« Mariage » pour tous.x.tes : enjeux civilisationnels

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Kevin Bonvin, assistant à l'Université

« Mariage » pour tous.x.tes : enjeux civilisationnels

 

Le 26 septembre prochain, nous saurons si la Suisse tombera dans l’escarcelle des États prétendument évolués ou si un miracle permettra le maintien du statu quo actuel. Le 18 décembre 2020, en pleine crise COVID, alors que les commerces sentaient déjà la nouvelle fermeture forcée et anticipaient de longs mois de ruine financière et morale, le Parlement adoptait une initiative déposée par les forces de gauche en 2013 concernant l’extension du « mariage civil pour tous ».

 

La Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter affirme que la modification du Code civil met fin à l’inégalité de traitement entre couples de même sexe et couples de sexes opposés et qu’elle met l’accent sur le bien de l’enfant. Pour le moment, elle exclut l’ouverture à la gestation pour autrui (GPA) ou au don d’ovocyte. Pourtant, nous ne sommes pas dupes. En 2012, le gouvernement français fit la même promesse ; ils viennent de légaliser au forceps la PMA pour les lesbiennes (à quand la GPA ?), après deux ans de navette parlementaire. Et nul ne peut jamais revenir sur les grandes « avancées » de la gauche. Ne soyons donc pas naïfs et refusons cette révolution, qui supprime le « mariage » aux yeux de la loi pour mieux consacrer des « unions » civiles indépendamment du sexe des « unis ». Ce renversement législatif masque un changement de paradigme civilisationnel dramatique.

 

Faits

Le partenariat enregistré fut accepté en Suisse en 2005 contre la promesse des initiants de ne jamais réclamer l’égalité matrimoniale en vertu des réalités biologiques qui empêchent toute procréation entre individus de même sexe ; ce fut la même chose en France avec la socialiste Élisabeth Guigou, ministre de la Justice, qui promit qu’il n’y aurait jamais mariage après le PACS. En effet, la gauche reconnaissait alors que l’égalité totale des droits dans ce domaine étaient, au mieux, insensée, au pire, prématurée. Les voici qui renient leurs promesses et ne cachent plus leur agenda transhumaniste. Le mariage doit être pour tous ou ne pas être au nom d’un égalitarisme qui, déjà en 1917, fit long feu.

 

Le mariage s’effondre chez les couples hétérosexuels, fragilisé par une évidente perte de sens et de sacralité ; en étendre l’usage aux couples de même sexe lui portera le coup de grâce. Tous ceux qui croient « revaloriser » le mariage en permettant à 5% (estimation large) de plus de la population d’y prétendre (quoique rien n’empêche un mariage de raison, il en existe des milliers en Suisse) s’intéressent davantage aux nombres d’unions qu’à leur pérennité. En France, le PACS fit s’effondrer les mariages, les couples hétérosexuels (ou, pour être plus précis, les concubins d’un moment) préférant la « flexibilité » du premier. Quel parent rêve d’entendre son enfant lui annoncer son PACS au lieu de son mariage ? Toute la sacralité de ce qu’est (ou devrait être) l’amour matrimonial trépasse au profit d’une bureaucratisation légaliste absurde et d’un business hypocrite et purement consumériste autour de noces 2.0 répétables à l’infini.

 

Plusieurs études universitaires tendent empiriquement à montrer que les unions lesbiennes ont une très faible stabilité au Royaume-Uni, en Scandinavie, aux Pays-Bas, aux États-Unis, et en Belgique. Leur taux de divorce est presque systématiquement deux fois plus élevé que celui de leurs homologues masculins[1]. Et Karin Keller-Sutter qui prône la stabilité de l’enfant… Quant aux unions masculines, si elles semblent a priori plus solides, il ne faut pas négliger une réalité sociale indéniable : les sérieux coups de canif au contrat stipulant la fidélité dans le mariage. Il suffit de se connecter aux applications de rencontres entre hommes comme Grindr, PlanetRomeo ou Scruff, par ailleurs gratuites et sans aucune vérification d’âge, pour y découvrir un nombre impressionnant de couples ou d’hommes en couple qui trompent leur partenaire avec ou sans sa permission. Quelle stabilité de l’enfant au sein de couples ouvertement libertins ? Un tel mode de vie chez un couple traditionnel mène immanquablement au divorce, alors pourquoi se marier ?

 

Enfin, question essentielle au cœur du mariage : quid de la filiation ? Il s’agit d’une réalité biologique universelle : un enfant ne peut être procréé que par la fusion d’un gamète mâle et femelle. Deux femmes ne seront jamais pleinement mères d’un même enfant ; quant aux hommes, inutile de rappeler qu’il leur faut passer par la case GPA, en d’autres mots « fabrication d’enfant sur catalogue via mère porteuse et donneuse d’ovocyte » : il s’agit ni plus ni moins que de commander sur Amazon un bébé-objet : c’est le retour de la marchandisation de l’être humain, comme durant les grandes heures de l’esclavagisme antique ou triangulaire. Il semble alors incongru que la gauche, militante de la première heure des droits humains, puissent sombrer dans le mépris absolu de l’enfant au nom d’un « progrès sociétal » qui fait fi de toute l’humanité dont elle se réclame. Remarquons au passage que les pédopsychiatres, qui affirmaient encore au début du XXIe siècle la nécessité de la complémentarité homme-femme pour une construction psychique et identitaire harmonieuse de l’enfant, ont été contraint au silence : l’obscurantisme règne et on se demande bien où est le bien de l’enfant…

