missions russes en Ukraine».
«Nous tenons à [souligner] que notre ambassade et nos consulats continuent à remplir leur mission», précise néanmoins le communiqué.
Quoi qu'il en soit, l'annonce américaine d'un retrait de ses troupes en Ukraine semble confirmer que les Etats-Unis misent sur une stratégie visant à renforcer «le flanc oriental» de l'OTAN... sans pour autant déployer des troupes au sol en Ukraine. Lors d'un entretien entre Joe Biden et Vladimir Poutine le 7 décembre dernier, le président américain avait, en effet, informé son homologue russe qu'en cas d'invasion de l'Ukraine par la Russie, les Etats-Unis déploieraient des troupes dans les pays frontaliers membres de l'OTAN, mais pas en Ukraine même.
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