Sciences Po Grenoble: Laurent Wauquiez suspend le financement de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Par Victor Mérat • e Figaro Etudiant, Publié le 20/12/2021 à 17:32 • Mis à jour le 20/12/2021 à 18:44
«La Région suspend donc tout financement et toute coopération avec l’établissement», a annoncé le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.
La région ne veut plus financer Sciences Po Grenoble. L’annonce survient après la suspension d’un enseignant de l’IEP de Grenoble qui avait dénoncé une «chasse idéologique» au sein de l’établissement.
Le conflit qui oppose Klaus Kinzler, professeur d’allemand et de civilisation allemande, à la direction de Sciences Po Grenoble prend une tournure politique. «Sciences Po Grenoble est depuis trop longtemps dans une dérive idéologique et communautariste. Ce n’est pas ma conception de la République, a écrit sur Twitter, lundi 20 décembre, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. La Région suspend donc tout financement et toute coopération avec l’établissement». Sur Facebook, l’ancien président du parti Les Républicains a apporté son soutien à l’enseignant.
Le montant des subventions allouées par la région à l’établissement est d’environ 100.000 euros par an «hors investissement sur projets, selon l’exécutif» régional, rapporte l’AFP.
«Aucun compromis avec le communautarisme»
Dans un communiqué de presse, daté du 10 décembre, qu’a pu consulter Le Figaro, la Région dénonce la «longue dérive idéologique et communautariste de la direction de l’Institut d’Études Politiques de Grenoble» qui «vient de franchir un nouveau cap avec la suspension d’un enseignant accusé d’avoir publiquement fait état de la dégradation des conditions d’enseignement dans cet établissement». «Les militants de théories “woke”, de l’écriture inclusive, ou de pratiques communautaristes, ont aujourd’hui confisqué le débat au sein de cet établissement sans que la direction ne prenne la mesure de cette dérive préoccupante», poursuit le communiqué de presse. «Élèves et enseignants qui s’opposent à ce nouveau diktat sont aujourd’hui la cible de pressions inadmissibles. Il est indigne de leur faire payer le renoncement et l’abandon d’une direction qui s’est soumise à cette minorité.» Et de conclure: «La Région Auvergne-Rhône-Alpes ne tolérera aucun compromis avec le communautarisme.»
Le nom de l’enseignant placardé assorti d’accusations de fascisme
Mardi 14 décembre, la directrice de l’IEP, Sabine Saurugger, a décidé par un arrêté de suspendre l’enseignant de ses fonctions pour une durée de quatre mois et fait part de son intention de «saisir le conseil de discipline dans les meilleurs délais». Le professeur, précise la directrice dans son arrêté, conservera son traitement et ses indemnités tout le long de cette suspension. Sabine Saurugger reproche notamment à l’enseignant d’avoir tenu «des propos diffamatoires dans plusieurs médias contre l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel il est en poste ainsi que contre la personne de sa directrice».
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Klaus Kinzler a exprimé publiquement dans les médias son sentiment de vivre une «chasse idéologique» au sein de Sciences Po Grenoble, où des désaccords intellectuels l’opposent depuis quelques années à certains des enseignants et des élèves de l’établissement, en particulier au sujet de l’emploi du terme «islamophobie» - un mot dont il a critiqué à plusieurs reprises l’ambiguïté au cours d’échanges avec ses collègues. Le 4 mars, son nom avait été placardé par des élèves sur les murs de l’IEP, assorti d’accusations («fascistes», «islamophobie») reprises sur les réseaux sociaux par des syndicats d’étudiants. Si la direction de Sciences Po Grenoble a condamné, après plusieurs jours de silence, ces accusations, ces étudiants ont été relaxés par une instance disciplinaire de l’Université de Clermont-Auvergne le 26 novembre dernier.
”«Sciences Po Grenoble est depuis trop longtemps dans une dérive idéologique et communautariste”
Couper les finances va provoquer une levée de boucliers contre cette décision ”fasciste” de M .Wauquiez.