Soupçonné de radicalisation islamiste, un policier va porter plainte pour discrimination

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Hervé C., le premier policier suspendu et désarmé pour des suspicions de radicalisation islamiste au lendemain de l'attaque terroriste à la préfecture de police de Paris en octobre 2019 qui avait fait quatre morts et deux blessés, a décidé de porter plainte contre X pour «dénonciation calomnieuse» et «discrimination», selon France Inter

Après les soupçons qui avaient été transmis au sein de la préfecture de police, c'est le préfet Didier Lallement lui-même qui avait demandé la suspension et le désarmement de ce capitaine de police de confession musulmane. Le fonctionnaire avait notamment accès aux fichiers antiterroristes dans le cadre de son travail.

Le 28 octobre 2019, la mesure à titre conservatoire avait été confirmée par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et signée par le directeur général de la Police nationale Eric Morvan. Aucun élément permettant de l'incriminer n'ayant été versé à son dossier, Hervé C. avait repris ses fonctions le 2 mars 2020 selon une mesure de réintégration automatique, mais dans un autre service, celui en charge de la lutte contre les «fraudes à la TVA».

La colère de l’officier fait suite à sa découverte cet été d'un rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), daté du 8 juin 2020. A l’intérieur, 17 témoignages de collègues, notamment des femmes policières, avec pour conclusion une «absence totale y compris de signaux faibles d'une possible radicalisation islamiste.»

«Les ressentis et les inquiétudes des agents paraissent liés à l'enquête administrative diligentée en 2011, à l'absence de communication de ses conclusions et au contexte lié à l'attentat perpétré le 3 octobre 2019 à la préfecture de police, et non à des éléments factuels et concrets quant à une éventuelle radicalisation de cet agent», précise le rapport. 

Un rapport de juin 2021 mentionne d'anciennes suspicions pourtant écartées 

Interrogé par France Inter, l'un des deux avocats de l'officier, maître Anass Khafif, a tenu à préciser que «l’inspection a rendu ses conclusions, [et] a blanchi et inscrit noir sur blanc qu’il n’y a aucun fait matériel à reprocher à notre client».

La colère d'Hervé C. est aussi motivée par le fait que ses avocats ont récemment découvert l'existence du dernier rapport administratif du ministère de l’Intérieur sur ce dossier. La dernière version du rapport, datée du 11 juin 2021, fait toujours mention des anciennes suspicions de radicalisation contenues dans un premier rapport de l’IGS (ex-IGPN) de 2011, rapport qui s’était soldé par un classement sans suite. 

Cité par France Inter, le rapport de 2021 précise que «Monsieur C. a déjà fait l'objet, en 2011, d'un signalement et d'une enquête interne à l'initiative de sa hiérarchie à la suite de critiques émanant de collègues résultant de sa méconnaissance notoire et manifeste, y compris durant son service, des principes de laïcité et de neutralité ainsi que pour suspicion de radicalisation».

«Nous aurions pu comprendre avec le poids de l’émotion, nous aurions pu comprendre avec le poids de la responsabilité, que, au moment de la commission de cet attentat terrible, le ministère de l’Intérieur puisse se mouvoir, agir, surveiller. Très bien. Mais deux années plus tard, on le traite de terroriste ! Sans procès, sans élément, sans fait matériel, on vous assigne à un soupçon de terrorisme, un soupçon de radicalisation ; mais où va-t-on ? Toute cette attitude démontre qu’il y a eu une discrimination», s'est indigné Maître Khafif auprès de France Inter. 

Les avocats et leur client ont par ailleurs annoncé qu’ils n'hésiteraient pas à porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme si la justice française refusait de se prononcer sur la question.

 

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