24heures.ch - réflexions - Fabrice Moscheni considère que la pluralité d’opinions et de religions n’est possible que dans une société libérale.
Le libéralisme a mauvaise presse auprès des personnes se revendiquant à gauche de l’échiquier politique.
Le libéralisme serait le vecteur d’injustices sociales et contribuerait à créer une société de terreur où la loi du plus fort régnerait. Cependant, se pourrait-il que la gauche, même la plus extrême, soit beaucoup plus redevable au libéralisme qu’elle ne le pense?
Le libéralisme est né au XVIe siècle de l’action d’individus qui, tel Michel de Montaigne, voulaient plus de tolérance dans la société. L’étymologie du mot libéralisme vient du mot latin liberis, qui signifie «généreux, noble, digne d’une personne libre». Le libéralisme prône le droit pour chaque individu d’avoir sa propre opinion et de pouvoir faire ses propres choix, sans avoir un dictateur, qu’il soit une religion ou un roi, qui impose sa vérité absolue.
«Les activités politiques dans notre société, et donc aussi les partis de gauche, doivent leur existence au libéralisme.»
Le libéralisme a permis l’émergence d’une société pluraliste, où différentes opinions religieuses et politiques peuvent coexister en paix. Nos sociétés modernes démocratiques sont le fruit de ce libéralisme. Dès lors, les activités politiques dans notre société, et donc aussi les partis de gauche, lui doivent leur existence.
Mais pourquoi donc la gauche exècre-t-elle le libéralisme alors que ce dernier lui a donné la possibilité d’exister? Pourquoi donc combattre une doctrine basée sur la tolérance et qui a permis aux individus d’être libres, et par là même de propager, s’ils le désirent, des opinions de gauche?
L’explication de ce désamour est peut-être que, pour la gauche, l’État prime absolument sur l’individu. L’État est le tenant de la vérité ultime et, tel un dictateur éclairé, est le seul capable d’assurer par son action le bonheur des individus.
De l’usage de la liberté
Pour la gauche, les individus sont en effet incapables d’utiliser correctement leurs libertés et il faut donc un pouvoir central, nommément l’État, pour faire les bons choix.
Rappelons la fameuse citation de Simone de Beauvoir, grande figure de la gauche française:
«La vérité est une, seule l’erreur est multiple. Ce n’est pas un hasard que la droite professe le pluralisme.»
Dans cette citation, qui d’autre que l’État pour porter la vérité, et qui d’autre que le libéralisme pour engendrer le pluralisme des erreurs, puisque, par définition, le libéralisme engendre la pluralité des opinions?
Mme de Beauvoir nous permet de comprendre que la gauche oppose la vérité unique portée par l’État à la pluralité engendrée par libéralisme. Conséquemment, le libéralisme est un danger essentiel pour la gauche, et le seul chemin possible est de le combattre quoi qu’il en coûte.
Cruel et ingrat destin du libéralisme, qui a permis l’éclosion d’une pensée politique qui n’a de cesse de lui vouloir du mal, voire de le détruire… tel Brutus en quête de parricide!
source: https://www.24heures.ch/la-gauche-est-le-brutus-du-liberalisme-635159725739
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