La Fabrique à Benêts

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
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Ce mois de juin finissant, la réforme de l'orthographe à l'école est en marche. Dans un article (payant) dithyrambique, Le Temps expose son enthousiasme à travers son mépris pour ceux qui tentent de s'y opposer.

Il fallait bien que leur consternation s’exprime. Dans une démarche inédite, les libéraux-radicaux de Suisse romande s’unissent pour dire tout le mal qu’ils pensent de «l’orthographe rectifiée» qui devrait faire son entrée dans les écoles de Suisse romande, à la rentrée d’aout (août) 2023, a appris Le Temps. Ainsi en a voulu la Conférence intercantonale de l’Instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP), annonçant début juin cette petite révolution de langage, argüant (arguant) vouloir simplifier le français dans un esprit de cohérence. Elle en profitait aussi pour introduire une «sensibilisation» au langage épicène.

Le PLR genevois n’a gouté (goûté) ni l’art ni la manière. Il a donc pris l’initiative d’une lettre ouverte à la ministre de l’Instruction publique, Anne Emery-Torracinta, demandant de reporter sine die toute mise en œuvre de ce projet et de procéder à une concertation démocratique. Un courrier que les autres sections romandes du parti bourgeois se sont empressées de reprendre. C’est ainsi que six ministres romands ont reçu mardi cette lettre, témoin d’une double exaspération, comme l’explique le président du PLR genevois, Bertrand Reich: «Exaspération de voir l’incursion de l’Etat dans la définition du savoir. L’Etat n’est pas linguiste, sa mission doit donc se borner à transmettre celui-ci, et non à le définir.» Autrement dit, l’Etat devrait se mêler de ses ognons (oignons), puisque même l’Académie française, contrairement aux aprioris (a priori), «observe l’évolution de la langue et ne la décrète pas», note le Genevois. Exaspération, encore, de voir une organisation chargée d’assurer la coordination s’approprier un débat qui engage toute la société sans que le référendum soit possible.

La plume de Laure Lugon laisse transparaître une joie sauvage, mais elle appose tout de même l'orthographe correcte de chaque mot entre parenthèses. L'audace a ses limites! Notre journaliste ne réalise même pas qu'en agissant de la sorte, elle prouve magistralement l'absurdité de ce changement forcé. On notera aussi le mépris affiché face à la démarche du PLR, permettant de mesurer la dérive idéologique du quotidien de référence autrefois bien disposé envers le parti centriste.

Sous l'impulsion des constructivistes de gauche dès qu'ils sont aux manettes, la langue est devenue un champ de bataille. Les fronts sont multiples et vont de la lecture globale à la sexualisation forcée de l'écrit en passant par la simplification de l'orthographe. Tous les motifs sont bons pour détourner l'école publique de sa mission première, accomplie à grand-peine, l'instruction des élèves.

Comme les mouvements de voyous vandalisant les statues d'hommes auxquels ils n'arrivent pas à la cheville, c'est une guerre totale de l'existant. Du passé il faut faire table rase.

Le PLR et à dire vrai tous les gens alphabétisés devraient s'ériger contre ce sabotage d'un savoir commun. Bien des langues ont été emportées dans le flot de l'histoire mais quand on les détruit activement, c'est une trahison. Et un ridicule péché d'orgueil, en passant, des administrations romandes face aux 300 millions de francophones dans le monde. Mais ne leur jetons pas la pierre: elles ne font que reprendre les efforts constructivistes du grand frère français depuis 1990 - dont on a pu voir le peu d'effet depuis trente ans.

Malgré tous les efforts de l'école gérée par l'État, le français n'appartient à aucune administration. Vous ne trouverez pas beaucoup d'articles de presse, de livres publiés ou de pages web écrites avec les mots rectifiés, et si vous en dénichez ils risquent d'attirer davantage les critiques que les louanges. Le grand public n'est pas favorable à ces évolutions forcées. Les francophones se montrent particulièrement pointilleux, lorsqu'ils ont fait l'effort de maîtriser leur langue, envers ceux qui ne la respectent pas.

Le nœud du problème est bien là: en utilisant l'orthographe rectifiée, vous risquez surtout de passer pour un imbécile, et aucune loi ne peut empêcher cela.

