Albert Coroz: Ce que l'auteur de l'article ne dit pas, c’est quelle est la part estimée des enfants en parfaite santé qui sont venus au monde grâce aux gynécologues qui ont convaincu leurs patientes de garder leur bébé et qui sont actuellement aimés, acceptés par leur mère ou leurs parents. Les bébés, les enfants heureux d'être en vie, alors qu'ils auraient pu être arrachés du ventre de leur mère pour des raison de commodité personnelle.
Ce que le camp pro-avortement ne dit pas non plus, c'est les regrets irréparables, les crises de conscience et de culpabilité de celles qui ont avorté et de ceux qui ont pratiqué l’intervention chirurgicale. La bienpensance refuse de considérer un autre point de vue.
Cela dit, le taux de natalité est extrêmement bas en Italie depuis des décennies, avec un taux de natalité très élevé des Remplaçants. L'Italie a un des taux de reproduction les plus bas d'Europe, le peuple risque simplement sa disparition. C'est ce problème qui devrait être empoigné, ce que Salvini aurait fait s'il n'avait pas été évincé du pouvoir.
Cette réalité doit être examinée non pas du point de vue marxisto-féministe, mais du point de vue de la survie d'une civilisation qui est le fleuron de l'humanité.
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Quand le droit d’avorter devient un privilège
D’après les données recueillies par Laiga (une association italienne de gynécologues pour l’application de la loi de 1978 légalisant l’IVG), l’Italie compte une moyenne de 70% du personnel soignant qui est «objecteur de conscience», et ce pourcentage augmente à 80% lorsque l’on considère la seule profession des gynécologues.
Dans la culture conservatrice et catholique italienne, l’objection de conscience en 2021 est la norme, malgré le fait que le nombre de catholiques pratiquant·es flotte autour des 10%. Autant dire que dans de nombreuses structures hospitalières, le personnel gynécologique choisit l’objection de conscience bien plus par convenance politique et par facilité que pour des raisons éthiques. De plus, ne pas invoquer l’objection de conscience est perçu par de nombreuses·eux gynécologues comme un risque pour leur propre carrière. Prescrire des pilules et pratiquer des IVG est considéré comme moins intéressant qu’un accouchement ou le traitement de pathologies. Ainsi, sous l’influence des médecins plus âgé·es, les étudiant·es en médecine apprennent très tôt dans leur carrière qu’il est plus avantageux d’être objecteuse·eur.
Le boycott d’un droit. Le résultat, c’est qu’il n’existe plus que 291 structures hospitalières où il est possible d’accéder à une IVG, et ceci à condition de demander le traitement pendant les heures de travail des rares gynécologues non objecteuses·eurs. Dans certaines régions, le pourcentage de médecins qui refusent de garantir le droit aux interruptions de grossesse dépasse le seuil du 80%, comme au Molise où 93,3% des médecins refusent de pratiquer une IVG. De nombreuses régions gouvernées par la droite boycottent ouvertement le droit à l’avortement en plaçant les gynécologues non objecteuses·eurs dans d’autres services qui ne pratiquent pas d’IVG, ou encore en prolongeant les démarches administratives nécessaires afin de dépasser le délai pendant lequel une IVG peut être pratiquée.
Cette situation s’est drastiquement dégradée pendant la crise liée à l’épidémie de Covid-19. De nombreuses structures qui garantissaient l’accès aux IVG ont alors fermé pour faire face à l’urgence, sans être rouvertes depuis. Enfin, certaines structures ne garantissent plus l’accès à l’IVG, car le ou la seul·e gynécologue non objecteuse·eur est parti·e à la retraite.
D’après une estimation effectuée par l’Institut supérieur de la santé en 2012, il y aurait entre 15 000 et 20 000 avortements clandestins effectués annuellement en Italie. Les médecins italien·nes ont une claire responsabilité dans cette situation désastreuse. En refusant de faire correctement leur travail, ils et elles condamnent chaque année des milliers de femmes à recourir à des pratiques dangereuses, antihygiéniques et parfois mortelles. Au vu de tous ces éléments, l’Italie ne peut plus être considérée comme un pays où l’accès à l’avortement est un droit. Les manifestations de la droite «provie» sont de plus en plus importantes, et la loi sur le droit à l’avortement est chaque jour fragilisée davantage.
Paru dans Pages de gauche n° 180, été 2021, pagesdegauche.ch
source: https://lecourrier.ch/2021/07/16/quand-le-droit-davorter-devient-un-privilege/
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