 

Démocratie et mariage gay

Quatre nations (catholiques) ont voté par référendum sur le « mariage gay » : Croatie, Slovénie, Slovaquie et Irlande. Seule la dernière, reniant ses racines et sa haute histoire nationale, à la fois identitaire et catholique, a massivement accepté le changement de son Code civil. Le lobbyiste Olivier Guérin écrivait dans un article de 2016 que le référendum n’était pas la forme la plus adaptée pour la législation du mariage gay[2] : en effet, la vox populi n’avait jusqu’alors jamais accepté une telle disruption dans ses lois. M. Guérin déplorait en effet que la parole fût donnée « à une population qui ne se sent pas forcément concernée » et qu’il « vaut mieux éviter les questions qui peuvent éventuellement aggraver les divisions dans une société ». Cinq ans plus tard, les cartes sont rebattues. La question LGBTQIA+ est au cœur des politiques libérales de tout l’Occident, au détriment du bon sens et des arguments moraux, historiques, éthiques, religieux, anthropologiques et biologiques. Les gays étant aujourd’hui plébiscités (instrumentalisés ?) via les réseaux sociaux, les productions cinématographiques et littéraires, les organismes d’État, les think tanks, les lobbys et les personnalités publiques, il est devenu impossible de tenir tête à ce Léviathan sans en subir la morsure assassine. La masse est conditionnée à accepter ce qu’elle refusait autrefois. Je ne ferai aucun parallèle avec un autre conditionnement factuel concernant une certaine inoculation ou le port d’un certain masque…

 

Depuis Mai 68, le conditionnement à la tolérance, devenue synonyme de permissivité, mène au renoncement de ce qui fit l’Europe : son identité gréco-chrétienne. Or, le rejet de sa propre identité fait directement écho à ce qu’implique un mariage homosexuel : la destruction de la filiation et des origines biologiques de l’homme. Il convient d’en être conscient. C’est le nœud même de toute l’affaire.

 

Dieu merci, une certaine part de personnes homophiles ou homosexuelles en sont largement conscientes et le déplorent au même titre que les membres du « cishétéropatriarcat ». En effet, l’homosexualité n’est pas un gage de vote à gauche. En dehors des cercles militants, les homosexuels tendent à se positionner bien plus à droite que ce que la propagande médiatique nous montre quotidiennement avec des Bilal Hassani, Laurent Ruquier, Pomme ou Angèle. Plusieurs journaux ont rédigé des articles pour comprendre le vote à droite, voire très à droite, d’une part toujours croissante de personnes homophiles. Les homosexuels de mon propre cercle social votent ainsi (presque) tous à droite, refusent le mariage, demeurent célibataires ou vivent à l’extrême limite en concubinage. Bien que certains regrettent ne pas être pères, tous affirment ne pas vouloir d’enfants, invoquant d’eux-mêmes leur refus de priver un enfant de sa mère biologique. L’argumentation est la même du côté du seul couple lesbien stable que je connaisse. La réalité biologique, anthropologique et sociale est reconnue, ainsi que l’illustrent les propos des emblématiques Domenico Dolce et Stefano Gabbana : « Vous êtes nés d'un père et d'une mère. Ou, du moins, c'est ainsi que les choses doivent être. » Le sémillant acteur anglais Rupert Everett, lui-même ouvertement gay, ancien prostitué, victime d’homophobie à Hollywood après son coming-out dans les années 1990, a lui aussi violemment condamné en 2012 l’idée d’un mariage gay ; conservateur et « hors milieu », régulièrement épinglé par la bien-pensance LGBT libérale, il avait en effet déclaré : « Je pense qu'il n'existe rien de pire que d'être élevé par deux papas homosexuels. »

Kevin Bonvin, article également paru sur L'Idée, Jeunes UDC Romands, 3.2021

 

[1] https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/lesbian-couples-more-likely-divorced-male-same-sex-marriages-uk-ons-figures-a8006741.html

[2] https://genres.centrelgbtparis.org/2016/11/01/referendums-et-mariage-gay/

5 commentaires

  1. Posté par Abbé Alain René Arbez le

    “A force de tout voir, on finit par tout supporter. A force de tout supporter, on finit par tout tolérer. A force de tout tolérer, on finit par tout approuver…” Saint Augustin (4ème s.)

  2. Posté par Vlan le

    On connaît bien la politique du saucisson, ils avancent petit à petit mais sûrement.

  3. Posté par Noel Cramer le

    N’oublions pas la “punition fiscale” faite aux couples mariés traditionnels lorsque les deux conjoints ont un revenu professionnel. Le cumul des revenus quadruple presque l’imposition au lieu de la doubler. C’est une motivation sérieuse à rester séparés au nom de la loi. Et n’oublions pas non-plus le fait que des couples mariés touchent 25% de moins d’AVS qu’ils ne le feraient s’ils vivaient maritalement séparés !!

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