Caroline Fourest, chroniqueuse à Marianne, est au cœur d'une polémique qui l'oppose aux confrères de sa propre rédaction. Le litige : elle a préfacé et assure actuellement la promotion du livre de Thomas NLend, alias Mathias Cardet, intitulé Les Bouffons de la haine, (éd. Grasset). L'homme y prétend avoir infiltré le mouvement Egalité & Réconciliation d'Alain Soral entre 2011 et 2014.
Après les révélations d'une enquête d'Arrêt sur Images (ASI) qui met en doute aussi bien la crédibilité de Thomas NLend que celle des arguments de Caroline Fourest pour le défendre, celle-ci aurait fait «pression» sur le rédacteur en chef adjoint de Marianne pour qu'il ne publie pas une enquête sur «son protégé». Dans un communiqué publié le 24 janvier, la société des rédacteurs de Marianne (SRM) a exprimé l'exaspération de ses membres en dénonçant «vivement les attaques de Caroline Fourest» – également membre du Conseil de surveillance de CMI (Czech media invest, groupe de presse détenteur à 91% de Marianne) – à l'encontre du journaliste et rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Gabriel Libert.
Communiqué de la Société des rédacteurs de Marianne (SRM) à propos des attaques de Caroline Fourest contre un journaliste de la rédaction pic.twitter.com/2vj5DRPKgo
— Société des rédacteurs de Marianne (@SRM_Marianne) January 24, 2022
Thomas NLend impliqué dans les affaires Takieddine et Georges Tron
Dans ce communiqué, la SRM met en doute le sérieux du livre de Thomas NLend et au premier chef la «prétendue infiltration» de son auteur au sein du mouvement d'Alain Soral «pour le compte d'un barbouze et escroc notoire, Noël Dubus».
Ce dernier est en effet mis en examen pour subornation de témoin, car soupçonné d'avoir orchestré le revirement de l'hommes d'affaires controversé Ziad Takieddine, qui avait publiquement accusé Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle avec l'argent de l'ancien président libyen Mouammar Khadafi avant de se rétracter. L'enquête d'ASI révèle en outre que Thomas NLend est aussi mis en examen depuis le 20 octobre 2021 pour complicité de subornation de témoin et association de malfaiteurs dans la même affaire. L'homme est également impliqué dans l'affaire Georges Tron.
Il est hautement problématique qu'une chroniqueuse de Marianne et membre du conseil de surveillance fasse pression, accable et attaque un des journalistes de sa propre rédaction
Autant d'éléments qui font que le livre concernant la prétendue infiltration de Thomas NLend au sein du mouvement d'Alain Soral laisse pour le moins sceptiques les journalistes de Marianne. «Ce récit douteux et truffé de mensonges est au cœur d'un litige qui oppose Caroline Fourest et Marianne depuis juillet 2020», rappelle la SRM, qui invite à consulter l'enquête publiée par ASI les 19 et 20 janvier sur cette affaire avant de dénoncer «les pressions intolérables» dont Gabriel Libert aurait fait l'objet de la part de Caroline Fourest, qui aurait selon eux tenté de le convaincre d'abandonner le projet de publication d'une enquête sur son «protégé» Thomas NLend dès 2020.
«Il est hautement problématique qu'une chroniqueuse de Marianne et membre du conseil de surveillance fasse pression, accable et attaque un des journalistes de sa propre rédaction», s'insurge la SRM. «Elle ne pouvait ignorer que son statut au sein de CMI serait de nature à intimider notre journaliste», ajoutent les rédacteurs de Marianne.
Leur SRM dénonce enfin la tentative de Caroline Fourest de décrédibiliser le travail de Gabriel Libert dans un billet de blog du 22 janvier. Dans celui-ci, Caroline Fourest s'en prend longuement à Gabriel Libert pour défendre Thomas NLend qu'elle considère calomnié. Elle déclare en outre subir elle-même depuis un an et demi «un climat professionnel très pénible à cause de ce rédacteur en chef adjoint, qui n’a pas supporté d’avoir été pris en défaut, et me le fait payer depuis par tous les moyens, en montant mes collègues contre moi, en racontant partout que j’ai fait "pression" sur lui en tant que "membre du conseil de surveillance de CMI", où j’ai siégé deux fois pour y représenter un point de vue de journaliste et qui ne se mêle absolument pas du contenu des journaux !» Pour la SRM, la position de Caroline Fourest au sein de Marianne «paraît intenable», laissant entendre qu'elle ne peut continuer à travailler pour le magazine hebdomadaire tout en dénonçant le travail de ses journalistes.
Contactée par RT France pour un commentaire sur le communiqué de la SRM du 24 janvier, Caroline Fourest n'a pas répondu à notre sollicitation.
Meriem Laribi
Extrait de: Source et auteur
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