Elle sera rejugée par la cour d’assises d’Angoulême, en Charente
À partir de ce lundi 10 janvier, la cour d’assises de la Charente, à Angoulême, examiné pendant trois jours le cas Stéphanie Dingiou. Cette femme de 30 ans a été reconnue coupable, en septembre 2020, du meurtre de Thierry Bardoulat, un handicapé de 30 ans. Elle a interjeté appel après avoir été condamnée à 24 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Périgueux (Dordogne).
Le 12 septembre 2018, Thierry Bardoulat est retrouvé égorgé à son domicile. Un mois plus tôt, il avait déposé plainte contre sa femme et l’accusait d’être violente avec lui.
Toute la question, désormais, est de savoir quelle ligne de défense adoptera l’accusée. Car ses versions ont varié.
Le 12 septembre 2018, Thierry Bardoulat était retrouvé égorgé dans son appartement du centre-ville de Périgueux. Sa compagne avait d’abord juré qu’il s’agissait d’un suicide. Confrontée aux éléments du dossier, elle a finalement changé de version, indiquant qu’elle était victime de violences conjugales. Mais devant les assises, cinq anciens compagnons étaient venus témoigner que c’était bien elle qui était régulièrement violente.
La défense avait plaidé les violences réciproques, excluant que l’égorgement soit un geste volontaire (un meurtre) au profit d’un geste accidentel et de défense (un homicide involontaire). « Nous resterons sur la même ligne », informe maître Christian Blazy, qui reste l’avocat de Stéphanie Dingiou. « Il n’y avait pas d’intention homicide. » […]
Thierry Bardoulat vivait chez lui avec sa compagne, Stéphanie Dingiou. Ils s’étaient rencontrés cinq mois plus tôt sur internet. Les forces de l’ordre ont dû intervenir à plusieurs reprises à leur domicile pour des faits de violences sur fond d’alcool. Une nouvelle fois, elles ont dû intervenir vers 1 heure du matin le 12 septembre 2018. Seulement, lorsqu’elles arrivent sur place, l’homme âgé de 30 ans est par terre et gravement blessé, la gorge tranchée par un coup de tesson de bouteille.
Originaire de Guyane, quelque peu abandonnée par sa mère durant son enfance, elle s’installe en métropole à ses 18 ans. Elle confie être « tombée dans l’alcool » et avoir eu « un parcours assez chaotique ». Coiffée d’un bandeau rose, en T-shirt Disney et veste noire, elle s’exprime avec une voix fluette et donne l’impression d’une grande timidité.
Elle essuie une larme
Il est question de la violence avec ses ex : « On s’alcoolisait, on faisait la fête, on se battait. » Le président demande pourquoi cela tourne à la violence. « Trop d’alcool, au bout d’un moment, on ne sait plus s’arrêter », répond-elle.
Vient l’exposé du casier judiciaire. En 2013, Stéphanie Dingiou a écopé d’un mois de prison pour violences sur personne vulnérable. « J’ai fait que me défendre », lance-t-elle. Il y a aussi des condamnations à trois mois avec sursis pour violences et deux mois pour violences sur concubin. Le président résume : « Il y a des histoires qui se répètent : ça tourne au vinaigre, vous ne voulez pas partir. C’est vous qui n’aimez pas qu’on vous laisse… Comme avait fait votre mère ? » Pas de réponse. Elle essuie une larme.
Plus tard, un ex-conjoint dira : « Elle avait peur qu’on l’abandonne car elle avait souffert toute sa vie qu’on l’abandonne. »
À la barre, ce sont au total six anciens compagnons qui évoquent une femme qui « pique des crises » quand on lui demande de partir, et violente : coups de couteau, avec une planche, tentative avec un fer à repasser. morsure, griffures… L’accusée se défend : « J’étais son punching-ball, il ment. » Elle finit par s’excuser contre l’un d’eux.
L’accusée risque trente ans de réclusion. Le verdict est attendu mercredi 13 janvier.
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