14/01/2022 - .breizh-info.com
Le Japon a récemment annoncé la prolongation de la fermeture de ses frontières dans le contexte de la crise sanitaire. Une mesure approuvée par 88 % de la population japonaise. Mais critiquée dans un article du Figaro, où l’archipel nippon est décrit comme pays menacé d’isolement et trop homogène culturellement.
La fermeture des frontières japonaises prolongée
La politique japonaise en matière d’immigration fait souvent l’objet de commentaires en Europe, que ce soit de la part des partisans d’une ouverture des frontières ou de ceux qui, lorgnant déjà sur ce qu’a pu mettre en place la Hongrie en la matière, voient dans le Japon un modèle à suivre dans sa façon de concilier conservatisme et modernité.
Aussi, régulièrement, des médias français évoquent le cas très particulier du Japon et sa façon d’appréhender la question migratoire, le plus généralement sous un angle mêlant mépris et incompréhension. Comme dans ce décryptage publié par le Figaro le 10 janvier, au titre annonçant la tonalité de la suite : « Le Japon, ce pays mondialisé mais fermé sur lui-même ».
En début de semaine, le Premier ministre Fumio Kishida déclarait ainsi à la presse qu’en raison de l’augmentation rapide du nombre de cas de Covid-19 via le variant Omicron, le Japon allait prolonger jusqu’à la fin du mois de février ses contrôles stricts aux frontières qui interdisent de facto toute nouvelle entrée de ressortissants étrangers : « Nous allons maintenir nos mesures de contrôle aux frontières jusqu’à fin février, tout en prenant les mesures nécessaires d’un point de vue humain et en considérant l’intérêt national ».
Depuis le 30 novembre dernier, le pays n’admet principalement que les ressortissants japonais et les résidents étrangers de retour au pays, dans le but de retarder la propagation du virus.
Ce contrôle strict des frontières ne semble pas plaire à la plume du Figaro qui, rappelant que le Japon s’était « claquemuré depuis le printemps 2020 », assure que cette nouvelle fermeture des frontières « met en rage, outre les touristes, les étrangers – hommes d’affaires, ingénieurs et étudiants dont l’activité est ici ».
Au Japon, 88 % de la population favorables à la fermeture
Toutefois, la mesure jugée comme un « repli sur soi » depuis Paris n’est absolument pas perçue de la même manière par les autochtones japonais. À la fin du mois de décembre, un sondage réalisé dans le pays indiquait que 88 % des Japonais approuvaient la fermeture des frontières. En parallèle, l’étude d’opinion a aussi révélé que la cote de popularité du cabinet du Premier ministre japonais Fumio Kishida avait augmenté de 4 points par rapport à la précédente pour atteindre 65 % d’opinions favorables.
Autre point intéressant, les Japonais se montrant critiques vis-à-vis de leur gouvernement reprochent à ce dernier de ne pas en faire assez quant à la protection des frontières… Une situation effectivement déroutante lorsqu’elle est vue depuis la France, où, pour l’anecdote, on se rappellera du refus du gouvernement en février 2020 de fermer les frontières lorsqu’il était encore possible de limiter la propagation du Covid-19 sur le territoire.
Le 27 février 2020, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, déclarait même sur France info que fermer les frontières n’avait « pas de sens scientifique ». À peine un mois auparavant, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé de l’époque, avait fait mettre des affiches d’information dans les aéroports pour endiguer l’épidémie de coronavirus, alors déjà largement répandue en Chine. Une comparaison avec la politique du Japon que le journaliste du Figaro n’a pas jugé utile d’établir…
L’homogénéité culturelle du Japon mise en cause par un journal « de droite » ?
En s’éloignant par la suite de la problématique sanitaire, l’article du Figaro, journal historiquement présenté comme étant un quotidien « de droite », conduira probablement le lecteur à se frotter les yeux.
Au sujet de la fermeture des frontières approuvées par la totalité ou presque de la population japonaise, on n’y lit ainsi qu’outre le Japon, « aucun grand pays, hormis la Chine, ne pratique un tel ostracisme ». Et l’auteur de l’article de déplorer ce coup de frein pour un pays qui « semblait rattraper les autres grands pays dans sa mondialisation ». Autre motif de déception pour celui-ci : « Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, le visage poupin et métis de la championne de tennis nippo-américaine Naomi Osaka, choisie pour allumer la flamme olympique, était censé incarner le visage multiculturel de l’Archipel. »
Enfin, concernant les conséquences futures de cette politique migratoire ferme menée par les autorités japonaises, le « décryptage » du journal nous explique que, si les Japonais voient dans cette intransigeance en matière d’immigration la cause « de l’absence des phénomènes qui déchirent le tissu des sociétés riches mondialisées – communautarisme, insécurité », « ce »succès » aura son prix, celui d’un splendide isolement ». À choisir entre les deux options…
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source: https://www.breizh-info.com/2022/01/14/177891/japon-88-figaro/
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