Alors que certains pays craignent une vague de réfugiés afghans, le Danemark applique depuis des années une politique d’asile prônée par le Parti du peuple danois (parti opposé à l’immigration) et portée par le pouvoir social-démocrate. Quitte à retarder la reprise économique regrettent certains milieux patronaux.
A Copenhague, les réfugiés afghans fuyant le régime des talibans arriveront au compte-goutte. Le royaume scandinave ne fait pas mystère de ses intentions : avoir le moins de réfugiés possible. Ce leitmotiv, le Danemark le clame haut et fort depuis des années et tente de convertir d’autres Etats membres de l’Union européenne. Avec une proposition choc, qui a suscité une énorme polémique : l’envoi des demandeurs d’asile frappant à sa porte vers des pays lointains, hors d’Europe, le temps de traiter leurs dossiers, voire plus longtemps encore. L’idée, qui s’est traduite par une loi symbolisant le durcissement danois sur la question migratoire, n’est pas née dans le cerveau d’un idéologue d’extrême droite, elle émane du Parti social-démocrate qui, comme ailleurs en Scandinavie, est étroitement associé à la construction d’un Etat-providence généreux, censé ne laisser personne au bord du chemin.
Pour ce professeur de l’université de Copenhague, “les sociaux-démocrates se devaient d’agir” s’ils voulaient récupérer d’anciens électeurs attirés par un parti d’extrême droite soucieux de voir le coûteux système social réservé aux seuls habitants “de souche”.
De fait, le Parti du peuple danois, islamophobe et antiréfugiés, a donné le “la” dans la politique migratoire du royaume à partir de 2001. Sans jamais participer à un gouvernement, il a réussi à monnayer son soutien à une coalition libérale-conservatrice – minoritaire au Parlement – en exigeant des tours de vis répétés dans les régimes d’accueil des réfugiés, l’attribution des aides sociales aux étrangers et le regroupement familial. Au fil des années, cette sévérité vis-à-vis des immigrés a déteint sur le reste de la classe politique, à quelques exceptions près au centre et à gauche, avec l’assentiment d’une majorité de l’électorat danois. […]
Pourtant, “il y a une pénurie de travailleurs qualifiés et non-qualifiés“, insiste Jannik Bay, responsable formation et intégration à la Confédération des employeurs danois. Un manque de cerveaux et de bras qui pourrait freiner la reprise économique, au moment où le Covid-19 est considéré “sous contrôle” par les autorités sanitaires du pays. […]
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