L'acharnement des idéologues fera bien sûr des dégâts - en premier lieu, ceux qui n'ont pas le choix. Les parents qui le pourront corrigeront à la maison les dérives de l'école, ou avec des cours privés, mais d'autres n'auront ni le bagage linguistique ni les moyens disponibles pour arranger la situation. Brossés dans le sens du poil par une administration qui s’enorgueillira de la docilité de ces sujets, ces enfants traverseront toute leur scolarité en pensant qu'on leur a appris à écrire. Devenus grands, ils déchanteront lorsque le moment sera venu de chercher un emploi.

Le monde du travail est cruel ; l'épreuve d'orthographe est déjà infranchissable pour bon nombre d'aspirants policiers. Les entreprises privées ne tiennent pas de bêtisier mais vu les conseils donnés aux candidats quelque chose me dit que l'orthographe "simplifiée" n'a pas encore trouvé sa place.

En Suisse, on a compris comment aller dans le sens de l'Histoire. Très bientôt, on n'apprendra plus le français. On apprendra le fransais. Et il y aura des victimes, principalement parmi les populations les plus choyées par nos gauchistes enkystés dans les comités d'instruction publique - les immigrés et les pauvres.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 20 juin 2021

5 commentaires

  1. Posté par Fandor le

    Je me souviens qu’en Algerie du temps de la vie de miel et de jasmin quans un olibrius se permettait de seulement glisser un mot de maltais ou d’espagnol ou d’italien le reste de la classe le traitait de : ” parler TCHAMPORATE” c’etait l’insulte suprème qui le renvoyait aux plus bas bonds de la casbaha

  2. Posté par aldo le

    Après les débilités des années 70, avec les mathématiques dites “modernes” qui ont fusillé des générations de futurs scientifiques, nos bobets politiques ont imposé aujourd’hui les droits de vote et d’éligibilité à d’autres bobets incapables de maîtriser leur langue, exactement comme une nommée Coline dans l’émission rts “les beaux parleurs” dont on se demande de quels pistons elle a bénéficié pour nous imposer une telle dose de conneries.

    Au Tour de France on a eu la preuve que les bobets à pancartes sont bien des idiots utiles, généralement au service des gauches les plus médiocres. Et s’ils n’ont pas de maîtres à penser soviétiques, l’autonomie les rend extrêmement dangereux pour toute la société. https://www.bluewin.ch/fr/sport/insolite/garde-vue-prolong-e-de-la-femme-l-origine-d-une-chute-massive-780482.html

    CE SERA AUSSI TROP TARD, QUAND ON REMARQUERA QUE LE MARIAGE POUR TOUS VA ENCORE NOUS IMPOSER DES BOBETS SUPPLEMENTAIRES, AVEC POUR PARENTS D’HORRIBLES FEMMES OU HOMMES, INCAPABLES DE SE SOCIALISER POUR TROUVER UN PARTENAIRE ET FONDER UNE FAMILLE. L’ENFANT “BONSAÏ” OBLIGATOIRE COMME UN JOUET POUR DEBILES ET PERVERS, VOILA OÙ ILS NOUS MENENT TOUT CES SALOPARDS DES GAUCHES Socialo-écolo+lgbtx-islamo-bolchévo-fascistes !

  3. Posté par Sergio le

    Le CFC (certificat fédéral de capacité) était une sorte de garantie. Un employeur engageait le postulant en connaissance de cause. Aujourd’hui, de tels documents ont perdu toute leur valeur. Avant d’engager un électricien ou une secrétaire, le candidat subit un test. N’en déplaise à toute la lâchosphère.

  4. Posté par Professeur Tournebroche le

    Cette réforme… une con-conspiration des bè-bègues et des be-be-benêtes !!!

  5. Posté par antoine le

    ”Le grand public n’est pas favorable à ces évolutions forcées.”
    Lorsque l’administraaaation dans sa grande splendeur nous oblige à un soi-disant ”progressisme” de gôche, nous devons être extrêmement attentifs aux manipulations sous-jacentes !!
    ”Les francophones se montrent particulièrement pointilleux, lorsqu’ils ont fait l’effort de maîtriser leur langue, envers ceux qui ne la respectent pas.”
    Cette administraaaation ne respecte RIEN et veut annihiler toute les générations précédentes et notre culture ! C’est un genre de rejet, de refus et de déconstruction programmée. Si ce genre de révolution culturelle passe, la gôche sera fière et bombera le torse en disant : ” vous pouvez constater le progrès !” alors que le niveau baisse, baisse inexorablement ! Une catastrophe annoncée !

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